La meilleure manière de se faire présenter en homme intrépide est de se faire créer des ennemis fictifs pour pouvoir les combattre avec une fausse radicalité. Il peut être faussement aisé pour les partisans de Karim Wade, envoyés au front par Wade le père, de dire que le Président n’a nullement envie d’utiliser la manipulation constitutionnelle pour placer Junior à la tête du pays. Cette question ne s’est jamais posée.Les deux fers de lance de Karim Wade que sont Doudou Wade le cousin et Cheikh Diallo le « Wonder Boy » ci-devant conseiller en communication de l’Anoci et créateur du concept de cette Génération du Concret, veulent nous convier à un débat qui n’en est pas un. Bien sûr personne ne peut penser à un Abdoulaye Wade qui fait changer la Constitution pour créer un poste quelconque à occuper par Wade Junior et qui ferait de lui le dauphin constitutionnel. Ce qui est en jeu ici est que le père a un plan cohérent de liquidation systématique de tous ceux qui pourront s’opposer à l’ascension du fils.
N’est-ce pas le Président Wade qui disait de celui qui représentait le plus grand danger contre Karim Wade (Idrissa Seck) que lui, le « Gardien de la Constitution », qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher un citoyen (Idrissa Seck encore lui) de devenir son successeur.
Pour créer des conditions psychologiques d’acceptabilité d’un président trop jeune pour un pays gérontocratique comme le Sénégal, on avait déjà suscité des candidatures des hommes de la génération de Karim Wade lors de l’élection présidentielle du mois de février dernier.
Ce 23 novembre 2007 sur Sud Fm, Doudou Wade le cousin, est revenu sur le fait que « le Sénégal de Wade » est au-delà de ce genre de manipulations pour recréer une sorte d’article 35 que Senghor avait utilisé pour installer Abdou Diouf à la tête du pays en 1981.
Cette sortie de Wade le cousin fait suite à un article de Cheikh Diallo le « Wonder Boy », qui nous rappelait que si Karim Wade voulait être président, il sera obligé de se soumettre à l’épreuve des urnes. Bien sûr !
La question qui est posée ici est de savoir même si légalement tout citoyen, y compris Karim Wade, a le droit d’avoir des ambitions de devenir président de la République, est-il décent que Abdoulaye Wade lui-même se mette en avant pour liquider ou intimider tout ceux qui osent montrer des ambitions présidentielles face à son fils ?
Peut-on réellement soutenir en toute bonne conscience que le président de l’Assemblée nationale Macky Sall doit être relevé de son poste parce qu’il a commis « une faute politique » en ayant fait convoquer les responsables de l’Anoci dont Karim Wade qui n’est même pas membre du staff. Si nous comprenons bien, Wade le fils est simplement le président d’un Conseil de surveillance chargé de veiller sur l’exécution correcte des taches confiées à l’Anoci dirigée par Abdoulaye Baldé, seul légalement responsable des actes commis par cette Agence ?
Cheikh Diallo, en plus raffiné, a développé le même argumentaire que Doudou Wade en nous disant que le Sénégal du début de ce siècle ne saurait accepter une transition monarchique.
Malgré tout, le plan mûrement réfléchi et exécuté minutieusement, est que Wade le fils se prépare à lancer une Opa, (Offre publique d’achat) sur le Pds par la Génération du Concret au tout plus prochain Bureau Politique du Pds qui sera transformé en Congrès extraordinaire pour livrer ce parti à Karim Wade.
Une fois cette opération réussie, il ne restera que, comme le prédit Doudou Wade, le cousin, un signe d’orientation qui sera donné par Wade le père pour aller à une consultation électorale communale pour faire de Karim Wade le maire du Point E, comme tremplin pour éjecter Pape Diop de la mairie de Dakar . Avec un budget de plus 11 milliards, Wade le fils aura la meilleure des plateformes pour se préparer à la prochaine élection présidentielle (peut-être anticipée).
Jusque là, rien d’anormal me diriez-vous. Mais ce qui pose politiquement un problème est que si Karim Wade était exposé politiquement comme ceux qui lui donnent une inspiration, rien de grave ne se poserait. Ses inspirateurs sont entre autres, Faure Gnassingbé du Togo et Assad le fils Hafez Al Assad de Syrie. Le premier fut quand même un ancien ministre de l’information de son père et porte parole du gouvernement de ce dernier. Le jeune Assad, malgré tout, est un officier supérieur de l’armée d’un pays officiellement en état de guerre permanent avec l’Israël l’ennemi de toujours. Pour ce qui est de Wade le fils, il reste encore à lui trouver un autre titre que celui d’être le fils de son père.
Il est vrai que l’Anoci, est mis au service des ambitions présidentielles de Karim Wade, par fois même dans des conditions cocasses. Nous avons vu que lors de la deuxième prestation de serment du Président Wade, ce sont des hôtesses avec badges Anoci, qui installaient des officiels à la tribune du Stade Léopold Sédar Senghor. Demandez à Aida Mbodj quelle humiliation a-t-elle subie ce jour devant ces hôtesses de l’Anoci .
En plus, tous les milliards attendus des partenaires arabes (qui ne sont pas finalement venus) avaient pour objectif de créer un bilan économico- politique pour un candidat néophyte.
Les émeutes déclenchés par les « ambulants » ont-ils sonné une alerte suffisante pour rappeler que le Sénégal est une République ? Le développement des événements dans les jours à venir nous édifieront.
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