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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Pr Awa Marie Coll Seck (Ancien ministre) : Le ministère de la Santé a besoin de stabilité

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Pr Awa Marie Coll Seck (Ancien ministre) : Le ministère de la Santé a besoin de stabilité
La stabilité, c’est ce dont a le plus besoin le secteur de la santé pour avoir de bons résultats. C’est pourquoi le Pr Awa Marie Coll Seck, rencontrée en marge des Journées médicales de l’hôpital Principal dont elle était la marraine, prie pour que le nouveau ministre de la Santé ait une plus grande longévité que ses prédécesseurs, dont elle-même, à la tête de ce département. Le directeur exécutif du Partenariat Roll Back Malaria s’est également prononcé dans cet entretien sur la lutte contre le paludisme en Afrique.

Wal Fadjri : Neuf ministres de la Santé en neuf ans d’alternance. En tant qu’ancien ministre de la Santé du Sénégal, comment appréciez-vous l’instabilité institutionnelle à la tête de ce département ?

Pr Awa Marie Coll Seck : Dans tous les départements ministériels, il faut une stabilité. C’est dommage qu’il y ait eu autant de changements à la tête du secteur de la santé. C’est pour ça que j’ai souhaité beaucoup de succès et surtout une longévité au nouveau ministre de la Santé. Cela permettra de stabiliser le secteur et d’avoir de bons résultats.

Wal Fadjri : Vous avez été la marraine des Journées médicales de l’hôpital Principal de Dakar dont le thème principal porte sur les ‘infections’. Parmi les maladies infectieuses, laquelle pose aujourd’hui plus de problèmes aux pays africains ?

Pr Awa Marie Coll Seck : Ces maladies infectieuses sont déjà très difficiles. Dans les pays africains, trois maladies infectieuses tuent, à elles seules, à peu près cinq millions de personnes. C’est le paludisme, la tuberculose et le sida. Trois maladies qui méritent une attention particulière. Si le sida, dans certains pays de l’Afrique, est la première cause de mortalité chez les adultes, le paludisme, en ce qui le concerne, constitue la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans en Afrique. Ce qui veut dire que le paludisme est une maladie grave qui, même s’il ne tue pas beaucoup les adultes, les place dans une situation de handicap avec un fort taux d’absentéisme. Ce qui constitue un impact économique considérable pour les pays.

Au-delà de ces infections récurrentes, d’autres infections comme celles qui s’attrapent en chirurgie, les infections liées aux soins…, ont fait l’objet de débats lors de ces journées. Cette rencontre a passé en revue toutes sortes d’infections. Je voudrais remercier les médecins militaires de l’hôpital Principal de Dakar pour ces trois jours de débats et d’apprentissage très enrichissants. Je suis très fière d’être la marraine de cette manifestation.

Wal Fadjri : Lors de ces journées, il a été également question de la responsabilité médicale ?

Pr Awa Marie Coll Seck : La responsabilité du personnel médical a été mise en exergue lors de cette rencontre. Face à cela, la question majeure que l’on se pose, se situe entre non-assistance à des personnes en danger et qualité des soins. En effet, le code nous indique qu’un médecin ne doit pas exercer si les conditions de soins ne sont pas réunies. La santé doit régler des problèmes et ne pas nuire. Si des soins sont mal effectués, des poursuites judiciaires peuvent survenir et le médecin peut être condamné pour faute grave. Le personnel et les autorités médicales doivent consentir des efforts supplémentaires. Ces autorités doivent mettre ce personnel dans de bonnes conditions de soins.

Wal Fadjri : Le Groupe Medecines for malaria venture (Mmv) tient sa réunion du Conseil d’administration à Dakar. Pourquoi le choix du Sénégal ?

Pr Awa Marie Coll Seck : Medecines for malaria venture est un groupe qui s’occupe de la recherche pour lutter contre le paludisme et il tient son Conseil d’administration à Dakar. Le choix du Sénégal s’explique par les bons résultats observés au niveau du pays. Cette rencontre permet de passer en revue tous les médicaments qui sont en voie d’être découverts ou qui sont déjà sur le marché dans le cadre du traitement du paludisme.

Wal Fadjri : Pouvez-vous nous faire l’état des lieux des médicaments contre le paludisme ?

