A l'image de l'Europe après la seconde guerre mondiale, le patron de l'Afp, Moustapha Niasse, conscient que le Sénégal et l'Afrique sont « malades », convaincu que rien ne pourra se faire sans un élan de patriotisme, une volonté commune, un diagnostic des « anti-valeurs », demande aux Sénégalais et Africains de s'élever au-dessus des querelles politiciennes. Profitant des journées de réflexions de l'Alliance nationale des cadres de l'Afp (ANCP), Niasse propose un Plan Marshall pour réveiller le Sénégal endormi.
Tous convaincus que le Sénégal est malade, et est mal gouverné, tous les cadres de l'Alliance des forces de progrès (Afp), réunis autour de l'Ancp, se sont donné rendez-vous ce week-end pour, ensemble, toucher du doigt les vrais fléaux du pays, diagnostiquer ses pathologies, proposer des solutions de sortie de crise. Citant la Bible , Niasse, certain que l'Afp, tel un rocher, résistera à la tempête violente du régime libéral, demande à ses camarades de parti et ceux de l'Afrique de semer sans se décourager ; parce qu'un jour viendra, « certains » quitteront, et que d'autres récolteront les fruits d'une bonne semence. D'emblée, Alioune Sarr, coordonnateur de l'Ancp, pour camper le débat, a axé sa communication sur le thème du jour : « Quel service public pour le Sénégal à l'horizon 2015 » ; dénonçant ce qu'il appelle le dysfonctionnement de tous ordres, la faible capacité d'une administration trop lourde gangrenée par la mal gouvernance, la corruption, le favoritisme, l'instabilité institutionnelle etc. Pour tous ces éléments combinés, le leader de l'Afp, Moustapha Niasse, dira simplement que le Sénégal est malade, et que l'Afrique est gravement touchée par une maladie contagieuse. « Nous n'avons pas le droit de fermer les yeux, les élites africains doivent s'engager résolument, faire une réflexion commune pour sortir nos pays de l'enlisement. Pour ce qui est d Sénégal, tous doivent combattre le régime de la mal gouvernance, de la gabegie, du favoritisme pour sortir du fond de la mare», martèle-t-il. Et Niasse, pour étayer son argumentaire, de citer le Camerounais Alain Bindjouli-Bindjoulin, docteur en génie de procédés à l'Université Claude Bernard de Lyon : « Pourquoi ce qui est possible en Asie ne le serait-il pas en Afrique, pourquoi l'Afrique maintient toujours les mêmes options politiques et économiques, comment l'Afrique peut se développer si les gaspillages continuent (…) ». Pour bouter dehors ce mal devenu presque récurrent et permanent, Niasse propose un Plan Marshall, où toutes les forces vives de l'Afrique en général, et du Sénégal en particulier, résolument, vont s'engager vers une rupture totale, et s'élever au-dessus des querelles politiciennes et partisanes pour se sauver… « Ceci suppose la fin de la « devinisation » de dirigeants chefs d'Etats qui se revêtent du manteau de Jupiter, et du haut de l'Olympe, se croient tout permis et infaillibles. Aucun pouvoir n'est éternel, nous devons investir dans l'innovation et dans la maîtrise des techniques et technologies, pour une croissance économique maîtrisée », indique-t-il. Selon lui, l'Afrique détentrice de 13% des ressources pétrolières mondiales et d'autres minerais, est en mesure de s'élever, si elle s'organise.
« Nous devons nous ressaisir… »
« L'Afrique doit se ressaisir, les pays qui la composent doivent relever le défi. Ceci doit se faire sans précipitation, loin des haines et querelles inutiles ». Revenant sur le cas du Sénégal, Niasse s'étonne et s'interroge, à savoir, pourquoi le Sénégal ne serait-il pas capable, à son tour, d'impulser une dynamique de promotion économique et sociale, et ressouder le binôme indissociable de la démocratie et du développement. « Le peuple doit s'organiser et réclamer ses droits. Le Sénégal vrai est endormi, il faut le réveiller et aller en avant, respecter les institutions, donner à la justice ses forces et sa responsabilité, car comme le dit Tony Blair, la dette historique est impayable ». Par ailleurs, Niasse, saluant la présence de Dansokho, de Madior Diouf, du Msu, de la Ld , précise que le Sénégal a depuis le 15 avril 1975 signé à Marrakech, signé l'acte de l'OMC, puis les conventions de Yaoundé, Lomé, et en 2000 celles de Cotonou. Pour lui, tous ceux qui avaient signé la convention de Cotonou, ont signé les APE. En réalité, le Sénégal ne signe pas, c'est un paraphé que les présidents des entités tels que la Cdeao , le Sadec, la communauté des grands lacs, l'UE paraphent. « La côte d'Ivoire, le Ghana, le Nigeria ont signé, parce qu'ils ont des biens à exporter, tout le monde signera, le Sénégal seul, ne pourra rien contre cette unité d'action. D'ailleurs, on n'est pas invité à signer, pour dire qu'on ne signe pas…Les gesticulations de Bruxelles, de Dakar, ne serviront à rien. Nous devons arrêter de tromper l'opinion, refuser la fatalité du mal développement, se ressaisir pour mettre fin à cette situation de faim… »
0 Commentaires
Participer à la Discussion