Comparé à la moyenne africaine, du chemin reste à parcourir par le Sénégal en matière de construction d'infrastructures routières. Un gap qui, pour être comblé, requiert le relèvement du niveau d'investissement dans le Pib aujourd'hui de 2% à 3,5%, selon la Banque mondiale.
Secteur privilégié du régime qui l'a hissé sur l'une des plus hautes marches de ses priorités, avec un volume d'investissements de l’ordre de 1200 milliards de francs Cfa entre 2000 à aujourd'hui, à en croire Karim Wade, les infrastructures routières ne constituent pas un domaine où le Sénégal figure parmi les meilleurs élèves en Afrique. Malgré l'autoglorification du régime d'avoir doté le pays de routes, d'autoroutes, de corniche et même de tunnel, le Sénégal n'est guère au niveau moyen de ce qui est réalisé dans les autres pays du continent. Seules 20 à 30% des routes du Sénégal sont en effet en bon état, là où la moyenne africaine est de 70%. Cette observation est de Moctar Thiam, Directeur de la Banque mondiale par intérim. Selon lui, «la revue des dépenses publiques dans le secteur des transports en cours de finalisation montre qu’un investissement d’environ 800 milliards de francs Cfa pendant les cinq prochaines années permettrait de relever le réseau routier à la moyenne africaine».
«Seules 20 à 30% des routes du Sénégal en bon état»
C'est pourquoi il estime qu’«il faudra en fait exécuter un programme d’investissement plus large pour le secteur des transports de l’ordre de 1500 milliards de francs Cfa sur 5 ans, ce qui permettra de couvrir d’autres besoins urgents et engagements déjà pris dans le secteur des transports». Mieux, note Moctar Thiam, «il est crucial de financer l’entretien et globalement de consacrer environ 50% du programme aux travaux d’entretien, y compris les entretiens courants et périodiques».
Toujours selon M. Thiam, «pour rattraper ce retard», avec seulement 20 à 30% de routes en bon état, «le Sénégal doit non seulement relever ses dépenses d’infrastructures de transport à un niveau de 3 à 3,5% du Pib recommandé pour les pays qui n’ont pas connu de sous-investissement (2% en moyenne ont été dépensés au Sénégal sur 2005-2009)», mais aller même au-delà, c’est-à-dire «y ajouter environ 1% du Pib annuellement pendant la prochaine décennie». Une position qu'il a exprimée, hier, lors de la table ronde sur le financement des infrastructures organisée par le ministère de Karim Wade.
«À cause de l’état vétuste de la voie ferrée, 80% du trafic passe par la route qui se dégrade»
Mettant un bémol sur la volonté du Sénégal de destiner 90% des 1600 milliards du programme spécial pour les infrastructures aux routes, Moctar Thiam indique : «le Sénégal doit également mieux répartir les dépenses entre les différents modes de transport». Citant le cas de la voie ferrée, il plaide pour que plus d'attention lui soit accordée. Parce qu’«à cause de l’état vétuste de la voie ferrée, 80% du trafic passe par la route qui se dégrade de façon accélérée alors que son entretien coûteux est supporté entièrement par l’Etat». Dans la même veine, il met le doigt sur le sort réservé au transport fluvial qui, à ses yeux, «reste très limité et sous utilisé». C'est pourquoi il estime qu'«un projet de relance de la navigation sur le fleuve Sénégal permettra d’offrir une alternative moins chère au transport de fret le long de cet axe (phosphate et produits vivriers cultivés sur les berges du fleuve)».
… Et craint les effets dévastateurs sur l’économie des 1600 milliards du programme de Karim Wade
Karim Wade et Abdoulaye Diop, respectivement ministre des Infrastructures et ministre de l’Economie et des Finances, ont animé, hier, au Méridien, une table ronde sur le financement des infrastructures. Selon Abdoulaye Diop, le Sénégal se lance dans un programme quinquennal de construction et d’entretien routier qui nécessite la mobilisation de 1600 milliards de francs Cfa. Ce, afin d’atteindre les rampes de l’émergence en levant l’insuffisance des infrastructures de transports aussi bien routiers, ferroviaires, portuaires qu’aéroportuaires. Un programme d’investissement pour lequel la Banque mondiale émet des craintes. En effet, pour ce programme, de manière générale, Moctar Thiam, Directeur des opérations par intérim de la Banque mondiale, prévient que sa «mise en œuvre ne va pas se faire sans risques sur le système des passations des marchés». Parce que, ajoute-t-il, «elle pourrait même engendrer de sérieuses tensions sur la trésorerie avec des risques d’accumulation des arriérés pouvant entraîner la suspension des travaux ou des opérations lorsqu’il s’agit de subvention d’équilibre pour des services de transport concédés, le report des mises en service, et immanquablement donc l’augmentation des prix».
7 Commentaires
Lagaffe
En Mars, 2011 (16:42 PM)Mame Kha
En Mars, 2011 (16:49 PM)Serign_toubab
En Mars, 2011 (16:50 PM)Detectiv
En Mars, 2011 (17:01 PM)Wakh Deug
En Mars, 2011 (18:39 PM)Boy
En Mars, 2011 (00:19 AM)Folle09
En Mars, 2011 (08:49 AM)Participer à la Discussion