Police nationale : Un parfum de détournement dans l'air

Les policiers du Sénégal sont remontés contre leurs chefs hiérarchiques. Depuis bientôt trois ans qu’ils attendent les services rétribués ou services payés, les responsables au niveau de la direction de la police ne trouvent pas de réponses. Les officiers supérieurs chargés de la collecte et de la paie du service rétribué restent muets sur la question tandis que les gardiens de paix qui comptent beaucoup sur cet argent sont régis par des obligations de réserve. Ainsi la somme d’argent a été multipliée par trois et les policiers pensent de plus en plus à un détournement.

Il y a trois ans, les policiers réclamaient dans nos colonnes la rétribution des services payés. Aussitôt après l'administration de la police avait diligenté le payement aux différents commissariats du pays. Trois ans après, les policiers réclament toujours les même services rétribués à leurs supérieurs. Mais, cette fois-ci, les limiers soupçonnent les chefs hiérarchiques de se sucrer sur leur dos. ’D’habitude, cette somme d’argent nous est remise à la veille d’une fête pour compléter nos dépenses. Mais voilà trois ans que nous l’attendons et l’officier chargé de la payer est introuvable alors qu’il dispose depuis longtemps de nos fonds’, confie un policier. Selon notre source, le trésor public a déjà décaissé les fonds qui ont été remis à la Direction du matériel et du budget chargée de faire le dispatching dans les différents commissariats. Mais, voilà que depuis trois ans, les bénéficiaires sont sans aucune nouvelle des services payés. Une situation que les policiers ne comprennent pas.

Le service rétribué encore appelé service payé provient des différentes interventions de la police dans le cadre du maintien de l'ordre public. Nos policiers, parmi les plus sollicités, reçoivent de la part des organisateurs comme l'Odcav et d'autres organisateurs de manifestations des sommes d'argent pour la prise en charge (repas et primes). Selon notre source, le trésor public a toujours fait son travail. Cette année encore, les fonds ont été versés à la police. Mais les commissariats n'ont toujours rien reçu. Ce qui lui fait dire qu'il y a un détournement de ces fonds.

Au ministère de l'Intérieur, personne n'ose parler de ces services rétribués. La loi du silence règne en maîtresse. Un officier proche de la Direction du matériel et du budget dit n'avoir aucune information y relative. Mais, croit que les lenteurs constatées dans la libération des fonds sont dues aux ‘lourdeurs administratives’. Une réponse assimilable à un faux-fuyant et qui est loin de satisfaire notre source qui reste convaincue que le trésor a déjà versé la part des policiers, mais qu'elle a été détournée. ‘Nous avons la certitude que l'argent a été détourné par les officiers qui, seuls, ont accès à l’argent. Non contents d'avoir toutes les indemnités, les voilà qui piquent nos maigres sous. Nous sommes envoyés dans toutes les manifestations au Sénégal où nous courons souvent de gros risques. Nous ne demandons pas des récompenses ; les services payés nous appartiennent, qu’ils nous les payent’, clame notre source.

Les policiers rencontrés ne comptent pas baisser les bras. Ils entendent poursuivre leur propre enquête pour savoir qui, à leur place, a profité des services rétribués.

Services rétribués : Mode d'emploi

Le service rétribué n'est distribué qu'aux policiers qui travaillent à la base, constitués en majorité des agents les moins gradés. Il varie suivant les commissariats. En 2003, chaque policier des commissariats de Dakar avait reçu 30 000 F. Tandis que ceux de la banlieue ont perçu environ 25 000 F. Les commissariats de l'intérieur ne perçoivent en général que de petites sommes. Cela s'expliquant, certainement, par la plus grande fréquence d'utilisation des policiers affectés dans les commissariats de la capitale où l'ordre public est le plus souvent menacé.