Pr Awa Marie Coll Seck : Aujourd’hui, nous avons sur le marché des médicaments à base d’arthémisinine. La nivaquine ne marche plus. Le seul médicament efficace reste les Act. Il faut qu’une recherche soit faite pour trouver d’autres produits efficaces. Et au cas où il y aurait des difficultés, qu’on puisse faire le bon choix des produits. C’est dans ce sens que Mmv apporte beaucoup d’espoir dans le cadre de la lutte contre le paludisme. Dans les années à venir, plusieurs médicaments seront testés et l’espoir est permis pour une plus grande efficacité.

Wal Fadjri : Cette recherche est-elle en bonne voie ?

Pr Awa Marie Coll Seck : Elle est en bonne voie, mais elle n’est pas facile. Elle demande beaucoup de moyens. Espérons qu’il pourra y avoir des alternatives le plus tôt possible.

Wal Fadjri : Qu’est-ce que le Roll Back Malaria (Rbm) est en train de faire pour promouvoir la recherche dans ce sens ?

Pr Awa Marie Coll Seck : Le groupe Mmv est un partenaire de Roll Back Malaria. Au-delà de ce volet recherche, Rbm travaille dans la mise en œuvre des résultats de la recherche. Nous appuyons les pays dans ce sens et apportons des moyens dans la promotion de la recherche. Le Fonds mondial fait partie de Rbm et tous les autres partenaires qui travaillent dans le cadre de la lutte contre le paludisme sont impliqués. C’est pourquoi nous sommes présents dans tous les aspects du paludisme.

Wal Fadjri : Vous avez parlé de phase charnière dans la lutte contre le paludisme. Pouvez-vous étayer vos propos ?

Pr Awa Marie Coll Seck : Nous sommes à une phase charnière car tous les acteurs de la lutte contre le paludisme adhèrent à la stratégie mondiale mise en place. C’est la première fois qu’un tel engagement se passe et c’est sous l’égide de Rbm. Beaucoup de partenaires appuient les pays, mais aussi apportent plus de moyens. Il y a dix ans, on avait 60 millions de dollars pour lutter contre le paludisme. A la fin de 2008, on était à 2 milliards de dollars. C’est dire que nous sommes à une période très importante de cette lutte contre le paludisme. Nous avons beaucoup d’atouts pour avoir du succès et en terme de prévention, nombre de pays commencent à avoir une meilleure couverture. Que ce soit pour les moustiquaires ou les mesures d’hygiène sur l’environnement, les pulvérisations dans les domiciles ou même l’accès au traitement.

Le Sénégal est en train de faire de très grands pas. Cette année, on pourra documenter les efforts réalisés. Et montrer que c’est un pays qui fait partie de ceux qui ont enregistré plus de progrès dans la lutte contre le paludisme. J’en profite d’ailleurs pour féliciter tous les acteurs et les populations dans l’effort de changement de comportement, notamment sur l’utilisation des moustiquaires et à se rendre rapidement dans les structures de soins une fois la fièvre constatée.

Wal Fadjri : Face à la crise financière, n’y a-t-il pas de craintes à propos du financement de la lutte contre le paludisme ?

Pr Awa Marie Coll Seck : C’est sûr que des craintes existent avec la crise financière internationale. D’ailleurs, des difficultés sont notées dans tous les secteurs. Par exemple, aux Usa, nous avons une crise dans le secteur de l’automobile. La crise n’est pas terminée et cette situation pourrait avoir des répercussions dans tous les secteurs, dont celui de la santé. A Davos, les décideurs et les bailleurs se sont engagés dans le financement de certaines priorités. Parmi ces priorités, on peut relever les problèmes de santé. On pourra traverser cette crise avec les engagements pris par les grands décideurs de monde.

Wal Fadjri : Quels sont ces engagements ?

Pr Awa Marie Coll Seck : Il s’agit de continuer à soutenir les programmes comme le Fonds mondial et Rbm, ainsi qu’Onusida. Je nourris beaucoup d’espoir sur ces engagements. Il suffit de réduire l’argent destiné aux armes et autres missiles et de mettre l’accent sur les problèmes sociaux que sont la santé, l’éducation et l’agriculture.



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