Réception au pavillon Dauphine : Le président Wade savoure sa victoire sur l’opposition

C’est dans un désordre qui ne semble pas lui déplaire que le président Abdoulaye Wade a communié, pour la première fois, avec les Sénégalais de France, depuis sa réélection à l'issue de la présidentielle du 25 février 2007. C’était mardi, à l’occasion d'une réception organisée par l’ambassade du Sénégal au pavillon Dauphine à Paris. Le président Wade en a profité pour se projeter dans l’avenir.

(Correspondant permanent à Paris) - Le pavillon ‘Porte Dauphine’, devenu, mardi, un des hauts lieux de rencontre des Sénégalais, a refusé du monde. Le président Abdoulaye Wade a été accueilli par une foule énorme à la réception organisée à son honneur par l’ambassadeur du Sénégal à Paris, Doudou Salla Diop. La foule était si nombreuse que les invités ont été à l’étroit, à cause du surnombre par rapport à la capacité d'accueil de la salle. Les militants libéraux qui n’avaient pas de carton d’invitation, ont forcé le portail pour participer à la fête. Au grand bonheur du député des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Ciré Sall, qui a poussé un ouf de soulagement quand ses militants ont accédé à la salle. ‘Cela m’aurait causé beaucoup d’ennuis si les militants étaient restés dehors. Je n’aurais eu à gérer que des problèmes après’, déclare-t-il, soulagé.

Certains ministres qui accompagnent le président Wade ont aussi déploré l’organisation. ‘C’est très mal organisé. C’est du désordre’, fustige notre interlocuteur qui préfère garder l’anonymat pour ne pas mettre mal à l’aise les organisateurs. Apparemment, ce désordre ne semble pas pour autant déplaire au président Wade, visiblement ravi de voir une aussi grande foule lui témoigner son affection. ‘Tout le monde sait que le président aime les bains de foule. Et la dernière campagne électorale a encore montré cela. Durant celle-ci, il a, par moment, fait face à des foules énormes’, commentera un militant libéral.

Pour montrer qu’il est loin d’être déçu par l'accueil, le chef de l'Etat a tenu à leur adresser quelques mots, ‘même si cela n’avait pas été prévu dans le protocole’, laisse entendre une source diplomatique présente à la manifestation. Sourire aux lèvres, mine des grands moments de joie, le président Wade saisit le micro installé à la hâte, pour balayer d’un revers de main les tentatives de l’opposition de noircir le processus électoral et les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel. Pour le chef de l'Etat, c’est pour éviter toute fraude et toute contestation qu’il a fait faire une refonte du fichier électoral. Il estime que ‘l’utilisation des Nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui a conduit à la fabrication des cartes d’identité et électorale numérisées, ôte toutes formes de fraudes et donc de contestations postélectorales’. C’est pourquoi, dira-t-il, ‘au lendemain des élections, les élèves et les étudiants sont retournés en classe’. Ce calme constaté au Sénégal au lendemain des élections, le chef de l’Etat l'explique par le fait que, ‘dans les bureaux de vote, il y a eu les représentants des partis politiques qui ont contrôlé de bout en bout le déroulement du scrutin’.

Quid des contestations du Ps et de la Ld/Mpt ? Le président Wade de dire qu’il a été le seul candidat à avoir été lésé dans ce scrutin du 25 février. Il a fait allusion aux procès-verbaux annulés dans certaines localités du Sénégal qui pouvaient encore creusé l’écart entre ses adversaires et lui. Suffisant pour inviter les diplomates africains présents à la cérémonie à recourir aux Nouvelles technologies dans l’organisation de leurs élections. Surtout dans les pays où les élections sont toujours contestées.

Le président Wade a abordé d’autres points durant son adresse. C’est pour dire que ce sont les jeunes qui l’ont élu le soir du 25 février dernier, coupant ainsi cours à ses détracteurs qui estimaient que les jeunes lui avaient tourné le dos. ‘Même les jeunes que j’ai ramenés d’Espagne, ont voté pour moi’, lance-t-il à la foule composée pour la plupart de jeunes.

Malgré tout, le chef de l’Etat a les yeux rivés sur les législatives du 3 juin prochain. Dans cette perspective, il révèle que la liste du Pds sera paritaire. ‘Notre liste nationale sera composée d’hommes et de femmes. A chaque fois que je mettrai un homme, il y aura une femme aussitôt après. Ce sera la première fois dans le monde qu’une liste électorale sera ainsi composée’, lance-t-il à la gent féminine venue en masse. Mais le président concède que ce qui sera fait pour la liste nationale, ne pourra pas être reproduit pour la liste départementale.

Se projetant toujours dans l’avenir, le président Wade indique que son option est faite de laisser à la postérité les bases du développement du Sénégal. Et le développement, selon lui, s’appuie sur des infrastructures de qualité, notamment celles routières qui lui tiennnent à cœur. C’est pourquoi, dit-il, ‘la construction de routes de qualité va être poursuivie durant mon quinquennat’. Et, cela, partout au Sénégal. Une manière de contrer l’opposition qui lui rappelle souvent que le Sénégal ne se limite pas à Dakar.

Dans le cadre de la coopération internationale, le président Wade tend la main à l’Europe. Pour lui, d’après des analyses prospectives, ce sont les Etats-Unis, le Brésil, l’Inde et la Chine qui sont les grandes puissances de demain. Alors, pour que l’Europe ne soit pas laissée au bord de la route, elle doit s’allier à l’Afrique.’L’Afrique dispose de matières premières et de ressources humaines. Si l’Europe s’allie à l’Afrique, elles formeront ensemble un pôle de puissance qui comptera demain dans le concert international’, lance-t-il à ses invités surtout européens. Mais, Wade avertit qu’il ne s’agit pas de recréer l’Euro-Afrique, mais un partenariat fécond dans l’intérêt des deux parties.

N’est-ce pas, aussi, une autre façon d’enterrer la Françafrique ?