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Politique

Entretien avec… … Daniel Saada, directeur du Département Afrique du Centre et de l’Ouest, au ministère des Affaires étrangères d’Israël : «La communauté libanaise ne doit pas dicter la politique étrangère du Sénégal»

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Entretien avec… … Daniel Saada, directeur du Département Afrique du Centre et de l’Ouest, au ministère des Affaires étrangères d’Israël : «La communauté libanaise ne doit pas dicter la politique étrangère du Sénégal»

Entretien avec… … Daniel Saada, directeur du Département Afrique du Centre et de l’Ouest, au ministère des Affaires étrangères d’Israël : «La communauté libanaise ne doit pas dicter la politique étrangère du Sénégal»

Lors de la marche organisée à Dakar par la communauté libanaise établie au Sénégal, en compagnie de certaines franges de la société civile et de la classe politique, des voix ont appelé à la rupture des relations diplomatiques entre le Sénégal et Israël. Un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères d’israël, joint au téléphone, a tenu à réagir sur ces déclarations, et à donner le point de vue de son pays dans le conflit actuel au Proche orient.

Depuis une dizaine de jours, l’Armée israélienne est en Palestine et au Liban. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en est de la situation sur le terrain ? De notre point de vue, ce qui se passe depuis maintenant une dizaine de jours, n’est que la réponse à l’agression qui a été lancée contre le territoire israélien, à partir du territoire libanais. Nous avons conscience qu’il y a ici, deux populations qui sont prises en otage. D’un côté, la population israélienne qui se trouve dans ces localités du Nord. C’est à peu près un million d’Israëliens qui vivent maintenant dans des conditions insupportables. Et puis la population du Sud-Liban, qui est elle aussi, prise en otage par le mouvement Hezbollah. Parce que ce mouvement Hezbollah sait très bien qu’en provoquant notre pays comme ils le font, ils ne peuvent pas ne pas s’attendre à une riposte de notre part, et que cette riposte ne pourra pas ne pas toucher également la population civile. Vous savez que le Hezbollah utilise la population civile du Sud-Liban comme bouclier humain. Ce qui fait que dans l’exercice de notre droit à la légitime défense, nous sommes appelés également, malheureusement, à porter atteinte à l’intégrité du territoire libanais et à celle de la population libanaise, ce que nous ne voulons pas, parce que ce n’est pas une cible pour nous.

Le week-end dernier, il y a eu une forte mobilisation de la communauté libanaise et des Sénégalais qui ont marché. Certains des marcheurs ont appelé à la rupture des relations diplomatiques avec Israël. Par ailleurs, des députés sénégalais ont appelé leurs homologues de la Knesset à plus de souplesse dans ce conflit… Je crois que nous devons renforcer le dialogue entre nos deux pays. Je crois que la rupture des relations diplomatiques serait une très grave erreur pour le Sénégal. Il n’y a aucune raison qui puisse justifier cette rupture. Le Sénégal n’est pas partie au conflit, il doit s’engager aux côtés de ceux qui sont agressés, des victimes. Si le Sénégal décidait de rompre ses relations diplomatiques avec Israël, ce serait, je crois, le gage offert aux adversaires d’Israël, aux organisations terroristes et à ceux qui ne veulent pas la paix et la réconciliation au Proche orient. Mais je sais que le Sénégal est engagé aux côtés de ceux qui veulent la paix, de ceux qui veulent la réconciliation entre les fils d’Abraham, de ceux qui veulent, depuis des années, essayer de trouver une solution pacifique au conflit israélo-palestinien. Et de ce fait, je crois vraiment qu’une rupture de relations diplomatiques serait une erreur. Et je reste convaincu qu’il ne s’agit là que de voix extérieures au Sénégal. A ma connaissance, il ne s’agit pas là de voix officielles du Sénégal, qui s’expriment ainsi à Dakar. Je crois que le Sénégal a tout à gagner à rester engagé aux côtés d’Israël, pour faire entendre sa voix. Une voix de modération, une voix de raison, et qui pourrait nous aider à ramener le calme au Proche orient.

Vous pouvez sans doute aussi comprendre qu’il y a beaucoup de Sénégalais d’origine libanaise, qui ont beaucoup de parents qui sont coincés dans ce conflit. Ils sont assez inquiets de ce qui leur arrive. On dit même qu’il y aurait plus de 250 Sénégalais d’origine libanaise qui cherchent à sortir du Liban et ne savent par où passer. Je comprends tout à fait qu’il puisse y avoir une sensibilité particulière, liée à la présence d’une forte communauté libanaise au Sénégal. Mais une fois de plus, je crois que cette communauté ne doit pas dicter au Sénégal sa diplomatie extérieure.

