Retour d'Idrissa SECK au Pds et dans l'Etat : Le président Wade lève les obstacles

Pour faire revenir Idrissa Seck au Pds et dans l'Etat, le président Abdoulaye Wade devra lever un certain nombre de récifs. Et il semble s'y employer en levant d'abord l'obstacle Djibo Kâ et en réussissant à faire revenir les faucons du palais présidentiel à de meilleurs sentiments. Il reste, cependant, l'équation Macky Sall et les deux chefs d'inculpation qui pèsent encore sur le maire de Thiès.

Lorsque, depuis Bambey, le ministre-conseiller du chef de l'Etat, Modou Amar, par ailleurs numéro deux de l'Union pour le renouveau démocratique, avait déclaré que son parti ne s'opposait pas à un retour d'Idrissa Seck dans le Pds, une certaine opinion avait vite fait de dire qu'il n'avait fait que traduire la pensée de ses maîtres, Djibo Kâ et Me Abdoulaye Wade, en l'occurrence. Telle Pythie, par la bouche de laquelle Appolon rendait des oracles.

En tout cas, la déclaration de Modou Amar a le don de lever définitivement le récif que constituait Djibo Kâ pour un éventuel retour d'Idrissa Seck aux affaires. Et le président Wade et le secrétaire général de l'Urd, Djbo Kâ, semblent s'accorder dans cette contingence. "Le contexte a changé", avait excipé Modou Amar ajoutant "que l'Urd est un allié stratégique du président Wade et n'a pas à lui dicter des positions". Ce qui veut dire, en termes plus clairs, que si Me Abdoulaye Wade souhaite faire revenir à ses côtés Idrissa Seck, l'Urd ne s'y opposerait pas.

Un obstacle de levé donc par le président Wade sur le chemin du retour d'Idrissa Seck. Surtout quand on sait que Djibo Kâ et l'Urd avaient de bonnes raisons d'opposer leur "véto". Idrissa Seck, au faîte de sa puissance, avait violemment refusé l'entrée des rénovateurs dans le gouvernement. "Si Djibo Kâ entre dans le gouvernement, j'en sors", avait-il, en substance, répondu au chef de l'Etat lorsque ce dernier lui avait fait part de sa volonté d'ouvrir la porte du gouvernement à l'Urd. Se refusant à appliquer la loi du talion, Djibo Kâ semble avoir décidé de faciliter la tâche à Me Abdoulaye Wade. Lequel continue de baliser le terrain du retour à son ex-sherpa.

Alors qu'Idrissa Seck était en prison, le président Wade a, en effet, renoué le fil du dialogue avec les proches de son ex-Premier ministre. Il les recevra, tout à tour, au palais de la République et des propositions auraient même été faites à certains d'entre eux, dont Pape Diouf, le maire de Bambey pour un retour au Pds.

Avant la libération d'Idrissa Seck, le chef de l'Etat a dépêché des émissaires auprès de ce dernier à Rebeuss pour non pas négocier sa sortie (puisque le chef de l'Etat a dit lui-même en conseil des ministres et en comité directeur du Pds que le dossier du maire de Thiès est vide), mais plutôt, selon des sources sûres, pour discuter de l'après-sortie de prison de l'ex-Premier ministre. De la conduite que ce dernier devrait avoir une fois dehors et notamment de son éventuel retour au Pds et dans l'Etat.

Mais, pour autant, l'horizon n'est pas complètement dégagé pour Idrissa Seck. Il lui faudra, ainsi que l'a rappelé le président Wade à son retour de la Guinée équatoriale, se débarrasser des deux chefs d'inculpation qui pèsent encore sur lui après qu'il s'est vu enlever du pied deux grosses épines (le délit d'atteinte de la sûreté de l'Etat et à la défense nationale et les chantiers de Thiès). Il s'agit de l'enrichissement illicite et des sorties irrégulières de correspondances de prison.

Pour faire revenir le maire de Thiès au Pds, le chef de l'Etat se devra, aussi et d'abord, régler l'équation Macky Sall. Et celle-ci pourrait se résumer dans la pertinence de la question ci-après : quelle poste occupera Idrissa Seck au Pds ? Il est clair que l'actuel secrétaire général national adjoint du Pds n'acceptera pas de céder son fauteuil de numéro deux à son prédécesseur. D'aileurs, Macky Sall semble allergique à tout ce qui touche de près ou de loin à Idrissa Seck. Il vient de limoger l'un de ses collaborateurs à qui il reproche d'être un pro-Idy. Djidiack Faye, son chargé de mission, avait subi le même sort pour les mêmes raisons dans la foulée de la guéguerre au sein de l'Union des jeunesses travaillistes (Ujtl) divisée entre les partisans d'Idrissa Seck et ceux de Me Abdoulaye Wade.

Par ailleurs, il se sussurre que l'ex-Premier ministre pourrait retrouver le poste de directeur de cabinet du chef de l'Etat qu'il avait occupé au lendemain de l'alternance jusqu'à sa nomination à la primature. Mais, cette éventualité ne saurait prospérer tant que le chef de l'Etat n'aura pas réglé le différend entre Idrissa Seck et les membres du pré-carré présidentiel qualifiés de faucons pour leur aversion à l'égard de l'ex-Premier ministre.

Mais, des pas importants semblent être franchis par le président Wade dans ce sens. Ce n'est pas un hasard si, après la sortie d'Idrissa Seck, Pape Samba Mboup, considéré comme l'un des plus irréductibles adversaires du maire de Thiès, a déclaré qu'il n'y a jamais eu de problèmes crypto-personnels entre Idrissa Seck et les proches du chef de l'Etat. Ce qui signifierait que si Idrissa Seck renonce à déstabiliser Me Wade, il est bien bienvenu dans l'espace présidentiel. Un signe avant-coureur ? Beaucoup le pensent parce que Pape Sambou Mboup ne rame jamais à contre courant des positions de Me Wade dont il se dit être un fidèle serviteur.

Les obstacles pour un retour d'Idrissa Seck aux affaires sont donc nombreux, mais pas infranchissables. Et le président Wade s'emploie à les lever un à un.