Gestion du patrimoine du parti socialiste : La principale pomme de discorde

Pour l'instant, le souci des tenants du courant de pensée "Démocratie-solidarité", c'est de faire accepter l'existence de courant au sein du Ps. Mais, à n'en pas douter, la prochaine étape de leur combat portera sur la gestion du patrimoine du Ps. C'est que les signataires du manifeste ne comptent plus laisser celui-ci à la discrétion d'un seul homme. Surtout que l'on parle de milliards légués par Abdou Diouf.

De toutes les questions soulevées par le manifeste portant création du courant "Démocratie-solidarité", celle relative à la gestion du patrimoine du Parti socialiste, légué par Senghor et Abdou Diouf, semble la plus délicate. Elle serait même, selon certaines indiscrétions, la principale pomme de discorde entre les tenants du courant et la direction du Ps.

Même si, de part et d'autre, on semble en faire une question subsidiaire. Du moins en public. Les proches du Premier secrétaire du Ps éludent la question alors que les signataires du manifeste n'en parlent que du bout des lèvres. Mais, au niveau des instances régulières du Ps, loin des regards indiscrets, la question occupe les débats et fait, à chaque fois qu'elle est soulevée, l'objet d'échanges épiques entre les deux camps.

Pour leur part, les signataires du manifeste reprochennt à Ousmane Tanor Dieng sa gestion "patrimonialiste" des biens du Parti socialiste. "Au Ps, une seule personne gère le patrimoine", avait fulminé Moustapha Kâ dans une interview accordée à Wal Fadjri. Sans en dire plus. Mais le message n'en est pas moins clair : les signataires du manifeste veulent une gestion concertée du patrimoine du Ps. Mais, auparavant, confie une source proche du courant de pensée, ils réclament le bilan de la gestion du patrimoine du Ps. "Ils veulent savoir comment ont été gérés les milliards laissés par Abdou Diouf", précise notre interlocuteur.

C'est que les tenants du courant "Démocratie-solidarité" sont d'avis que l'ancien président du Ps n'a pas laissé leur parti dans le dénuement en quittant le pouvoir en 2000. De l'argent, croient-ils savoir, il y en avait bien dans les caisses du Ps. Combien ? Difficile, cependant, pour eux, de répondre à cette question puisqu'ils estiment n'avoir jamais été associés à la gestion de ces fonds. Mais, à en croire certaines informations, le président Abdou Diouf aurait laissé des milliards au Ps. Et cet argent proviendrait, selon elles, des fonds politiques.

Il se sussurre, également, dans les couloirs de la "Maison du Parti" qu'un pays arabe aurait offert à Diouf une cinquantaine de véhicules 4x4. Mais, à ce jour, indique une source proche du Ps, "seuls quelques privilégiés, bien identifiés, du Bureau politique en disposent". Où sont passés les autres véhicules ? Mystère et boule de gomme.

Par ailleurs, depuis le départ d'Abdou Diouf, le Ps a eu à organiser de grandes manifestations. Où est-ce que l'on a trouvé de l'argent pour mobiliser des milliers de militants ? Cette question taraude l'esprit des tenants du courant de pensée parce qu'ils disent s'être toujours entendu dire qu'il n'y a pas d'argent dans les caisses du parti.

Dans l'entourage du Premier secrétaire du Ps, on balaie d'un revers de main toutes ces allégations. De l'avis des proches du Premier secrétaire du Ps, c'est faire un mauvais procès à Ousmane Tanor Dieng que d'incriminer sa gestion du parti.

A propos du bilan de la gestion du patrimoine du Ps réclamé par les signataires du manifeste, ils déclarent que ces derniers sont mal placés pour le demander."Ils avaient tous fait la politique de l'autruche après la défaite de mars 2000", ironisent-ils. Seul Ousmane Tanor Dieng a fait face, et courageusement, à la loi de la démocratie et porté à bout de bras le Ps. "Les autres s'étaient emmurés dans un silence assourdissant", accusent les proches du Premier secrétaire du Ps.

Quid des milliards qu'aurait légués Diouf ? Le Ps, selon les soutiens d'Ousmane Tanor Dieng, ne roule pas sur des milliards. Le parti, soutiennent-ils, vit des cotisations de ses membres et de la vente des cartes de membre.

Quoi qu'il en soit, même si, pour le moment, la principale préoccupation des signataires du manifeste est de faire accepter l'existence de courant au sein du Ps, il est clair que la prochaine étape de leur combat portera sur la gestion du patrimoine du parti. Ils ne comptent plus la laisser à la discrétion d'un seul homme.