Au regard des cibles civiles atteintes, on se demande quel danger pousse Israël à viser des ponts ou des hôpitaux. Ceux qui parlent de «riposte disproportionnée», n’ont-ils pas raison quelque part ? D’un point de vue général, la notion de proportion est extrêmement difficile à évaluer. Quelle est la proportion à la violation d’une frontière ? Quelle est la proportion au tir de centaines de missiles sur nos agglomérations ? Est-ce que la proportion voudrait établir que nous devrions, à notre tour, tirer aveuglement des missiles sur des populations et des localités du Sud-Liban ? Cela sera-t-il une proportion ? Non. La notion de proportionnalité dans la riposte est très difficile à évaluer. Lorsqu’un kamikaze palestinien se fait exploser avec une ceinture d’une cinquantaine de kilos d’explosifs dans un autobus ou dans un restaurant en Israël, la proportion voudrait-elle dire que nous devons à notre tour, envoyer un kamikaze qui va aller se faire exploser dans un bus ou un restaurant palestinien ? Ce que nous faisons au Liban, c’est d’essayer de combattre ce mouvement Hezbollah, qui est un mouvement terroriste reconnu comme tel, par l’ensemble de la Communauté internationale. Je rappelle qu’il est sur la liste des organisations terroristes établie par l’Organisation des Nations-Unies, par le Département d’Etat américain. C’est un mouvement radical islamiste qui a dans sa charte, de manière claire, comme objectif, la destruction de l’Etat d’Israël.

C’est un mouvement qui a, sous son étendard, celui de l’Islam radical et fondamentaliste, la volonté de défendre les intérêts de l’Iran et de la Syrie, contre l’Etat d’Israël et contre les intérêts du Liban. Nous devons tenter de réagir, pour le démanteler, ainsi que ses infrastructures de la terreur. Comment le faisons-nous ? Il y a l’acheminement terrestre de ses moyens de destructions que sont les missiles qu’il détient. Pour empêcher cet acheminement, nous coupons les voies d’acheminement c’est la raison pour laquelle un certain nombre d’infrastructures ont été touchées. Il ne s’agit pas de la volonté gratuite de notre pays d’aller détruire un pont au Sud-Liban. Lorsque nous détruisons une infrastructure au sein de l’aéroport international de Beyrouth, c’est parce que nous avons les preuves que des avions en provenance d’Iran ont atterri sur cet aéroport pour approvisionner le mouvement Hezbollah en armement pour être utilisé contre nous.

Les chiffres officiels du Liban parlent de 362 morts et plus de 1 500 blessés au Liban. En plus, Israël vient de réoccuper une partie du territoire libanais. Peut-on croire qu’Israël a pour volonté de réoccuper le Liban qu’il a quitté il y a quelques années, ou au contraire, a pour objectif d’opérer une épuration ethnique du Sud du Liban ? Nous n’avons aucune prétention territoriale au Liban. En mai 2000, Israël s’est retiré du Liban. Nous n’avions occupé ce pays que parce qu’il avait été utilisé contre nous. Dans les années 1970 et 1980, c’était le Fatah qui s’était installé au Liban pour lutter contre Israël. Lorsque cette situation a été résolue, nous avons quitté le Liban. Et à nouveau aujourd’hui, c’est le Hezbollah qui s’est installé au Liban pour lutter contre Israël, alors que, je le répète, nous n’avons aucune prétention territoriale contre ce pays. Il n’existe aucun contentieux entre le Liban et Israël. La résolution 1 559, votée par le Conseil de sécurité des Nations-Unies, établit précisément la responsabilité du Hezbollah dans la violation de la frontière nord d’Israël, et demande au gouvernement libanais d’établir sa souveraineté sur ce territoire et de détruire toutes les milices, dont, notamment, le Hezbollah, et de déployer son armée régulière le long de cette frontière. Cette résolution est restée lettre morte. Le Liban n’a jamais pu répondre à cette demande de la Communauté internationale. Je pose la question à mon tour : qu’est-ce que nous devons faire ? Cette frontière est régulièrement violée. Nous sommes régulièrement agressés depuis le Liban.

Devons-nous laisser nos populations du nord du pays, croupir dans des abris souterrains, sous les feux de ces centaines de missiles tirés chaque jour contre notre population, ou devons-nous réagir ? La charte des Nations-Unies prévoit la légitime défense lorsque l’on utilise un territoire pour agresser un autre pays. C’est exactement ce que nous faisons. La question n’est pas de calculer les morts de chaque côté, la question n’est pas la proportionnalité de la riposte. Il s’agit d’abord de se poser la question de savoir, pourquoi est-ce que le Liban a agressé Israël ? Pourquoi a-t-on utilisé le Sud-Liban pour lancer des missiles contre Israël ? Pourquoi a-t-on traversé des frontières pour enlever des soldats de l’autre côté d’une frontière qui n’a fait l’objet d’aucune provocation ? Pourquoi, depuis six ans maintenant que nous avons quitté le Sud-Liban, ce territoire n’a jamais été pacifié ? Pourquoi les résolutions des Nations-Unies sont-elles restées lettre morte ? Pourquoi n’a-t-on jamais déployé l’Armée libanaise le long de cette frontière ? Lorsque l’on répondra à toutes ces questions, je crois que l’on résoudra la clef de l’énigme de cette situation libanaise. C’est parce que ce pays n’est pas encore indépendant. Une partie de son territoire, le Sud-Liban, est encore entièrement sous la coupe de la Syrie et de l’Iran.

