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Politique

L’impasse politique de l’alternance : La première défaite du président Abdoulaye Wade

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L’impasse politique de l’alternance : La première défaite du président Abdoulaye Wade
Les résultats provisoires des élections locales annoncent des changements profonds dans le comportement des électeurs de l’alternance de mars 2000. Le doute n’est pas permis quant à la volonté de sanctionner le pouvoir du président de la République et son gouvernement. C’est un renversement d’une tendance psycho-affective. Elle a lié pendant longtemps le Secrétaire général national du Pds au pouvoir à des franges significatives restées fidèles au vent de changement pour lui avoir renoué le contrat de confiance en février 2007.

Les dernières élections législatives de 2007 boudées par le « Front Siggil Sénégal » constituent à ce titre un repère pour mesurer les contours du nouveau processus se mettant en place au cœur de la capitale Dakaroise, ses banlieues d’une part et entre le gouvernement et toutes les communes et communautés rurales qui ont tourné le dos à la coalition sopi très fortement bousculée d’autre part. Il s’agit là d’un vote de rejet qui ne souffre d’un quelconque doute dans son interprétation politique.

Les résultats définitifs confirmeront certainement le basculement de pans entiers de l’électorat de l’alternance dans la mouvance de la contestation sociale lisible dans le tissu social urbain et péri urbain depuis la reconduction du président sortant à la tête du Sénégal. A ce titre, la défaite dans la commune du Point E qu’il perd pour la première fois depuis 1996, dans certaines communes des départements de Dakar, de Pikine, de Rufisque traduit à bien des égards une tendance lourde de modification progressive du vote dans les bassins traditionnels du Sopi. Elle est porteuse de la défaite du Parti démocratique sénégalais sur son propre terrain de prédilection. Ces zones d’implantation qui ont toujours fait la différence suivent aujourd’hui la perspective d’une autre tendance amorcée par l’ancien premier ministre à Thiès que le départ de cet autre ancien premier notamment Macky Sall vient d’amplifier dans la région de Fatitick et au Nord du pays.

Autrement dit, en dépit de la résistance de la formation libérale dans certains îlots classiques, force est de constater un recul notoire du Parti démocratique à l’échelle régionale et nationale. Le Pds est ainsi mis à la croisée des chemins. Il doit s’en prendre avant tout à lui-même. Dans le contexte de crise multiforme auquel le Sénégal fait face, le Parti démocratique a très mal géré sa propre crise interne. Les querelles de positionnement dans la guerre de succession ont fini par discréditer le parti au pouvoir aux yeux de bien des électeurs. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdoulaye wade à nos jours, son parti n’a point su se transformer en un parti de pouvoir capable de dépasser ses divergences et de gérer politiquement des conflits naturels entre des responsables aspirant à diriger le pays et ou leur parti à qui ils doivent absolument tout. La suppression du poste de Secrétaire général adjoint est le reflet de son incapacité à traiter des questions ayant trait à des questions idéologiques et politiques.

La gestion de l’Etat par le Pds a subi les conséquences catastrophiques de ces conflits interpersonnels empoisonnant le climat politique tant à l’intérieur du Pds qu’au sommet de l’Etat. Et l’opinion a une idée bien négative du Pds, de ses dirigeants et de ces cadres. Les citoyens électeurs ont été à la limite dégoûtés par ces conflits de pouvoir dans une famille déchirée en morceaux et par la gestion de l’Etat par un parti état qui ne dit pas son nom. Ce sont des clans constitués menant une guerre sans merci pour contrôler l’Etat et les collectivités locales. L’explication de ce retournement du vote des électeurs de l’alternance réside dans une révolte contre le Pds, contre son incapacité à traiter ses propres problèmes mais également par la peur des lendemains très inquiétants pour l’avenir du Sénégal. Ces électeurs ne se retrouvent plus dans la manière de conduire les destinées du pays et de leurs localités.

La crise économique et sociale est là. Elle n’a pas connu une réponse satisfaisante, loin s’en faut. Et, les tournées du chef de l’Etat n’ont fait que renforcer l’image d’un pouvoir en délicatesse s’éloignant des véritables préoccupations légitimes des populations et jouant de surcroît sur des promesses électorales alors que la demande sociale ne cesse de croître. En dépit des efforts notables dans des domaines sociaux cruciaux en l’occurrence la Santé, l’éducation etc…, le système éducatif est rudement mis à l’épreuve par des syndicats animés par des acteurs de la première alternance politique au Sénégal. Ils réclament le dialogue social, l’amélioration de leurs conditions de travail et se heurtent à un mur infranchissable pour le moment.

Au plan politique, le Président de la république n’a pas pu trouver un consensus national sur les questions majeures de la gouvernance économique et politique. Bien au contraire. L’alternance a perdu tous ces alliés qui ont participé activement à l’avènement du changement de régime. Et, le parti socialiste a eu l’intelligence de travailler en harmonie avec tous les partis de l’opposition et à se réconcilier avec les électeurs traditionnels de l’alternance et même du Pds. Gagner des élections locales dans le cadre d’une élection placée sous le signe d’un référendum relèverait franchement d’une vision stratégique tenant peu compte du rapport de force entre le Pds et ses électeurs potentiels lui tournant le dos et les exigences de l’opinion publique nationale centrées sur des comportements de rupture dans la gouvernance économique et sociale.

Au-delà de cette première défaite du président Wade, c’est tout l’avenir politique du Pds qui est remis en cause. Persister à croire qu’il ne passe rien serait un suicide politique. C’est le moment pour le Président de la république de faire le point sur l’état du contrat de confiance le liant encore à son peuple. Toutes les initiatives allant dans le sens de changements réels pour sortir l’alternance de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis le début du second mandat du président Wade méritent d’être exploitées au plus vite avant qu’il ne soit tard. A défaut de réformes profondes portées par un changement effectif dans la conduite de l’Etat et des rapports entre le Pds et les populations, l’alternance ne fera que creuser le fossé grandissant entre elle, ses dirigeants et le peuple souverain reprenant en main sa souveraineté absolue dans le choix des hommes devant prendre en charge ses destinées.



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