Jusque tard dans soirée d’hier, le Président de la République a discuté avec les responsables de l’Ast et ceux de la Cap21. A l’issue de la rencontre qui s’est déroulée au Palais, Me Wade a réussi à réconcilier momentanément les deux coalitions rivales qui le soutiennent, en confirmant Decroix à son poste de coordonnateur de l’Ast. Il a promis de les rencontrer à nouveau, à son retour de voyage.
C’est aujourd’hui que Me Wade doit s’envoler pour le Canada où va se tenir, les 25 et 26 juin, le sommet du G8. Mais auparavant, il a reçu les leaders de l’Ast et de la Cap21 au Palais. C’était pour arrondir les angles entre ces deux coalitions de partis qui se mènent une guerre sans merci. Selon des sources qui ont participé à la rencontre, le président de la République a réussi à convaincre ses alliés à enterrer la hache de guerre. Nos interlocuteurs révèlent également que Me Wade a prévu de communiquer avec les autres leaders de ces deux cadres, dès son retour du Canada. La rencontre s’est déroulée en présence de Iba Der Thiam, Mamadou Diop Decroix, Mbaye Jacques Diop, Abdourahim Agne et Mamour Cissé. Il ressort de certaines indiscrétions que ces derniers ont accepté de lâcher du lest, pour éviter l’irréparable. Quant à Decroix, il est toujours coordonnateur de l’Ast.
Des querelles de clocher qui risquent d’être fatales à Wade
Parce qu’il a voulu, à un certain moment, rayer l’opposition de la carte, Me Abdoulaye Wade a battu le rappel de ces partis lilliputiens qui ont fini de parasiter le Landerneau politique sénégalais. Mais, comme dans le mythe de Sisyphe, le fin stratège qu’est le Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) est en train d’en ressentir l’effet boomerang. Au point de compromettre sérieusement, malgré les résultats positifs engrangés dans beaucoup de secteurs, ses chances de rempiler à la prochaine élection présidentielle prévue en 2012. La chose la mieux partagée, à l’heure actuelle, dans ce qu’il est convenu d’appeler, prosaïquement, la mouvance présidentielle, se résume en un mot : malaise. Aussi bien à la Convergence des actions autour du président pour le troisième millénaire (Cap21) qu’au niveau de l’Alliance Sopi pour toujours (Ast). Le climat est tellement délétère entre ces deux structures, qui doivent normalement travailler en parfaite osmose, que le Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) est obligé de monter au créneau pour arrondir les angles. Mais, force est de reconnaître que la tâche que vient de s’assigner Me Abdoulaye Wade, en sa qualité de dénominateur commun de ces deux cadres, ne sera pas une partie de plaisir. Entre les rancœurs, les calculs politiciens et la jalousie, il va de soi que les «alliés» du chef de l’Etat sont, à l’heure actuelle, aux antipodes du seul objectif qui vaille pour le candidat déjà déclaré à l’élection de 2012 : mobiliser les troupes pour rempiler dans un scrutin loin d’être gagné d’avance. Et pour cause ! Car, en embuscade, les adversaires de Wade ne se feront pas prier pour tirer les marrons de la victoire d’un probable brasier libéral.
Sale temps pour des … variables
Face à une opposition qui surfe encore sur sa victoire éclatante aux Locales du 22 mars 2009, éclaboussé par «l’affaire» des 20 milliards de Sudatel, pris en étau par des mouvements citoyens plus que jamais décidés à lui ôter le pouvoir, Me Abdoulaye Wade renvoie à un vieux solitaire qui voit, impuissant, un héritage difficilement accumulé lui filer entre les doigts. Car, toute l’agitation constatée dans ces structures satellites qui essaiment à la lisière du régime libéral reste la quête de prébendes et de positions de pouvoir. Pour ne pas dire une question de «places» au banquet de l’Alternance. Il n’est, d’ailleurs, un secret pour personne que les vociférations du coordonnateur de la Cap21, le Pr Iba Der Thiam, contre l’Alliance Sopi pour toujours (Ast), dirigée «provisoirement» par Mamadou Diop Decroix, tiennent au fait que cette dernière structure était en passe de reléguer à l’arrière-plan un «bébé» qu’il a couvé dès l’aube de l’accession de Me Abdoulaye Wade à la magistrature suprême. Dès lors, les deux cadres se regardent en chiens de faïence. Avec, en toile de fond, une guerre larvée entre des souteneurs qui veulent, coûte que coûte, prouver à «la constante» qu’ils restent des variables sûrs et dignes de confiance.
Les équations Idy et Karim
Sauf que la déroute du camp présidentiel aux dernières élections locales a fini de prouver que ces courtisans à la petite semaine, malgré leur nombre, ne pèsent pas grand-chose dans les urnes. Le manque de considération dont ils font l’objet, de la part de Me Abdoulaye Wade qu’ils disent soutenir, n’a pas d’autre explication. Tout comme le mépris du navire amiral de ces structures, le Pds en l’occurrence, à leur endroit. Car, les Libéraux les perçoivent plus comme des charognards que de véritables alliés. Pendant ce temps, le «dossier» Idrissa Seck peine à trouver une solution définitive. Comprenez que les modalités de son retour dans le giron libéral tardent à se mettre en place. Si on y ajoute le repli de Karim Wade et la Génération du concret, en dépit des cris d’orfraie sur «le projet de dévolution monarchique du pouvoir», et les voix qui s’élèvent pour demander, sans aucune forme de procès, l’arrêt des renouvellements au Pds, il est, aujourd’hui, indéniable, que l’Alternance est à la croisée des chemins. Une situation qui, du reste, ne surprend guère les esprits avertis. En ce sens que l’omniprésence étouffante du Secrétaire général national du Pds, dont la propension à se défaire de ses principaux collaborateurs est un secret de polichinelle, a fini d’inhiber toute initiative visant à dégraisser un mammouth qui risque de faire les frais de son surplus de poids.
SERIGNE SALIOU SAMB & PAPA SOULEYMANE KANDJI
0 Commentaires
Participer à la Discussion