Isidore Ezzan, Ben Yacine Diouf… : Ces ‘soldats’ dont les familles attendent encore le Père Noël Wade

Au lendemain de la disparition de Ezzan et de Ben Yacine Diouf, Me Wade s’est fait fort de promettre monts et merveilles à leurs familles. Des promesses que, malheureusement, il peine à tenir.

Venu présenter ses condoléances à la famille de feu Abdou Latif Guèye, le chef de l’Etat s’est engagé à prendre en charge les préoccupations matérielles de celle-ci. ? Me Wade reste, ainsi, fidèle à l’image qui lui est collée par l’opinion, celle d’un homme à la prodigalité légendaire. Au demeurant, cette attitude du président de la République vis-à-vis d’une famille éplorée n’est pas une première. La même promesse avait été faite à l’endroit de l’épouse et des enfants de Ben Yacine Diouf, décédé il y a un an, après avoir dissout son parti, le Rassemblement des patriotes républicains, dans le Pds en 2005. De même, la famille de feu Ibrahima Isidore Ezzan, ancien député à l’Assemblée nationale s’était vu promettre la prise en charge de sa dépense quotidienne par Me Wade après le décès de son chef.

Tous ces disparus ont contribué à la victoire du Secrétaire général du Pds à la dernière présidentielle, en février 2007. Par devoir de reconnaissance, Me Wade se devait donc de rendre la monnaie et, pour lui, la meilleure façon de le faire, c’était de soutenir financièrement leurs veuves et orphelins dans leurs charges familiales. Quoi de plus noble ?

Mais le hic, c’est que les promesses faites par le président Wade sont rarement suivies d’effet. En tout cas, de sources proches de ces familles, l’on soutient que celles-ci ne sont pas du tout contentes et se sentent même trahies. Profitant de l’anniversaire du décès de son mari, le 8 avril dernier, l’épouse de Ben Yacine Diouf n’a pas hésité à monter au créneau pour se rappeler au bon souvenir du président de la République. Aminata Ndiaye s’est plainte d’être laissée à elle-même, ne pouvant pas supporter les charges liées à la scolarité de ses enfants. Pourtant, Wade en avait pris l’engagement. Mais le malheur, aujourd’hui, de cette dame, c’est de ne pouvoir pas supporter les charges locatives de sa maison, allant jusqu’à lancer un SOS pathétique à l’endroit du président Wade, dans l’espoir que celui-ci lui trouvera un toit. A-t-elle été entendue ? Sans nul doute.

Drapée de la dignité que lui confère certainement sa foi, l’épouse Ezzan qui s’est voulue plus résignée et préférant s’en remettre à son Seigneur, n’en est pas moins déçue des ex-compagnons politiques de son défunt mari et, au premier chef, Me Wade. Sa déception est d’autant plus grande qu’elle a tenu à rappeler lors d’une sortie médiatique que son époux avait été l’agneau du sacrifice en ayant accepté d’endosser à son nom l’une des lois les plus scélérates et les plus décriées de l’histoire du Sénégal. Heureusement pour sa progéniture, leur père leur a laissé, eux, un toit.

Quel sera le sort des promesses faites par le président de la République à l’endroit de la famille de feu Abdou Latif Guèye ? On ne saurait y répondre mais, au regard de ce qui précède, il est permis d’être sceptique.

Mais la question qu’il convient de se poser est pourquoi le président Wade ‘oublie’ ses engagements relevant du social ? Faut-il y voir des oublis volontaires de sa part ou les personnes préposées à l’accomplissement de ses œuvres de bienfaisance ne sont-elles pas à la hauteur de leur mission ? En tout cas, cela commence à faire d’autant plus désordonné que Me Wade semble s’être érigé une règle morale d’être le soutien financier (ou matériel ?) des familles de ses compagnons et alliés disparus. L’aurait-il fait discrètement, sans tambour ni trompette comme il est de nos coutumes, que ce serait tout à son honneur. Mais qu’il prenne des engagements publics, en prenant l’opinion à témoin, de satisfaire des besoins non exprimés, là il y a une exigence morale de tenir ses promesses.