Négociations présumées entre Wade et Idy :L'obstacle Bara Tall

Ces derniers temps nos confrères ont révélé l'existence probable de négociations secrètes entre l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck et le président Wade. L'objet de ces négociations ne serait rien de plus qu'une réconciliation au sommet et un probable retour du maire de Thiès dans les rangs du Pds. Cette perspective, démentie de manière formelle par certains proches du président, ne nous semble pas vraisemblable. Pour la raison bien simple que le président de la République avait affirmé, il n'y a guère, que « le sort de Idrissa Seck dépend de Bara Tall ». Cette phrase, quoique laconique, explique toute la difficulté pour les négociateurs de parvenir à un accord entre le président et son ancien Premier ministre. Quoi qu'en politique…

C'est que l'affaire des chantiers de Thiès est restée en travers de la gorge du saint des saints, et son règlement définitif est la condition sine qua non d'un retour ou non de Idrissa Seck à ses côtés. Sous réserve, bien entendu, qu'il soit blanchi par la justice. Rappelons que 42 milliards de nos francs ont été engloutis dans ces fameux chantiers de Thiès, et que le principal responsable des pratiques de surfacturation et de sous-traitance a été identifié par les enquêteurs de l'Inspection générale d'Etat. Bara Tall, nommément cité par le rapport produit à cet effet, reste donc la clé de la nébuleuse des chantiers de Thiès où se confondent détournements, corruption, marchés accordés de manière complaisante à des sociétés fictives etc. Au cœur de cette nébuleuse, l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, accusé d'être le complice de l'entrepreneur car, selon le rapport de l'Ige, les deux hommes devraient rembourser SOLIDAIREMENT (c'est nous qui soulignons) plusieurs dizaines de milliards encaissés indûment sur le dos du contribuable. Cette affaire n'étant pas encore élucidée par la Justice , les observateurs voient mal le président discuter avec l'un des protagonistes, même pour des raisons de calculs politiciens. Car dans l'entourage immédiat du président Wade, on reste convaincu que celui-ci peut facilement être réélu sans avoir besoin d'avoir à ses côtés un Idrissa Seck sur la tête de qui pend le glaive de la Justice. On affirme même que si ce dernier revenait auprès du président, il pourrait compromettre très sérieusement sa réélection. Les Sénégalais n'oublieront pas de ramener alors sur le tapis l'affaire de ces fameux chantiers, et l'opposition ne manquerait pas, à cette occasion, de bâtir sa campagne sur le thème des détournements et pratiques de mal gouvernance dont on accuse l'ancien Premier ministre. Négocier avec Idrissa Seck est donc une opération trop risquée pour un président qui a toujours souhaité placer son mandat sous le signe de la transparence et de la bonne gouvernance. Reste que Bara Tall a plusieurs cordes à son arc et qu'il s'arrangera toujours pour retarder l'échéance d'un procès. Ce qui retarderait, du même coup, toute réconciliation entre Wade et Idrissa Seck si, bien entendu, celui-ci est blanchi par la Justice. Encore que, selon nos sources, même si Idrissa Seck venait à être blanchi, ses multiples tentatives de diviser le Pds sans avoir l'air d'y toucher l'ont davantage éloigné du fondateur et tout puissant chef de ce parti.