Manœuvres présidentielles à Paris : L'ombre de Wade perturbe Macky

Le président de l’Assemblée nationale, Macky Sall, et le chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, doivent tous deux se retrouver dans la capitale française, pour des raisons différentes, même si le premier nommé est déjà sur les bords de la Seine. Invité par le Sénat français, Macky Sall, flanqué de ses principaux collaborateurs et d’une cohorte de journalistes sénégalais, semble observer une extrême prudence comme pour ne fâcher le Président Wade ou laisser des plages d’interprétations aux collaborateurs de ce dernier qui ne nourrissent pas toujours de bonnes intentions à son endroit. D’une rive à l’autre de la Seine, le mot d’ordre semble être chez Macky et ses collaborateurs : surtout, pas de scène. Ils sont peut-être instruits par les manœuvres présidentielles depuis la Suisse que Me Wade n’avait pas encore quitté hier dans la matinée.

Le président de l’Assemblée nationale Macky Sall et ses proches collaborateurs marchent sur des œufs. Ils ne semblent rien vouloir faire de susceptible à froisser pour ne pas dire fâcher le Président Abdoulaye Wade ou d’être interprété par ce dernier ou ses collaborateurs comme une défiance ou de donner l’impression d’un affranchissement quelconque. Macky Sall fait tous les efforts pour éviter la presse et, même contraint de parler aux journalistes comme à la fin de son audience avec le président de l’Assemblée nationale française Bernard Accoyer, il en dit le moins possible. Un autre geste qui ne trompe pas, non plus, sur la volonté de Macky Sall de partager les honneurs avec ses détracteurs dans l’espace présidentiel est la bonne place qu’il a faite à ses côtés à Doudou Wade, président du groupe parlementaire Libéral et démocratique qui, pourtant, fait partie de ses plus grands contempteurs. Macky Sall, qui avait prévu de donner une conférence de presse en prélude à sa réception ce 10 septembre au Sénat français, a dû annuler ce face-à-face avec les journalistes au motif exprimé par ses proches de ne«gêner nullement la présence du Président Wade à Paris». Justement, le chef de l’Etat sénégalais, qui était officiellement en vacances en Suisse, a rappliqué à Paris pour les besoins d’une audience avec le Président français Nicolas Sarkozy, prévue cette après-midi à 17 heures 30, presqu’à la même heure où Macky Sall se verra dérouler le tapis rouge au palais du Luxembourg. La concomitance de ces deux agendas ne manque pas de susciter des discussions dans les milieux sénégalais à Paris. Le Président Wade chercherait-il par ce moyen à éclipser la fête parisienne dédiée à son ancien Premier ministre ? D’aucuns s’attendent même à ce que le président de la République fasse de grandes déclarations sur le perron de l’Elysée à sa sortie d’audience, une stratégie pour attirer les feux de l’actualité sur sa personne au détriment de Macky Sall. Il faut dire que la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Abdoulaye Wade était initialement prévue pour le 2 septembre. A la demande du Sénégal, l’audience avait été renvoyée au 9 septembre avant d’être confirmée finalement pour le 10 septembre. Cela pousse à se demander si le Président Wade ne procède pas ainsi à un marquage à la culotte du président de l’Assemblée nationale, d’autant qu’il est annoncé que Karim Wade devrait assister à l’audience du Président Wade avec son homologue français. La polémique soulevée au Sénégal par les invitations de Macky Sall à Denver à l’investiture du candidat du Parti démocrate américain Barack Obama et au Sénat français, mais aussi la forte médiatisation de l’audience accordée par Nicolas Sarkozy à Karim Wade, conseiller spécial du chef de l’Etat sénégalais, semblent montrer que les successeurs potentiels du Président Wade dans les rangs de son parti (le Pds) se mènent un combat aux points marqués sur le terrain diplomatique. L’histoire ne dit pas encore si Macky Sall a fait envoyer un carton d’invitation à Karim Wade, afin qu’il prenne part à la réception qu’organise en son honneur le Sénat français