EN PERSPECTIVE - Gorgui dogalinu*

Mercredi dernier, Abdoulaye Wade lançait ses “19 commandements“, pardon, ses « 19 mesures », pour, dit-il, alléger les souffrances des Sénégalais confrontés à des hausses généralisées des denrées de première nécessité. Pain, gaz, huile, lait, riz, sucre, sans compter les factures salées d’électricité, en dépit des délestages prolongés. Pouvait-il en être autrement pour la Senelec, une société des « ténèbres » qui éprouve le malin plaisir de plonger le pays dans noir ?

Et hier, c’est encore le président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui monte au créneau pour, cette fois-ci, décider de grignoter sur les salaires des fonctionnaires qui pourtant ne représentent même pas 100.000 personnes sur une population de plus de 11 millions d’habitants. Qu’est-ce qu’il va alors chercher dans les poches trouées des « gorgorlus » qui ont, chacun, des dizaines de bouches à nourrir. Des fonctionnaires qui hument à la fin de chaque mois le sal-air qui les confine dans la routine de la recherche effrénée de la dépense quotidienne. Wade a ainsi décidé de les « achever », pour peut-être leur éviter l’agonie prolongée. Euthanasie, quand tu nous tiens ! En effet, ces deux décisions, en l’espace de 48 heures, témoignent du pilotage à vue et de la cacophonie qui règnent au sommet de l’Etat du Sénégal.

Saupoudrage, effets d’annonce ? Le Sénégal ne mérite pas ça. D’aucuns disent que ce peuple n’a que ce qu’il mérite. Nous pensons le contraire. Les Sénégalais qui ont bouté dehors le régime socialiste le 19 mars 2000 ne mérite pas de vivre un aussi grave calvaire. Les pères de famille sont contraints de démissionner. Ils n’assurent plus qu’un seul repas par jour. Juste le déjeuner. Les enfants sont appelés alors à se débrouiller pour le petit-déjeuner et le dîner. Des enfants laissés à eux-mêmes et l’on en mesure facilement les conséquences.

La recrudescence des candidats à l’émigration clandestine, malgré le nombre de morts, atteste de la situation de détresse à laquelle est confrontée la jeunesse sénégalaise.

Pendant ce temps, ses dirigeants, sans gêne, roulent dans de rutilantes Mercedes, des 4X4, des 8X8, 16X16, des Hummers, des Hoover, Touareg etc, tout ceci aux frais de l’Etat, disons du contribuable. Non, M. le président, il est trop facile d’incriminer des pays producteurs de pétrole pour expliquer les hausses des prix.

Que dites-vous du train de vie dispendieux de l’Etat ?

Plus de 40 ministres, sans compter les ministres-conseillers dans un pays comme le Sénégal qui n’a ni pétrole, ni or, ni diamant. Combien de conseillers vous payez, à coût de millions, à ne rien faire ? Est-ce décent pendant ce temps d’acheter un avion à coût de milliards ?

Pourquoi avez-vous augmenté le nombre de députés (il est passé de 120 à 150 députés) ? si ce n’est pour caser une clientèle politique. Pourquoi avez-vous rétabli le Sénat ? Quid du Conseil économique et social ? Ce ne sont là que des gouffres à sous. D’ailleurs quand l’Assemblée nationale a voulu faire son travail le plus naturellement du monde en décidant d’auditionner l’Anoci, qu’en est-il advenu ?

M. le président, faites le dégraissage ailleurs. Et sachez qu’à la place de “Gorgui dolli nu“, le peuple crie après chaque hausse des prix “Gorgui dogalinu“.

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