LANDING SAVANE : Pour un « folli » alternatif

Le candidat de la coalition « And Défar Sénégal » (Ensemble pour construire le Sénégal), Landing Savané est un statisticien économiste spécialisé en démographie. Rien ne semblait destiner le natif de Bignona dans la première décade du mois de janvier de l’an de grâce 1945, alors que le monde se remet difficilement de sa grande déchirure « nazi » de 39-45, à une carrière politique déjà remplie dans son pays. Celui qui en 1963 obtient son Baccalauréat en Math élémentaire en juillet au Lycée Van Vollenhoven de Dakar, actuel Lamine Guèye, admis aux Classes préparatoires aux Grandes Ecoles avec Option Math Supérieures et Math Spéciales au Lycée Dumont d’Urville de Toulon entre 1963 et 1966, après trois ans d’études au Cesd/Ensae (Insee), décroche en 1969 le diplôme d’Ingénieur Statisticien économiste, paraissait en effet, plus destiné à la haute finance, à la recherche ou à tout autre métier loin de la politique et de ses vicissitudes. Le grand Timonier au petit livre rouge était cependant passé par là.

Le « camarade » Mao et ses thèses avaient su séduire l’homme, issu d’une famille modeste et d’un pays qui sortait de la nuit coloniale, qui était ainsi naturellement porté à jouer les « redresseurs » de torts. S’y ajoute le fait que l’Afrique d’après 1945 était secouée par un second souffle de « révolte » après le combat des chantres de l’identité et pères fondateurs des nations indépendantes du continent, celui de la lutte pour le développement, la démocratie, pour une économie planifiée, plus juste, plus équitablement répartie entre tous les fils du continent. A cette époque également, « on manquait de générosité », si on n’était point nourri à la sève du Marxisme-Léninisme, sous l’éclairage du grand Timonier, dira-certainement Landing Savané. Si on n’était pas un socialiste, voire un communiste.

Déjà, le camarade du regretté Alphousseyni tombé en service commandé, enrôlé de force qu’il était par la « soldatesque » de Senghor avec d’autres, en Casamance pour raisons de grève, est délégué des internes au Lycée Van Vollenhoven de Dakar entre 1962 et 1963. Il sera secrétaire général puis président de l’Association des Etudiants Sénégalais en France entre 1967 et 1969 ; avant de devenir la même année l’animateur de l’organe de presse clandestin Xarébi/La lutte. En mars 1975, il sera condamné à 2 ans de prison, détenu au Camp pénal de Hann pendant 13 mois, puis il est gracié en avril 1976 par le Président Senghor dont il refusera l’invite à le rejoindre. Il sera le rédacteur en chef de Jaay Doolé-bi/Le Prolétaire en 1980, et devient le secrétaire général de And-Jëf venu à la légalité en 1981 sous l’appellation de And-Jëf/Mrdn. En 1991, la formation des « follistes » devient en « fusionnant » avec l’Ost de Guiro, le front Suxba de Malick Ndiaye et l’Udp de Hamadine Racine Guissé, le Parti Africain pour la Démocratie et le Socialisme (Aj/Pads), les vents d’Est avaient fini de souffler sur la gauche sénégalaise aux animateurs éternels soutiers des pouvoirs en place ? En 1988, il est le « candidat sans illusion » à l’élection présidentielle. En 1993, le « candidat de l’espoir et de l’unité populaire ». Elu député du peuple en 1993, il deviendra Président du Réseau parlementaire sur les migrations, les droits humains et le logement entre 1998 et 2000. Il est l’auteur de trois publications : « Luttes et Lueurs », éd Silex, 1987 ; « Errances et espérances », décembre 1992 ; dont un essai « Population : un point de vue africain », éd Epo asbl, en 1988.

Parmi l’un des principaux acteurs de l’avènement de la première alternance post-indépendance du Sénégal, Landing Savané, ministre d’Etat auprès du président de la République depuis mai 2005, a été ces 7 années durant, ministre des Mines, de l’Artisanat et de l’Industrie entre avril 2000 et mai 2001, ministre de l’Industrie et de l’Artisanat de mai 2001 à novembre 2002, et celui de ministre d’Etat, ministre de l’Artisanat et de l’Industrie de novembre 2002 à mai 2005. L’homme et son parti, tout en cherchant à garder leur indépendance et en se démarquant de certaines actions de leurs alliés libéraux, sont restés en « poste ». Ils n’ont jamais voulu « abandonner » tranquillement le fruit de la « sueur de leur propre travail et de leur combat de plus de 30 ans » aux libéraux ont-ils toujours argué. Une attitude qu’ils devront certainement expliquer à l’électorat pour le convaincre. Celui qui brigue cependant, pour la troisième fois la magistrature suprême ne manque assurément pas d’atouts à faire prévaloir, son calme, sa constance, son honnêteté. A ses côtés, sa « camarade » d’épouse, Marie Angélique Savané et les camarades des jours sans et des jours avec, Mamadou Diop Decroix, Amadou Top, Mamadou Guiro, l’ancien trotskiste devenu son directeur de campagne et d’autres, pour un « folli » alternatif certainement.