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Politique

LECTURES - Limites des leaders de partis après la déroute du 25 février : L’urgence de la régénération et la faillite d’un système politique

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LECTURES - Limites des leaders de partis après la déroute du 25 février : L’urgence de la régénération et la faillite d’un système politique

Faut-il sonner la retraite de certains politiques après leurs scores dérisoires de la présidentielle du 25 février dernier ? Cette question se pose, mais se heurte encore à des rigidités internes des formations politiques. Outre une organisation qui ne favorise pas des alternances internes, il y a le manque de culture démocratique dans les partis politiques, toutes obédiences confondues.

L’élection présidentielle du 25 février 2007 a mis à nu les limites de certaines formations politiques, de leur leader en particulier. En dépit des scores peu honorables de 2 à 5% enregistrés et malgré le mystère qui entoure l’organisation du scrutin, les chefs de files des partis restent aux commandes sans envisager le passage du flambeau. Des honneurs aux tocards ! Cette situation pose la question du renouvellement du leadership politique. C’est l’avis du journaliste-polititologue, Mame Less Camara : «Les élections se sont déroulées dans des conditions telles que les leaders de partis ont déçu et ils doivent rendre compte à leur base autant que le gouvernement doit aussi rendre compte.» En effet, il se convainc «qu’un parti dont le leader est là depuis 30 ans, cela pose un problème, à la fois, de démocratie et de la réponse du parti par rapport à une nécessité de régénération. Ce n’est pas un problème d’alternance générationnelle, mais à un moment, les problèmes qui surgissent requièrent un nouveau regard, une nouvelle mentalité et d’autres types de savoirs. Et pour les acquérir, il faut que les partis ouvrent la voie à d’autres». Cela même s’il reconnaît «qu’on ne puisse pas, en dehors des partis et de leurs instances, décider du sort à réserver à leur leader à l’issue de l’échec qu’ils ont connu à l’élection du 25 févier 2007».

Cette analyse de M. Camara est partagée par l’historienne, Penda Mbow, par ailleurs coordonnatrice du Mouvement citoyen. Selon elle, «l’électrochoc de la dernière élection devrait pousser les uns et les autres à se remettre en cause. Même l’élection suscite un questionnement, des limites se sont dessinées et il faut autre chose. Au-delà des personnes, c’est tout un système qu’il faut revoir. Une ère est en train de se fermer, une autre de s’ouvrir. On est à la fin d’un processus». En effet, Mme Mbow s’étonne que l’exemple des grandes démocraties ne soit pas appliqué au Sénégal. Lequel exemple fait que «lorsqu’un leader échoue à une élection, même si c’est pour la première fois, il quitte». A ce sujet, d’ailleurs, Mame Less Camara conseille que «les partis politiques sénégalais inscrivent, dans leurs traditions, l’acceptation de l’échec par les chefs et faire la place à un autre plus compétent et mieux à même de remobiliser». Car, «si les choses restent en l’état, cela devient difficile à gérer».

PARTIS AUTORITAIRES, SECTES FERMEES

Seulement, nos interlocuteurs reconnaissent les difficultés liées à l’application des principes démocratiques dans les partis politiques. Des explications de M. Camara, il ressort que le mal réside même dans le modèle qui a inspiré et dominé les partis politiques du Sénégal. Lequel modèle «est soviétique, de type stalinien, avec un Bureau politique et Comité central qui appliquent le principe du centralisme démocratique». Or, regrette-t-il, «le centralisme démocratique permet au leader de se maintenir. Il est reconduit automatiquement par l’utilisation de certains mécanismes de contrôle par le Comité central dans lequel on peut être majoritaire sans que ce comité central ne reflète la composition de la base». Ainsi, ajoute-t-il, ces comités et secrétariats fonctionnent comme «des amortisseurs de crises qui absorbent les soubresauts de la base, au lieu de leur transmettre toute leur virulence et toute leur violence à la violence du parti». Et l’historienne Penda Mbow de déduire que cela pose le problème de la démocratie à l’intérieur des partis politiques. «Il faut un fonctionnement démocratique avec des réunions et congrès réguliers. Les partis sont des cadres très vieux qui n’arrivent pas à se remettre en question. Ce modèle n’est plus opératoire. Les leaders des partis sont là depuis 1968. Il y a une nécessité de préparer une bonne relève, mais il faut attendre après les législatives», prône-t-elle. Toutefois, l’exercice de changement de leadership des formations politiques n’est pas une chose aisée au Sénégal. En effet, Mame Less Camara rappelle des formations qui se sont engagées dans «des scissions à chaque fois qu’il y a une volonté de changement de leaders. Cela pose le problème de l’acceptation par le sommet d’un certain nombre de décisions émanant de la base». L’autre difficulté notée pour l’instauration d’une culture et d’une pratique démocratiques au sein des formations politiques, c’est que «les partis sont souvent la propriété de ceux qui les ont fondés. Et, le fondateur s’inspire du modèle qui est le plus à même de le maintenir à la tête du parti». Ce que résume Penda Mbow en soutenant qu’il y a «une identification entre le parti et son leader». D’où la nécessité, selon M. Camara, «de tout reprendre. Il faut casser le moule des partis pour l’ouvrir. Quand les gens verront que les partis sont comme des sectes fermées sur elles-mêmes, personne n’y vendra sa liberté. Ce sont des partis autoritaires par essence». A son avis, «ce type de parti ne peut fonctionner ainsi que lorsqu’il est au pouvoir. C’est le cas au Pds où Me Wade a autorité de nommer des membres du Comité directeur».



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