Que les Sénégalais qui croyaient avoir rompu d’avec le colonialisme depuis le 4 avril 1960 se détrompent. En effet, si l’on en croit Iba Der Thiam, jamais le cordon ombilical n’a été rompu entre notre pays et son ancien colonisateur : «Tout le monde sait que c’est le système colonial qui a installé ici Léopold Sédar Senghor. Ainsi que Abdou Diouf qui n’était là que par la grâce du système colonial. D’ailleurs, c’est seulement le 19 mars que le Sénégal a acquis véritablement son indépendance». A propos de l’urgence de mettre en place les Etats-Unis d’Afrique, Thiam est absolument convaincu que le salut de l’Afrique se trouve dans son unité. Dans son explication, il invoque des arguments démographiques et les ressources du continent. Ainsi, pour lui, à l’horizon 2050, l’Afrique, avec sa démographie galopante, aura plus d’un milliard d’individus et se positionnera comme le plus grand marché. Dès lors, elle va forcer le respect de l’Occident. «Avec cela, si l’Afrique parle d’une seule voix, elle peut imposer le prix d’achat de ses produits aux autres continents, ce qui est une force majeure», a-t-il ajouté pour dire, en signe de prémonition, qu’il y a 5 à 8 ans, il avait prédit à ses étudiants que des jeunes allaient prendre le large par tous les moyens pour se rendre en Europe. : « Si la situation ne change pas, les choses vont empirer», prophétise-t-il. Sénégambie : Abdou Diouf a tout foutu en l’air Le chemin pour la réalisation de l’unité africaine est parsemé d’embûches. Mais, cela ne doit nullement être un obstacle infranchissable. Le Pr Thiam estime que l’Afrique doit avoir son modèle propre. «L’union européenne est un contre modèle en matière d’intégration. C’est en 1713 que l’idée de l’Union a été émise, mais c’est seulement en 1957 que le traité de Rome a été signé. Jusqu’à présent, l’Europe n’est pas totalement unie», a-t-il martelé. Regardant dans son rétroviseur, le théoricien de «Abdo niou doye», a rappelé un souvenir amer qui constitue un des écueils qui entravent la réalisation de l’Ua : la dislocation de la Sénégambie. En effet, selon lui, la réunification du Sénégal et son voisin, la Gambie a buté sur un coup de colère du Président Abdou Diouf, suite à la proposition du président Diawara : «Abdou Diouf a retiré les soldats Sénégalais qui assuraient la sécurité du chef d’Etat gambien alors que ce dernier était à la Mosquée. A sa surprise, lorsqu’il est sorti, les soldat Sénégalais ont quitté les lieux, laissant Daouda Diawara dans une situation d’insécurité totale. Et cela uniquement parce que Diawara a proposé que la présidence de la confédération soit tournante. J’aurais été chef d’Etat, j’aurais donné la présidence de la Sénégambie d’office à la Gambie, pour la rassurer que je n’ai pas l’intention de la phagocyter. Je considère de la même façon que l’indépendance de la Casamance est insensée». Étant le premier avoir installé une école en Gambie, Iba Der dit avoir fait des propositions que Jean Collin n’a jamais avalisées. Ce qui le conforte dans sa conviction que le Sénégal n’était pas libre.
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