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Politique

ENTRETIEN AVEC… Abdoulaye WILANE, chargé de communication au Parti socialiste : «J’appelle à une sorte de révolution Orange à la sénégalaise»

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ENTRETIEN AVEC… Abdoulaye WILANE, chargé de communication au Parti socialiste : «J’appelle à une sorte de révolution Orange à la sénégalaise»

Abdoulaye Wilane appuie sur l’accélérateur et veut activer le peuple pour qu’il se débarrasse de ce qu’il appelle «la monarchie» de Me Wade. Il revient ici sur le boycott actif du Front Siggil Sénégal avec toute sa verve et prône «une révolution Orange à la sénégalaise».

Où en êtes-vous avec votre programme de boycott actif ?

Le front Siggil Sénégal est en train de dérouler son plan d’actions, après l’installation de ce qu’on appelle le Directoire de coordination de la campagne du boycott qui a eu lieu au siège du parti Rewmi. Nous avons défini l’acte I du Plan d’actions qui consistait à aller à la rencontre des citoyens sénégalais et, au-delà, de nos militants pour leur expliquer le sens et la signification du boycott actif des élections législatives.

Il y a une signification politique qu’il faut donner à ce boycott. C’est un acte politique majeur. Aujourd’hui, en ayant fait preuve de loyauté républicaine et de patience citoyenne, nous nous sommes rendus compte que ce que l’on appelle la démocratie dans ce pays, le Sénégal, n’est que de façade, parce que nous avons en face de nous un pouvoir qui manque de loyauté et d’ambitions pour ce pays. Le régime dit de l’alternance a procédé par des actes de nature à démanteler les acquis démocratiques. En vérité, nous avons affaire à un régime destructeur ; en ce sens que tout a été remis en cause : les valeurs, les principes et les institutions.

Donc, nous ne pouvons plus continuer à faire confiance à ces institutions que sont l’Assemblée nationale, le ministère de l’Intérieur, etc. Nous avons dit donc : «Nous boycottons les élections !»

N’avez-vous pas l’impression d’être quand même en retard par rapport à vos adversaires, puisque vous avez attendu le démarrage de la campagne pour mettre en place votre stratégie de communication, et de parler de votre nouveau plan d’actions ?

Non, ce que nos leaders sont en train de faire est à comprendre. Il faut reconnaître d’abord que nous travaillons sous le feu de l’urgence. Le temps est contre nous. Dans un premier temps, nous avions dit que nous boycotterions, si Abdoulaye Wade ne nous recevait pas, s’il ne discutait pas avec nous sur ces questions qui permettraient de remettre en marche le système démocratique, d’améliorer le processus électoral. Dans ce cadre, des organisations respectables appartenant à la société civile se sont approchées de nous pour nous dire : «Permettez nous de faire la médiation.» Nous avons marqué un temps d’arrêt. Nous leur avons donné l’occasion de prouver leur bonne foi et de se rendre compte que le régime n’était pas en phase avec ce qu’elles pensaient en matière de volonté politique de dialoguer.

Est-ce que l’opposition ne s’est pas mise en position de faiblesse avec ses demandes répétitives d’audience avec le chef de l’Etat, comme pour quémander à la limite…

(Il interrompt) C’est une compréhension trop étroite de ce que nous faisons. Il y a de la pédagogie dans ce que nous faisons. Même si Abdoulaye Wade était issu d’un coup d’Etat ou d’un soulèvement qui renverse un régime, à partir du moment où, officiellement, il est celui qui parle et agit au nom de la République, toute la classe politique a le devoir de lui parler. De part et d’autre, il faut se respecter et s’accepter.

Mais qu’est-ce que l’opposition veut exactement ?

Tant que les élections se font sur la base de ce fichier électoral, avec les réalités que nous connaissons, l’opposition ne va pas cautionner la transformation du Sénégal en une monarchie dite républicaine. Et nous avons dit : «Nous boycottons les législatives.» Nous allons amener Abdoulaye Wade à comprendre que le rapport de forces nous est favorable. Que le peuple sénégalais adhère plus à notre vision des choses qu’à la sienne. A partir de ce rapport de forces, nous l’amènerons à discuter avec nous, sinon le pays sera ingouvernable. Et si on discute, le premier objectif sera d’avoir un fichier électoral, un processus électoral irréprochable, pour aller à des élections sincères, transparentes et démocratiques. < Jusqu’où irez-vous si le président Wade continue à vous ignorer ainsi ?

(Ferme) Nous irons jusqu’au bout. Et il (le Président Wade : ndlr) en récoltera les fruits. Il aura la grandeur d’en tirer les enseignements les meilleurs et les conséquences les plus appropriées. Même en démocratie normale, la majorité doit respecter scrupuleusement la minorité.

Donc, nous avons décidé de boycotter ; nous avons des éléments de notre stratégie que nous n’étalerons pas pour le moment sur la place publique. Qu’Abdoulaye Wade sache qu’il ne gouvernera pas de tout repos ! Aujourd’hui que nous avons fait le tour du Sénégal pour expliquer le sens du boycott, revenus avec le feedback, nous pouvons structurer en fonction de cela la démarche à adopter. Nous avons été au contact du pays avec lequel nous avons échangé.

