Fodé Sakho (Responsable libéral aux Hlm et neveu du président de la République) : ‘On reproche plein de choses à Doudou Wade’

Il est le neveu du président de la République mais ne se prive pas, pour autant, de dire ce qu’il pense du pays, du Pds et de la famille Wade. De tout cela, il nous entretient.

Wal Fadjri : Quelle est la situation des renouvellements aux Hlm ?

Fodé Sakho : Comme dans toutes les localités du Sénégal, la Commission s’est réunie trois fois aux Hlm et les dispositions ont été prises pour le placement des cartes en ce qui concerne le Pdsl. Mais pour ma part, je ne suis pas partie prenante.

Wal Fadjri : Pourquoi ?

Fodé Sakho : Parce que, de mon point de vue, il y a des préalables qu’il faut régler. L’année dernière, le parti nous avait saisi pour faire un tel travail, c’est-à-dire, procéder aux renouvellements. C’est ainsi que nous avions fait, aux Hlm, un recensement autour de dix-huit listes qui n’ont jamais été validées. Un seul secteur a été monté. On s’est réveillé un beau jour, sans qu’on ne nous dise quoi que ce soit, on a tout arrêté. Voilà que maintenant, on nous reparle de renouvellements alors qu’il y a d’autres priorités beaucoup plus importantes pour le pays. (…)

Wal Fadjri : Aux dernières locales, il s’est posé un problème de leadership aux Hlm, ce qui a contribué à la défaite de votre parti. N’êtes-vous pas parti pour connaître le même sort à la prochaine élection ?

Fodé Sakho : Tout est bien possible. Pour en revenir aux élections du 22 mars 2009, j’avoue, et les militants libéraux des Hlm avec moi, n’avoir jamais compris pourquoi le parti ne m’a pas désigné comme tête de liste. Au regard du travail qu’on avait abattu sur le terrain, le choix sur ma modeste personne était, aux yeux de tous, une évidence. (…)

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui justifie, alors, votre mise à l’écart ?

Fodé Sakho : (Rires) C’est, tenez-vous bien, mes liens de parenté avec le président de la République qu’on a invoqués pour justifier le fait que je ne sois pas tête de liste dans une commune où je suis majoritaire et, donc, légitime. Les membres de la Commission ont dit que, puisque j’étais parent du président, je ne pouvais pas être investi tête de liste parce qu’on va dire que c’est une affaire de famille. Mais, pendant qu’on y est, pourquoi n’a-t-on pas empêché l’investiture de Karim Wade qui est un fils du président de la République ?

Wal Fadjri : Vous trouvez donc injuste que le président accepte à son fils ce qu’il vous refuse ?

Fodé Sakho : J’ai dit que les gens, s’ils sont sincères, ils auraient dû appliquer à tous les parents du président ce qu’ils m’ont appliqué. Je ne compte pas trop m’investir dans ces renouvellements puisque, à la fin, si je réussis, par exemple à faire 50 listes, on viendra me dire, vous êtes majoritaire mais vous êtes neveu du président. Beaucoup de gens pensent la même chose de Karim Wade mais n’oseront pas le dire. (…)

Wal Fadjri : Vous risquez, donc, de ne pas avoir de promotion politique tant et aussi longtemps que votre oncle sera au pouvoir ?

Fodé Sakho : Moi, je ne cherche pas de promotion politique. Je m’active pour accompagner et soutenir le président Wade jusqu’au jour où il décidera de se retirer. Après, je suis libre de faire ce que je veux. (…)

Wal Fadjri : En politique, souvent le premier soutien d’un responsable, c’est sa famille. Est-ce votre cas, sentez-vous le soutien de votre oncle, Me Wade, de vos cousins Doudou et KarimWade ?

Fodé Sakho : Le Pds avait un seul militant dans la famille, c’était ma mère. Cela, personne ne peut le contester. De 1974 jusqu’à sa mort en 1998, Khady Wade, ma mère, était la seule militante dans la famille. Personne n’a fait ce que ma mère a fait pour le Pds. Maintenant, tout le monde est militant et tout le monde soutient Wade (rires).

Wal Fadjri : Qu’en est-il de votre cousin, Doudou Wade ?

Fodé Sakho : En ce qui concerne Doudou Wade, c’est le parti qui a décidé d’en faire son président de groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Mais, comme vous l’avez, effectivement, dit, le soutien de la famille est important. Pour ce qui concerne le président Wade, j’ai des rapports privilégiés avec lui mais politiquement, je ne m’entends pas avec le Pds. Personnellement, je m’entends très bien avec le président mais mon problème, il est politique et est en rapport avec le fonctionnement du Pds. Si cela ne dépendait que de certaines personnes, on n’aurait même pas accès au Palais.

Wal Fadjri : On reproche à votre cousin Doudou Wade d’être un militant de la vingt cinquième heure. Vous confirmez ?

Fodé Sakho : C’est quoi un militant de la vingt-cinquième (rires) ? De toute façon, on reproche plein de choses à Doudou Wade. C’est vrai que j’ai de bons rapports avec lui, je le considère comme mon grand-frère, mais je lui aurai conseillé de travailler dans la conciliation (…).

Wal Fadjri : Il va falloir, forcément, penser à l’après-Wade. Aujourd’hui, ce dernier a pu régler le problème de la candidature mais le problème de la succession demeure ?

Fodé Sakho : Vous avez tout à fait raison. Nous avons tous intérêt à nous réunir autour de l’essentiel. Si le Pds veut garder le pouvoir, d’abord, il faut travailler sur la représentativité. En politique, c’est de l’addition, on ne cherche pas autre chose que le nombre. On doit mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Mon avis est que le président doit trancher la question en nommant un numéro deux qui va se préparer à assumer ses futures responsabilités.