Il s’est trouvé, hier, en marge de la séance plénière, des députés d’opposition pour dire que Me Wade veut s’appuyer sur le Sénat pour contrer l’Assemblée nationale en cas de cohabitation après les prochaines législatives. Qui plus est, le président du Sénat pourrait assurer l’intérim du président de la République en cas de démission de ce dernier précédée d’une dissolution de l’Assemblée nationale. D’où l’importance de la loi organique qui viendra bientôt définir les prérogatives du Sénat et le mode de désignation de ses membres. Toutefois, dans l’Hémicycle, c’est le socialiste Khalifa Sall qui a mené l’opposition contre le retour du Sénat tel que mis en œuvre par les libéraux. Pour être favorable au bicaméralisme, M. Sall soupçonne des manœuvres derrière le revirement des libéraux sur le Sénat. « Après avoir supprimé le Sénat et mis en place le Craes qui n’a pas fait l’affaire, pour être partisan du Sénat, je ne saurai cautionner les conditions douteuses dans lesquelles on veut le ramener. Vous (les libéraux) voulez caser les frustrés de vos investitures ». M. Sall s’est demandé de quelle légitimité peuvent se prévaloir des sénateurs, pour la plupart nommés par le président de la République, face aux députés. Aliou Dia, député non inscrit, ne comprend pas lui aussi que 65 sénateurs puissent être nommés par le président de la République. « En 1998, seuls 30% des sénateurs étaient nommés par le président de la République sur une liste proposée par diverses organisations socioprofessionnelles ». M. Dia se désole par ailleurs que seuls 4 sièges ont été réservés aux Sénégalais de l’extérieur et que chaque département ne dispose que d’un seul sénateur élu.
En face, le président du groupe « Libéral et démocratique », Doudou Wade, a déclaré que « la suppression du Sénat a été le résultat du plébiscite de la Constitution de 2001 votée par la plupart des partis de l’opposition actuelle. Le Sénat existe dans toutes les grandes démocraties du monde. Certains sénateurs seront nommés par le président de la République comme cela est déjà le cas pour les membres du Conseil constitutionnel ou du Conseil d’Etat. Les élections locales auront lieu à dates dues et la grande majorité des élus au Sénat le seront par les élus locaux ». Quant au député libéral Babacar Gaye, il a remonté « l’idée de Sénat au programme du Pds de 1978. Si le Sénat, instauré en 1998, a été supprimé en 2001, c’est que dans le cadre de la Ca 2000, qui soutenait le candidat Wade, le Pds voulait le consensus avec ses partenaires ». En tout cas, le nouveau Sénat sera composé de 100 membres dont les 65 seront nommées par le président de la République, et 35 sièges répartis en fonction d’un élu par département. Les Sénégalais de l’extérieur disposeront de 4 sièges dans la 2e chambre du Parlement tandis que les 2/5 des sénateurs devront être des femmes. Un Sénat qui devrait être installé après le renouvellement des assemblées des collectivités locales au mois de novembre prochain.
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