Du vivant de Yasser Arafat, c’était lui qui était responsable quand un kamikaze, même du Hamas, se faisait exploser. Aujourd’hui, vous vous retournez contre la Syrie et l’Iran. Israël a-t-il vraiment la volonté de vivre en paix avec ses voisins, dans des frontières internationalement reconnues ? Ce n’est pas nous qui, il y a dix jours, avons envoyé des troupes de l’autre côté de la frontière, pour tirer des missiles sur nos agglomérations. C’est quand même un acte très grave ! Imaginez que demain, depuis la Mauritanie, on tire une cinquantaine de missiles contre les localités du Nord du Sénégal ou que depuis la Guinée, on tirerait des missiles contre le sud du Sénégal. Est-ce que votre pays resterait les bras croisés ?

Mais est-ce que la responsabilité de la Syrie a été démontrée dans cette affaire ? Mais évidemment qu’elle a été démontrée ! Tout le monde le sait, la Communauté internationale le sait ! Chaque jour, le Hezbollah est approvisionné en armes par l’Iran, ce n’est pas un secret d’Etat. Le chef politique de ce mouvement, Nasrallah, est interviewé tous les jours et appelle à la destruction de l’Etat d’Israël au nom de la nation islamique et au nom de l’Iran. Le Président de l’Iran n’a jamais caché ses intentions, et n’a cessé de tenir des déclarations antisémites et anti-israéliennes, qui ont été condamnées par toute la Communauté internationale et par tous les Etats dignes de ce nom. Alors, aujourd’hui, ce n’est pas un problème israélien, c’est un problème de la Communauté internationale. Vous savez que la question iranienne est à l’ordre du jour de toute la Communauté internationale. Mais nous sommes une fois de plus, en première ligne, visés injustement, parce qu’il y a encore au Proche et au Moyen orient, des pays, je pense à l’Iran, à la Syrie, qui refusent l’existence de l’Etat d’Israël qui, soixante ans après son indépendance, lutte encore pour son existence. C’est la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Nous n’avons pas d’autre volonté que de vivre en paix, et de voir nos pays voisins enfin accepter notre existence. Nous n’avons aucun contentieux avec le Liban, nous voulons respecter ce pays. Un Liban fort et indépendant est la meilleure garantie de la paix dans notre région. Le problème est que, sur le terrain, les choses ne se présentent pas de cette manière. C’est un mouvement terroriste qui occupe le terrain.

Aujourd’hui, le président de l’Assemblée nationale du Liban, M. Nabih Berri, a déclaré que le Hezbollah était disposé à opérer un échange de prisonniers. Israël est-il toujours dans les mêmes dispositions ? Un échange de prisonniers se fait dans une situation de conflit. Nous n’avons pas de prisonniers libanais en Israël, nous ne sommes pas en conflit avec le Liban. Les terroristes du Hezbollah ont violé la frontière et sont venus enlever, sans aucune provocation, deux citoyens israëliens qui, en l’occurrence, étaient des soldats. Mais cela n’a aucune espèce d’importance. Ce sont des citoyens israéliens qui ont été injustement enlevés, sans aucune raison, pas même une situation de conflit. Lorsque deux pays sont en guerre, et qu’il y a des opérations militaires, des soldats peuvent tomber prisonniers dans le camp adverse, et dans ce cas, on envisage des négociations pour trouver une issue et échanger des prisonniers. Mais nous n’avons aucun prisonnier libanais en Israël. On parle d’échange de prisonniers, mais de quels prisonniers ? Quel type de négociation pouvons-nous mener avec une organisation qui dans sa charte, réclame la destruction de notre Etat ?

A quel moment Israël pourra considérer avoir atteint ses objectifs actuels, et pourra arrêter ses opérations ? Il faut que les tirs sur Israël cessent depuis le nord du pays. Il ne faut pas que l’on oublie comment les choses ont commencé. Il s’agit d’un acte de guerre qui a été lancé, et nous appelons la Communauté internationale pour qu’elle prenne ses responsabilités. La Finul n’a pas été capable d’empêcher l’agression du Hezbollah, il faut donc envisager d’autres solutions. Nos n’appelons pas à l’occupation du Liban par Israël, mais par les Libanais. <42>[email protected]

 



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:37 PM)
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