Je pense que les partis qui ont décidé d’aller aux élections n’ont pas bien réfléchi. J’ai beaucoup de respect pour ces leaders et leurs militants, mais ils ne se rendent pas compte que, nous, opposition Siggil Sénégal, les propositions que nous avons pour ce boycott englobent toutes les ambitions qu’ils ont, toutes leurs préoccupations. Ils ne savent pas que si le boycott réussit, nous donnerons au Sénégal une deuxième indépendance. Mais, vous constatez qu’il n’y a pas de campagne électorale proprement dite. La majorité en rigole d’ailleurs, en disant qu’ils ont des listes de contribution, qu’ils n’ont pas d’adversaires. Participer à cette mascarade électorale, c’est cautionner le plan de confiscation du pouvoir, de transformation du Sénégal en une monarchie (...)

Dites-nous concrètement ce que l’opposition compte faire lors de ces élections …

Nous invitons le peuple sénégalais à s’allier à nous pour libérer le Sénégal.

Mais qu’est-ce que vous allez faire pour ça ?

Je vous ai dit tout à l’heure que je n’ai pas l’ambition de prêter le flanc de manière à travailler pour Wade. Vous savez, nous avons été au pouvoir, et nous savons que même dans les imprimeries, dans les grandes places et foyers religieux, le régime a des oreilles, des yeux et des pieds. Que Wade sache qu’il ne faut pas qu’il compte sur nous pour lui faciliter la tâche ! Que les Sénégalais sachent qu’il y a des partis faire-valoir qu’Abdoulaye Wade a recrutés pour lui permettre de légitimer son vol et qui ont été soudoyés pour qu’ils déposent leur caution. D’ailleurs, il y a un parti qui se dit Psa (ndlr : il s’agit du Parti socialiste authentique créé par un ancien responsable socialiste, Souty Touré) ; il a raison de se nommer Psa, parce que c’est un Parti subitement actionné, pour troubler le paysage politique et jouer à l’intoxication.

Vous parlez du Parti socialiste authentique (Psa)

Je parle de ce parti dit socialiste authentique qui n’est rien d’autre qu’un Parti subitement actionné à… Ces gens qui sont très vite tombés du Capitole à la Roche carpienne.

Si les activités que vous envisagez de mener ne sortent pas du cadre de la légalité, pourquoi refusez-vous de les rendre public ?

Une stratégie n’est stratégie que quand elle est tenue à l’insu. Depuis qu’on est dans la politique, on ne nous a jamais vu faire des actions du genre meurtre de Babacar Sèye, loi Ezzan. Nous ne sommes pas des tueurs. Tout ce qu’il y a dans ce pays, c’est nous qui l’avons conçu ; donc, nous n’allons détruire ce pays. Nous, nous savons que Abdoulaye Wade n’est pas l’avenir de ce pays ; c’est nous qui incarnons cet avenir. Nous n’allons pas donc nous compliquer la tâche. Mais, nous allons de manière intelligente et civilisée mobiliser les Sénégalais pour prendre le pouvoir sans effusion de sang. J’en appelle à une sorte de révolution orange à la sénégalaise.

Madior Diouf du Front Siggil Sénégal, parlant de la détermination de l’opposition a déclaré dans nos colonnes que Wade ne détient pas le monopole de la violence…

Abdoulaye Wade et ses souteneurs n’ont qu’à se le tenir pour dit : nous n’excluons rien et nous sommes prêts à aller jusqu’au bout avec le peuple Sénégalais. Il y a un travail de conditionnement qui est en train d’être fait et lorsque le peuple se soulèvera, parce que le peuple ne va plus faire confiance au débat politique tel que cela se déroule dans les Assemblées tripatouillées, il nous suivra. Le peuple doit comprendre que l’histoire nous interpelle, le monde nous regarde. (…) Je demande aux jeunes principalement : «Est-ce que nous avons le droit de laisser Abdoulaye Wade et ses collaborateurs qui n’ont aucun principe, aucun sens de l’honneur transformer ce pays en une monarchie, de manière à ce que demain le pouvoir, comme l’avait annoncé Me Wade, échoie à son fils ou à son descendant ? C’est la raison pour laquelle, comme nous y invite l’Hymne national, je leur dis : «Sénégalais debout.» Libérons ce pays et mettons-le sur une orbite démocratique et républicaine, laïque et progressiste.

Etes-vous au courant d’un gouvernement d’union nationale ?

(Hatif) C’est de l’intoxication destinée à saper la cohésion au sein de l’opposition et ensuite pour déstabiliser un peu les bases de notre coalition. Nous n’avons ni nuitamment, ni à l’aurore, ni au crépuscule, discuté avec Abdoulaye Wade ou de ses militants. Nous les avons en face, nous savons qu’ils incarnent le monstre, le danger, l’aberration et la déstructuration du pays. Nous voulons simplement les empaqueter et les envoyer à la retraite et après, régler leur compte un à un.

N’empêche que le Front enregistre beaucoup de départs au profil de la majorité.

Je tiens de quelques personnes qui ont été abordées par Abdoulaye Wade qui me disent : «Ecoutez, comme nous savons qu’ils ont volé l’argent et que pour un oui simplement ils vous en donnent, alors nous empochons.» Et certains d’entre eux aideront Siggil Sénégal à faire sa campagne et d’autres aideront leurs partis à faire face à leurs dépenses. Mais enfin, pour revenir à l’élection qu’ils veulent organiser, pendant sept ans, les députés n’ont jamais plaidé la cause des localités d’où ils sont issus.



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