MANIF - Bousculade au Consulat du Sénégal à Paris : Un doyen du Ps agressé

Suite à l’altercation entre Adama Sarr, Consul du Sénégal à Paris, et Amadou Sy, président de la Fédération du Parti socialiste (Ps) en France, un vent de panique a soufflé au sein de l’opposition. Convaincus du fait que le doyen du Ps en France ait été agressé par le Consul, les représentants des différents partis et organisations ont réaffirmé leur unité et leur soutien à Amadou Sy. La question est désormais de savoir quelles suites ils comptent donner à cette affaire.

Venue avec la ferme intention de dénoncer le mutisme des autorités sénégalaises face au processus électoral et notamment sur les inscriptions sur les listes électorales, l’opposition est certes repartie bredouille sur les réponses qu’elle était venue chercher, mais ne s’est pas déplacée pour rien. Après «l’agression, il y a quelques semaines, d’une femme qui faisait une quête pour une personne malade à l’Ambassade du Sénégal en France», et avec «au Consulat, l’agression d’un vieillard de 75 ans aujourd’hui», les représentants des partis et organisations ont de quoi enrager. Pas tout à fait remis de leurs émotions et la rencontre avec le Consul n’étant plus à l’ordre du jour, tous ont tenu à réaffirmer leurs inquiétudes face à l’état des libertés au Sénégal.

Premier concerné, le Parti socialiste n’a pas mâché ses mots. Autour d’Amadou Sy, Malick Youm et Sanou Dione ont tenu à faire part de leur colère : «Nous ne pouvons pas accepter qu’une autorité soi-disant diplomatique puisse agresser les citoyens. Ce n’est pas acceptable. (...) Nous sommes venus rencontrer le Consul dans une démarche républicaine. Maintenant, le problème est humain : est-il acceptable qu’un consul se paie le luxe de taper sur les citoyens? Des gendarmes sont là et n’ont pas tapé les gens. Ce sont des républicains.»

DENONCIATIONS

A l’instar de M. Fadiga, représentant de la section du Msu en France, tous ont dénoncé le comportement d’Adama Sarr : «Le Consul général, en tant que représentant de la République du Sénégal, devrait utiliser d’autres moyens que les coups de poing. Nous protestons et demandons au Consul général de faire des excuses publiques à Amadou Sy, qui a consacré toute sa vie au combat pour la liberté et la démocratie.» Ont également été mises en lumière les relations de l’opposition avec Adama Sarr. Ainsi, M. Sakho, secrétaire politique de l’Afp, explique : «Nous constatons qu’à chaque fois, nous venons en délégation ici, le Consul essaie de nous détourner de nos objectifs pour créer des conflits inutiles et futiles.» Cheikhou Souaré du Pit renchérit : «Cet homme est impulsif. Et ce n’est pas la première fois. Lors d’une précédente rencontre, il s’est levé et a injurié un de nos militants. Nous avons pu arranger le problème et ce n’est pas sorti, mais aujourd’hui, c’est flagrant. C’est devant une caméra.» Ainsi, insiste Sanou Dione : «Personne n’accepte cette agression aujourd’hui. Joe Gaï Ramaka était là, d’autres étaient là.»

Au-delà de la personne d’Adama Sarr, l’opposition a tenu à dénoncer la politique d’Abdoulaye Wade. Ainsi, les représentants du Ps, scandalisés, dénoncent : «On ne sait pas où Abdoulaye Wade a ramassé ces gens-là, mais ils sont indignes de nous représenter.» «Ce régime est violent. Il choisit les gens sur leur propension à être violents. On ne peut pas dialoguer avec eux», ajoute Malick Youm. «Nous sommes venus en délégation symboliquement. Nous sa-vons que le Consul ne peut rien régler. C’est Abdoulaye Wade qui décide. Il se comporte comme un monarque», dénonce Sanou Dione.

Reste à régler le problème des moyens d’action que va désormais emprunter l’opposition. Ainsi, même si M. Sakho indique qu’ils condamnent «toute sorte de violence, quelle que soit sa provenance», Sanou Dione prévient : «On rendra coup sur coup. Que le Président Wade le sache ! Œil pour œil, dent pour dent.»

Les suites que l’opposition compte donner à l’altercation entre Adama Sarr et Amadou Sy ne sont pas encore connues. Dans un premier temps, Lamine Bâ, représentant d’Iacd, explique qu’«il s’est passé un incident imprévu. Il faut attendre de recevoir tous les éléments pour apprécier cette situation, mais nous la regrettons». Dès lors, les leaders de tous les partis ont annoncé leur intention de se «réunir très rapidement pour voir» ce qu’ils peuvent faire. Une chose est sûre : les représentants du Ps ont annoncé qu’une plainte serait déposée. «Toute l’opposition va probablement porter plainte», ajoute Cheikhou Souaré. Autre source de certitude : tous apportent leur soutien à Amadou Sy et indiquent qu’ils agiront de la même façon que l’opposition s’est mobilisée «quand Dansokho a été agressé par le Président». En attendant, à l’instar de M. Sakho, l’opposition, qui exige «du Président qu’il organise des élections transparentes et démocratiques», se demande si «Abdoulaye Wade, (qui) a eu le pouvoir par les urnes» va «poser les urnes devant les Sénégalais». En faisant peser une seule menace : «s’il ne le fait pas, le Sénégal marchera », conclut Sanou Dione.