Avant même son départ du gouvernement de Mame Madior Boye, suite au naufrage du bateau Le Joola, il ne faisait plus de mystère à Ziguinchor, sur les relations exécrables entre l’ancien ministre des Forces armées, Youba Sambou, et l’ex-n° 2 du Parti démocratique sénégalais (Pds) Idrissa Seck, alors tout puissant directeur de cabinet du président de la République. A Ziguinchor, c’était devenu un secret de polichinelle qu’entre les deux hommes, ce n’était pas le grand amour. Les conjectures prenaient libre cours sur les raisons de ce froid. On parla même d’un véto que le maire de Thiès aurait opposé au souhait du président de la République, de faire de l’édile de Bignona le président de l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui, sans confirmer de telles rumeurs, l’ancien ministre des Forces armées lève un coin du voile sur les relations heurtées qui l’ont opposé à l’ex-Premier ministre. Celles-ci tenaient d’abord au management du Pds, avant qu’elles ne soient transposées au sein du gouvernement. «Je n’étais pas d’accord avec la façon dont Idrissa Seck manageait le parti. En sa qualité de n° 2, il avait sous sa responsabilité toute l’activité politique du parti, mais il avait laissé, pour des raisons que j’ignore, le parti dans une totale léthargie. Aucune des structures nationales du parti ne fonctionnait. Et à force de dénoncer cette situation qui, à mes yeux, risquait d’inhiber l’ardeur des militants et de disloquer le parti, il a vu en moi un adversaire qui voulait le descendre de son poste de secrétaire général adjoint», explique M Sambou. Celui-ci fonde ses critiques d’alors sur sa volonté ardente de voir les structures du Pds fonctionner à l’instar du Parti socialiste lorsqu’il était au pouvoir. «Depuis Senghor, on a toujours remarqué que le Parti socialiste réunissait régulièrement ses instances dirigeantes. Ce qui lui permettait, par le biais de ses responsables locaux qui remontaient toutes les informations de la base au sommet, d’avoir une claire conscience des attentes des populations, et de leur apporter des réponses idoines».
Cependant, sur les manifestations de leurs heurts au sein de l’appareil d’Etat, Youba Sambou ne veut rien révéler. «A présent que je ne suis plus au gouvernement, vous comprenez que je ne puisse pas me prononcer sur ce qui s’est passé», s’excuse-t-il. Et de souligner toute la peine qui était la sienne, lorsque, pendant la campagne électorale de 2002, il a fait courir, à Bignona, le bruit qu’il aurait reçu un financement de 60 millions du Pds, pour les besoins de cette campagne. «Cela m’a discrédité aux yeux de la base et j’en suis resté profondément meurtri», se désole encore Youba Sambou, qui digère mal, malgré tout cela, que des gens osent encore l’accuser d’organiser des militants du Pds pour rejoindre Idrissa Seck, d’abord à Malika (banlieue dakaroise), puis à Bignona.
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