L’affaire de l’argent subtilisé de la mallette de Wade a le mérite d’ébruiter la rivalité qui a toujours opposé le colonel Cissokho à Lamine Faye. Mais en réalité, l’aide de camp et le garde du corps du président de la République se sont toujours voués une haine inextinguible. Le ressentiment que l’un nourrit à l’encontre de l’autre est telle que, dans l’entourage du chef de l’Etat, on craint le pire entre les deux hommes. Mais surtout pour la sécurité du président lui-même.
«Ils se détestent cordialement, malgré les apparences. L’un exècre l’autre et l’autre abhorre l’un.» Cette confidence d’un très proche collaborateur du président de la République en dit long sur la nature des relations entre le colonel Cissokho et Lamine Faye. L’aide de camp du président de la République est sous les feux de la rampe, depuis l’éclatement de ce que la presse de «Seguragate». Jeté en pâture à l’opinion par Me Wade, il expie des fautes qu’il n’a peut-être pas commises. Mais, comme pour lui porter l’estocade finale, l’affaire des millions subtilisés de la mallette de Wade lors de son dernier voyage est venue l’accabler davantage. Suffisant pour que ses amis de la «grande muette» et de la Présidence de la République montent au créneau pour dénoncer «un complot ourdi par des esprits malfaisants qui veulent détruire un homme intègre et loyal». Pour les ardents défenseurs du colonel Cissokho, Lamine Faye n’est pas étranger à cette «cabale». Ils en veulent pour preuve, «la haine qu’il lui a toujours vouée et les multiples tentatives de déstabilisation qu’il a menées à son encontre». Toutefois, il faut reconnaître que les thuriféraires de l’aide de camp de Wade en font trop, en présentant ce dernier comme «ange» et en voyant autour de lui des ennemis qui s’évertuent à l’enterrer. Quant au garde du corps du président de la République, sa proximité avec Me Wade n’est pas pour plaire à tout le monde. Des amis à lui pensent également que c’est le colonel Cissokho en personne qui a juré sa perte. Ils affirment qu’il est le cerveau de toutes les manigances tendant à mouiller Lamine Faye dans l’histoire de la mallette d’argent de Wade… Ce duel à mort entre deux proches du président de la République (son aide de camp et son garde du corps personnel) inquiète au plus haut sommet de l’Etat. Nos sources qui craignent le pire en appellent à l’intervention du Maître. Pour arrondir les angles entre ces deux mastodontes qui le côtoient tous les jours et partant, éviter l’irréparable. Il y va de sa sécurité personnelle. Est-ce juste un argument pour pousser le Président à se séparer d’un homme qui empêche de tourner en rond dans le cercle restreint des gardes de corps, anciens « calots bleus » ? En tout état de cause, des sources extérieures au Palais, du reste bien informées, renseignent que toute cette affaire n’a été agitée que pour mieux faire oublier l’affaire Ségura qui dérange le pouvoir. Car, « en mettant l’accent sur une tension au niveau de la garde rapprochée du Président, on efface une affaire autrement plus sensible ». Le Colonel Cissé, en homme averti, a sans doute bien décrypté le message qu’il évite de se prononcer même en off sur cette affaire…
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