Augmentation du budget de la Présidence :Rien que l’entretien de « La Pointe de Sangomar » va coûter 4 milliards

Le président de la République, Me Abdoulaye Wade, a-t-il déjà rangé aux oubliettes son invite à la participation à l’effort nationale de sortie de crise  ? Cette question mérite d’être posée face à la considérable hausse du budget de la présidence de la République votée hier par l’Assemblée nationale. Le budget de la Présidence va désormais passer de 53,1 à 64,6 milliards, soit une hausse de quelque 11 milliards de F Cfa, 21,6% en valeur relative. Rien que pour le personnel, le Palais va coûter 3,1 milliards, alors que les dépenses de fonctionnement sont chiffrées à 9 milliards. Quant aux dépenses en capital, elles représentent 24,5 milliards au moment où les transferts atteignent 23 milliards, sans compter une allocation de 210 millions de F Cfa au titre des comptes spécieux du Trésor. Enrobé dans le budget de la Présidence, l’avion présidentiel coûte aux contribuables 4 milliards en termes d’entretien. C’est ce qui se dégage des réponses que le ministre d’État, ministre de l’Economie et des Finances a apporté aux députés sur la question relative à l’aéronef de Me Abdoulaye Wade.

64,6 milliards pour faire tourner la présidence

Si les députés ont taillé à la présidence de la République une belle part du gâteau budgétaire, le Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré a par contre vu son budget réduit de manière drastique. Il passe à 22,9 milliards contre 38 milliards pour le précédent exercice. Soit une baisse de 16 milliards de F Cfa. Le budget de l’Assemblée nationale a quant à lui connu une augmentation. Il passe de 9,2 milliards à 11,3 milliards dont 4,1 milliards de dépenses de personnel et 6,1 milliards pour le fonctionnement. Le Sénat, qui vient d’être installé dans un contexte marqué par la crise économique, bénéficie d’un budget de 4,2 milliards. Pour les institutions juridiques, le Conseil constitutionnel se voit attribuer 192 millions, le Conseil d’État 415 millions, la Cour de cassation 956 millions et la Cour des comptes, qui a été gâtée, 2,1 contre 1,7 milliards pour le présent exercice. Il faut dire que malgré la tentative d’opposition des députés Cheikh Bamba Dièye, Imam Mbaye Niang et de Me Nafissatou Touré, la loi de finances est passée, pour ce qui est des institutions publiques, comme lettre à la poste avec une seule voix contre au moment du vote. Il s’agit de celle de Cheikh Bamba Dièye alors que ces deux autres collègues précédemment cités ont préféré quitter l’hémicycle avant le vote.

Le ministre des Finances est en train de chercher de l’argent pour acheter un nouvel avion à Wade

La question de l’achat d’un nouvel avion présidentiel a été soulevée hier à l’Assemblée nationale par le député Imam Mbaye Niang, à l’occasion des discussions en plénière de la loi de finances 2008. Une occasion saisie par le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, pour défendre l’idée et la pertinence de l’achat d’un nouvel aéronef pour Me Abdoulaye Wade.

L’Assemblée nationale est parfaitement d’accord pour l’achat d’un nouvel avion de commandement pour le président de la République en remplacement de « La Pointe de Sangomar ». C’est ce qu’on peut retenir de la réaction de la majorité libérale qui a applaudi à rompre le ministre de l’Economie et des Finances lorsqu’il a argumenté les raisons pour lesquelles, selon lui, il est temps de payer au président Wade un nouvel aéronef. « Il n’est pas normal de faire voyager celui qu’on a élu à bord d’un avion qui, lorsqu’il décolle, l’on n’est pas sûr de le revoir. Il faut lui acheter un appareil », a déclaré Abdoulaye Diop. Il renseigne même avoir essuyé toutes sortes de critiques de la part des Sénégalais de l’extérieur notamment, lorsque « La Pointe de Sangomar » a eu des problèmes en plein vol avec le chef de l’État et des membres du gouvernement à bord. Abdoulaye Diop a donné les raisons profondes qui l’ont poussé à soutenir cette idée d’achat d’un nouvel avion de commandement : les révélations du commandant de bord de « La Pointe de Sangomar » sur les dangers de continuer à voler avec l’avion.

« Je ferais part au président des opportunités que je verrais »

« De retour d’une réparation, le général Madické Seck est venu me voir dans mon bureau pour me dire que les experts en charge de l’entretien lui ont juré que l’avion présidentiel, vieux de 30 ans, ne peut plus voler encore plus de cinq ans », a rapporté Abdoulaye Diop devant les députés. Ce qui a fait dire à ce dernier qu’il compte s’y investir en anticipant dans la mobilisation de moyens en attendant que le chef de l’État lui demande de trouver les ressources nécessaires. « Je cherche l’argent et je ferais part au président des opportunités que je verrais dans le marché, de sorte que s’il me le demande, je m’exécute », a-t-il dit. Précisant que, pour le moment, « l’État n’a pas encore acheté un avion et qu’il n’est pas en train d’en marchander un », le Grand argentier de l’Etat a toutefois indiqué que si une telle opération d’achat devrait être exécutée, « elle ne se fera que dans les limites des possibilités du Sénégal ». Selon Doudou Wade, président du groupe parlementaire libéral, « l’avion présidentiel est une composante de la souveraineté nationale, qu’il convient de garantir ». Dans tous les cas, soutient le ministre de l’Economie, « comme la Pointe de Sangomar, qui a transporté trois présidents du Sénégal, le prochain avion, s’il est acheté, ne sera pas pour Me Wade, mais pour l’État du Sénégal et va certainement être au service de trois autres chef de l’État ».