En moins de 48 heures, Kolda et l’un de ses départements, Vélingara, ont été le théâtre tragique de la mort de trois personnes à la fleur de l’âge et de plusieurs blessés victimes d’exactions qui installent la Police au banc des premiers accusés. Tout se passe comme si ces « crimes » s’inscrivaient dans une logique de désacralisation de la vie humaine. Balla Gaye de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) - que ses parents pleurent toujours - est le premier, depuis l’alternance, sur une liste qui semble ne pas vouloir se clore. Il n’y a aucune référence au contexte qui tienne comme explicative de ces exactions. Rien ne pouvant justifier à mes yeux le rituel de l’usage de balles réelles que l’on décharge sur de pauvres gosses, ainsi que l’opinion publique en informe.
Des voix se sont élevées pour réclamer davantage de formation pour les policiers, mais le problème n’est pas là, à mon avis. Il est dans la prostitution et l’abus des pouvoirs qu’octroient des institutions et leurs outils pourtant édictés par et pour un peuple. La Police nationale paraît en effet infestée par des « calots bleus », ces anciens jeunes désœuvrés ramassés pour la plupart dans le capharnaüm du banc social, et recrutés par le « Sopi » comme bras armés de Wade alors opposant. Au pouvoir, ce dernier a cru bon de renvoyer l’ascenseur en parachutant le gros de la troupe dans la Police et, le comble, en élevant au grade d’officier certains de ces mecs. D’une Police républicaine au sens élevé des responsabilités et de l’esprit citoyen et dont nous sommes absolument fiers, on dérive vers le cloaque où la société relègue ses déviants. Ces derniers sont alors recyclés au travers d’un système répressif qui tend à faire de notre Etat un Etat tortionnaire… Cela dit, il en est de la Police nationale – dont les vrais éléments sont en proie à la frustration - comme il en est de la plupart des institutions de la République rendues bâtardes depuis l’avènement de l’alternance en mars 2000.
Les chefs de Partis actuellement dans l’opposition le disent tous et agissent pour cela : ils veulent sauver la République des dérives « fascisantes ». Ils devraient donc commencer par éduquer leurs membres et leur faire comprendre que la République et ses institutions, c’est sacré. Leur faire comprendre dans le même temps que l’Etat n’est pas une vache à lait que l’on trait à sa guise. Et qu’en conséquence, la seule satisfaction morale d’avoir contribué à la réalisation d’un idéal est, de ce point de vue, le meilleur des services que l’on puisse rendre à cette République-là. La majorité donne l’impression de ne pas la comprendre, les autres doivent s’interdire de ne pas comprendre.
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