MOUSSA TINE : « Il faut une opposition à l’Assemblée nationale pour jouer le rôle de sentinelle, de veille et d’information »

Alors que l’opposition boycotteuse est revigorée par le faible taux de participation des militaires et paramilitaires aux législatives des 26 et 27 mai dernier, les responsables des coalitions ou de partis politiques en lice pour les législatives multiplient les stratégies pour convaincre les populations à voter pour leurs listes. C’est dans ce cadre et en marge des activités que mènent les investis de l’Alliance pour le Jëf-Jël à Thiès, que le député Moussa Tine, investi sur la liste nationale de son parti a tenu à expérimenter une mobilisation de proximité dans son fief avant-hier...

Pour le numéro deux du Jëf-Jël, Moussa Tine, ce qu’il ne faut jamais faire dans un pays c’est de décrédibiliser le processus électoral. « Malheureusement, dira-t-il, on est arrivé à ce stade au Sénégal ». A en croire le camarade de Talla Sylla, l’élection présidentielle du 25 février dernier, au lieu de consolider les acquis des élections de 2000 qui avaient fini de faire comprendre aux Sénégalais la valeur de la carte d’électeur, a découragé ces derniers. Il s’est aussi désolé du fait qu’au sortir de l’élection présidentielle « tout le monde ait cherché et cherche encore ceux qui ont élu Me Abdoulaye Wade sans les trouver ». C’est ce qui a fait dire à Moussa Tine que les gens pensent que leur vote n'est plus utile. Cependant, pour ce dernier, ce n'est pas une raison pour boycotter les élections ; « ce qu'il fallait, c'est dire certes ils ont volé mais mon devoir c'est de contrôler tout ce qui s'était passé et de me mobiliser davantage pour faire respecter le verdict des urnes ». 
Pour ce faire, M. Tine a, quand même, reconnu que ce rôle n'est pas seulement dévolu aux partis qui n'ont pas en leur sein des appareils pouvant surveiller ou contrôler le processus électoral. Ce qu'il faut faire, a-t-il martelé, c'est de créer un rapport de force puissant en impliquant les populations comme ce fut le cas en 2000 à telle enseigne que personne n'osera frauder le jour du trois juin. Ainsi, pour Moussa Tine, il faut tout faire pour éviter que le Parti démocratique sénégalais et les partis qui le soutiennent occupent seuls l'assemblée. En effet, pour lui, il faut tout faire pour qu'au niveau de l'hémicycle, il y ait des opposants pour jouer le rôle de sentinelle. Aujourd’hui, poursuit le leader politique, avec « l'avènement du Parti démocratique sénégalais qui cherche à confisquer tous les pouvoirs, il faut la présence de députés de l'opposition pour jouer un rôle de veille, de surveillance et d'information ».
Pour appuyer son argumentaire le député Moussa Tine a rappelé le rôle que les députés de l'opposition ont joué dans cette législature finissante en dénonçant ce qui se tramait sur le dos d'Idrissa Seck dans l’affaire dite des chantiers de Thiès, ce qui se faisait dans le cadre de l'avion présidentiel, sur la préparation de la loi d'amnistie sur l'affaire Me Seye et les crimes politiques, ainsi que sur la distribution des ressources budgétaires, la création d'agences où  étaient logés les fonds publics.
Cependant, reconnaît-il, ce travail d'alerte doit être accompagné par l'implication des populations qui doivent réagir par rapport à l'information fournie par ces députés. Sur cette même lancée, le responsable de Jëf-Jël estime qu'il faut régler le problème de leadership de l'opposition et ensuite parler à la population pour l'impliquer carrément dans la surveillance du processus électoral. « Un travail qui nécessite de la persévérance », a-t-il déclaré.