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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Contribution: Assurer la «sérénité phase2» : Le défi de Wade2

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Contribution: Assurer la «sérénité phase2» : Le défi de Wade2
 La continuité de la pensée et de l’oeuvre de Wade ne peut être mieux assurée que par ceux qui ont le plus contribué avec courage, avec détermination, avec fidélité à l’incarnation de sa vision dans des projets concrets. Il est évident que certaines personnes dans l’entourage de Wade ont imprimé leurs marques dans la matérialisation de sa vision. Ces personnes ont prouvé qu’elles épousent la vision de Wade. Ces personnes ont alors aujourd’hui et demain la responsabilité d’en assurer la survie. Ces individus ne seront pas les acteurs d’une «déwadisation », si jamais ils avaient à diriger le pays.

Khadiyatoulah Fall*,
Université du Québec à Chicoutimi
La pensée politique et économique de Wade aurait plus de chance de survivre si elle est portée par ces acteurs.
Ceux qui croient en la vision de Wade, ceux qui pensent que le libéralisme social de Wade est porteur d’un avenir meilleur pour les Sénégalais, ceux qui sont convaincus que cette vision peut permettre la croissance économique, la production de la richesse mais également son partage, ceux qui croient que le libéralisme social de Wade doit encore inspirer, ceux là doivent s’engager ensemble à ouvrir l’avenir à cette vision.
Si le souci de Wade est de favoriser les conditions qui puissent permettre la pérennité de sa pensée et de son œuvre, Wade doit asseoir l’ambiance qui appuie la complicité entre les acteurs importants et jusqu’ici essentiels de la mise en acte de sa pensée. Le défi de Wade, pour assurer «une sérénité phase2», est de trouver les mots et le cadre de collaboration efficaces pour rassembler ces individus autour du désir commun d’avenir de sa vision. Wade, plus que toute autre personne, connaît les points forts des uns et des autres pour bien identifier ce que chacun peut faire pour porter et enrichir l’héritage. Depuis 2000, Wade n’a été jamais aussi fort, aussi libéré que ce lendemain du 25 février 2007. Cette force, qu’il ne doit qu’à son travail et à sa ténacité, est son alliée pour aujourd’hui choisir, appuyer le mérite et libérer l’innovation.
Wade perd dans son ambition toute légitime d’amener sa pensée à marquer le devenir du Sénégal si les cinq prochaines années sont traversées de tensions entre les acteurs essentiels du pragmatisme wadien. Wade perd dans son ambition de laisser une pensée qui influence l’après Wade, et perdent aussi ceux qui ont porté avec efficacité jusqu’ici la vision de Wade, si les médias continuent à trouver matière à nourrir les rumeurs (une rumeur qui persiste se nourrit toujours de quelques indices puisés dans le réel) d’une guerre féroce, peut être prématurée, de succession. Ces porteurs de la vision de Wade, à agir ensemble, renvoient l’ascenseur à Wade lorsqu’ils collaborent à réunir les conditions qui puissent fructifier l’héritage wadien.
« La sérénité phase2 » du règne de Wade demande d’installer les conditions propices à une complicité, à une collaboration franche entre les acteurs qui peuvent porter la vision de Wade et la pousser encore plus loin. La pousser plus loin, y ajouter de nouvelles dimensions, la dynamiser , c’est cela que renferme d’ailleurs le sémantisme du slogan « dolli niou » des artistes Pape et Cheikh. «Dolli niou» renvoie, bien sûr, à la poursuite, à la non interruption d’un processus comme «continuer». Mais «dolli niou» dit cependant plus. Je traduirais cette expression par «rajouter» qui porte davantage l’idée de faire plus , de donner plus , d’accroître, d’améliorer , ce que «continuer» ne dit pas nécessairement. En effet, la continuité peut consister en une suite dans le même. La continuité ne porte pas nécessairement l’idée du dépassement, l’idée de l’innovation. Le succès du slogan de Pape et Cheikh ne réside pas exclusivement dans le plaisir du rythme entraînant qui l’accompagne. Il résulte de la rencontre d’un énoncé avec la sensibilité et les attentes des Sénégalais qui demandent à Wade d’en rajouter, d’accroître, de faire plus et mieux. C’est donc une demande de dépassement. C’est d’ailleurs cette complicité entre le slogan et la sensibilité des Sénégalais qui motive le recul du slogan «mo ko yor» dans le marché discursif Sénégalais. De plus, le «mo ko yor» se boucle sur l’un alors que le «dolli niou» construit l’altérité , la rencontre avec l’autre. Celui qui, aujourd’hui, prête l’oreille à la parole qui s’énonce dans les marges
