Il n'était ni détenteur, ni ordonnateur, encore moins administrateur du budget. Voilà pourquoi l'imam Mame Tamsir Ndiour ne comprend toujours pourquoi Idrissa Seck a été le seul à être inquiété dans l'affaire des chantiers de Thiès alors que les ordonnateurs des dépenses continuent à occuper des fonctions ministérielles. Même s'il demeure convaincu que l'édile de Thiès a été perdu par son entourage, l'imam de Moussanté a émis dans son sermon de la Tabaski le vœu de le voir retrouver rapidement sa place parmi les siens.
(Correspondance) - La communauté musulmane de Thiès, dans son écrasante majorité, a célébré hier, mercredi, la fête de l'Aïd El Kébir communément appelée Tabaski. A la grande Mosquée de Moussanté, la prière a été conduite l'Imam Mame Tamsir Ndiour. Ce fut l'occasion pour lui d'appeler, dans son sermon, ses frères musulmans à un retour aux préceptes de l'Islam qui est une religion de paix. Car, dira-t-il, la religion est un ensemble de textes, dont le but ultime est d'amener l'homme à la perfection. D'un tel point de vue, poursuit-il, tout problème qui interpelle la société, interpelle de facto la religion. A la suite de quoi, il s'est longuement appesanti sur les faits de société qui rythment la vie des Sénégalais. C'est ainsi qu'il a invité les magistrats à dire le droit au nom du peuple et d'éviter d'emprisonner des gens sur la base de pressions politiques. Il leur a rappelé un passage des Saintes écritures où le Tout-Puissant met en garde les juges en disant qu'ils seront à leur tour jugés de la même façon qu'ils ont jugé leurs semblables. Aussi l'imam de Moussanté leur demandera-t-il de diligenter les dossiers dont ils ont la charge.
Ce rappel sera pour l'Imam de Moussanté la transition vers l'affaire Idrissa Seck. Il demandera aux fidèles présents à la mosquée de prier pour le maire de Thiès, et a émis le vœu de voir Idrissa Seck retrouver rapidement sa place parmi les siens. Il s'est, en outre, étonné de sa mise en accusation devant la Haute Cour de justice et de sa détention à la Maison centrale d'arrêt de Rebeuss. "Loin de chercher à le blanchir, je sais que (dans l'affaire des chantiers de Thiès, Ndlr) il n'était ni détenteur, ni ordonnateur, encore moins administrateur du budget. Pourquoi donc doit-il être le seul à être inquiété dans l'histoire des chantiers de Thiès ?", s'est-il demandé. Il reconnaîra cependant que l'ex-Premier ministre et maire de Thiès a commis des erreurs. Et celles-ci ne sont, à son avis, que la conséquence du mauvais choix de ses collaborateurs : "Idrissa Seck est une idole et non un leader, il a commis des erreurs parce que simplement il a été idolâtré."
Etant à l'ère de la société de l'information, l'imam Ndour a, en outre, consacré un chapitre de son sermon à la presse. Partant du constat que les gens ne réfléchissent plus et ce sont la télé, les radios et les journaux, en somme la presse, qui forgent l'opinion publique, il a invité les journalistes à se conformer aux principes d'éthique et de déontologie et d'entretenir le culte de la vérité dans leur travail, eu égard à l'importance et au rôle de leur profession dans la société.
"A chaque fois qu'ils prendront leur plume pour commenter et rapporter des faits, ils se doivent de mettre Dieu devant eux, car la liberté de la presse ne leur donne nullement le droit d'écrire tout ce qu'ils veulent", a-t-il poursuivi. La liberté de presse ne signifie point anarchie, martèlera-t-il, avant de s'étonner de la sortie du dernier brûlot d'Abdou Latif Coulibaly. Comment peut-on décemment nier un fait pour le reconnaître le lendemain ?, s'étonne-t-il. "Les Etats-Unis d'Amérique sont la plus grande puissance du monde avec l'un des plus efficaces services de renseignement et pourtant, ils n'ont pas jusqu'à ce jour pu élucider les circonstances véritables de l'assassinat de John Kennedy", constate-t-il. Avant de se demander si le Parti socialiste pense avoir affaire avec des Sénégalais amnésiques puisque, dira-t-il, les socialistes font comme s'ils avaient oublié que Me Babacar Sèye a été assassiné sous leur magistère et que c'est leur justice qui avait jugé et prononcé un non-lieu en faveur de Me Wade.
Par ailleurs, l'imam Ndiour demeure persuadé que "notre société est bloquée, malade de ses partis, de ses marabouts et de sa classe politique". Ce qui l'a amené à fustiger les comportements "mécréants" et "hypocrites" de certains citoyens qui entretiennent "un flou douteux" dans les consciences pour satisfaire leurs intérêts personnels, et ceux qui étalent les affaires de l'Etat sur la place publique. Et il incite ces Sénégalais à prendre exemple sur Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Djibo Leyti Kâ pour leur retenue et leur clairvoyance. Ils "sont détenteurs de beaucoup de secrets d'Etat qu'ils se sont gardés d'étaler sur la place publique".
Imam Tamsir Ndiour finira son sermon en demandant à l'Etat de vider les nombreux dossiers qui dorment dans les tiroirs.
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