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Politique

Commentaire du Jour: Pardon, je ne sais plus ce que je fais

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Commentaire du Jour: Pardon, je ne sais plus ce que je fais

« Irrévocable », avait dit Farba Senghor, ministre des Transports aériens et terrestres, lors d’une conférence de presse à l’occasion de laquelle il se prononçait sur la décision par le gouvernement sénégalais de se retirer de l’Asecna. On ne pouvait, bien entendu, imaginer que cette décision tonitruante et épidermique était du seul fait de Farba. En tout cas, il apparaît très clair que le seul maître décisionnaire au Sénégal, c’est le Président Wade, qui vient d’en administrer encore la preuve, en décidant de maintenir le Sénégal comme membre à part entière de l’Asecna dont le siège se trouve d’ailleurs depuis sa création sur le sol sénégalais. Stratégie gouvernementale ou Cacophonie en haut-lieu ? La première hypothèse est plausible, la deuxième est avérée.

Certes, des situations similaires ont été vécues dans le passé avec le Mali et la République centrafricaine qui avaient fini par réintégrer la maison Asecna (Agence de sécurité de la navigation aérienne), après l’avoir boudée. Seulement, alors que ces deux pays avaient mis des années avant de revenir, la valse à la « vitesse-lumière » du Sénégal apparaît pour le moins douteuse et sans aucune harmonie dans la musique.

Au-delà de ce constat, l’inquiétude que suscite cette cacophonie réside dans la promptitude et l’impulsivité aveugles avec lesquelles le gouvernement prend des décisions. Décisions non concertées mais surtout irréfléchies. Tout le monde sait et le gouvernement en premier, que le Sénégal, du moins pour le moment, n’a pas de moyens suffisants et les infrastructures nécessaires pour gérer seul son espace aérien, comme l’ont d’ailleurs rappelé les travailleurs sénégalais de l’ASECNA.

Or, depuis 1959, l’Asecna qui est notamment chargée du contrôle de la circulation aérienne, du guidage des avions et de la transmission des informations de vol et météorologiques dans un espace aérien de 16 millions de km2, soit 1,5 fois l’Europe, et gère également l’approche et l’atterrissage des avions sur les 28 aéroports communautaires, a une expertise avérée et reconnue dans le domaine.

Aussi, qu’on se le dise ou pas, il y a fort à parier que beaucoup de compagnies aériennes du monde hésiteraient avant de se poser dans des espaces aériens que l’Asecna ne gérerait plus.

Dès lors, que l’on veuille quitter une telle organisation même dans l’optique de générer davantage de retombées financières au plan national, c’est une chose. Mais cela demande réflexion, méthode et donc préparation. Ce qui semble faire cruellement défaut aux autorités sénégalaises, actuellement. Cela se vérifie encore, dans d’autres registres comme celui de la fameuse « ponction sur les salaires de tous les fonctionnaires », ou encore celui plus spécifique de la gestion de la cité. Tiens, ça rappelle la définition de la Politique.

Tout le monde sait et depuis longtemps également, que la ville de Dakar est une poudrière. On y voit tout, y fait tout. Une véritable capitale de l’Anarchie qui repose sur une bombe en puissance.

Aussi, toute volonté visant à assainir cette ville est à saluer, énergiquement. Le gouvernement, sur instructions énergiques du Président de la République, vient, il y a deux jours, d’entamer une campagne musclée de désencombrement de la capitale sénégalaise. Diversement appréciée par les populations, cette campagne qui a rencontré dans la journée d’hier son premier gros obstacle à travers des images qui rappellent à s’y méprendre les émeutes passées de la banlieue parisienne, connaît déjà son épilogue, avec la décision du gouvernement… de revenir justement sur sa décision et de remettre sur les trottoirs les « marchands ambulants » qu’il venait de déguerpir.

Alors question : Un Etat qui va aussi vite à Canossa peut-il gérer efficacement la cité ?

L’erreur n’est d’ailleurs pas tant d’aller ou pas à Canossa, mais de ne pas avoir pris les dispositions pour ne pas avoir à y aller. C’était là tout le sens de ce que nous suggérions (Edition Sud quotidien du vendredi 16 novembre 2007) en titrant « Le piège du désencombrement ». Notre collègue Mame Aly Konté, en parlant des mesures de désencombrement prises par le gouvernement, soulignait et à juste titre que si ces efforts sont louables : « il faut regretter qu’ils ne soient inscrits dans aucun agenda clair et dans un effort de planification qui pourraient l’un ou l’autre, satisfaire tout le monde. »

La pertinence de son analyse est d’autant plus avérée qu’il ajoutait que : « pour lutter contre un tel phénomène (l’encombrement humain) qui n’est plus seulement, le produit de l’exode rural, il faut d’autres types d’actions moins énergiques, mais plus intelligentes, très loin des discours de circonstance et des slogans. Et cela, une seule tête ne peut donner la réponse. »

Sous ce rapport, il apparaît dangereux pour un Etat de ruer seul dans les brancards, parce qu’un Etat qui revire aussi promptement, est un Etat faible.



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