(la parole populaire) et non pas à la parole qui nourrit les constructions médiatiques, celui là se rend compte que, malgré plusieurs critiques, l’idée d’un progrès possible commence à faire partie des mythes fondateurs d’un nouveau Sénégal. La parole des marges, que l’on croit naïve, mal informée, je l’entends souvent énoncer «Pa bi bu pare, deukk bi change». Le Sénégal de Wade n’est plus le Sénégal du passif semble dire la parole populaire.
«La sérénité phase1» nomme la complicité revenue au sommet de l’Etat et à la reprise en mains du PDS par Wade avec l’arrivée de Macky Sall à la primature en 2004.
Ces acteurs essentiels de la concrétisation de la vision de Wade ont révélé quelques qualités pour prétendre sérieusement, mais dans le respect de la légalité républicaine, être des acteurs majeurs de l’après Wade. Ceux qui ont le plus réussi à porter la vision de Wade ont également intérêt à penser ensemble à la manière de gouverner ensemble, si la direction du pays après Wade fait partie de leurs préoccupations. Qui serait le leader? Celui que l’intelligence collective de ces acteurs, à vouloir tout d’abord perpétuer et renforcer la vision et le projet politique et économique de Wade, aura identifié, dans le consensus, comme le mieux placé et le mieux à même de favoriser l’enrichissement et l’épanouissement de cette vision. Donc, une disponibilité à poursuivre mais aussi «une capacité à repenser continuellement les enjeux de la vision». Penser ainsi est une attitude de hauteur politique, une attitude de fidélité et de générosité politiques qui situent l’avenir de la vision au dessus des seuls intérêts personnels ou des intérêts de positionnement de collaborateurs. Porter momentanément «le voile de l’oubli» des intérêts personnels pour chercher à rencontrer ce qui construit une équipe et la mémoire d’une vision afin d’éviter que ce qui vient d’être victoire n’ait pas de destin. L’enjeu n’est pas d’abolir des ambitions mais plutôt de les raisonner et de ne pas les rendre sans lendemain. En agissant autrement, ceux là qui, jusqu’ici, ont matérialisé la pensée de Wade seraient entrain de brûler ce qu’ils disent admirer et surtout en train de transformer Wade en homme -sandwich, ce qui n’est pas une position confortable.
Je conclus en indiquant mon opposition à l’endroit de ceux qui pensent qu’il y a une indécence aujourd’hui à parler de l’après-wade. L’indécence serait plutôt de ne pas savoir comment en parler. Il y a une manière d’en parler qui est tout à l’avantage de Wade : comment assurer la survie d’une pensée, que doivent faire, comment doivent penser ceux qui croient en la vision de Wade afin que cette vision s’inscrive dans les paradigmes qui permettent de réfléchir sur les mutations à venir au Sénégal? Qu’est ce qui dans la pensée de Wade permettrait d’aller plus loin? Comment la pensée de Wade répond à un projet de société et à une société de projets pour demain?
Le malaise vient du fait que l’on a trop souvent tendance à renfermer le débat de l’après-wade dans le champ exclusivement politique et de porter l’intérêt sur des personnes et non sur des enjeux de société. Mais l’après-wade est aussi et surtout un projet de société, un projet économique et démocratique, un projet intellectuel. Parler à partir de cette seconde perspective privilégie le débat d’idées et de projets qui permettent de dessiner les profils des leaders du futur de la vision. Quelques idées fortes, inspirantes, crédibles qui puissent fonder des mythes qui rassemblent, qui réenchantent et qui font croire que la réussite économique et sociale est possible. Partir des idées et des projets pour arriver aux personnes. C’est là toute une autre manière de concevoir les destins politiques.

* Le professeur Fall vient de créer «l’Association Forces Avenir Sénégal» qui vise à regrouper des Sénégalais du Sénégal et de la diaspora qui mènent une réflexion sur le Sénégal de demain et sur le leadership du Sénégal de l’avenir.


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