Les leaders de l’opposition sénégalaise avaient suscité l’espoir, chez une frange importante de leurs compatriotes, pour avoir agité l’idée d’une candidature unique ; surtout que leur unité à l’occasion des dernières élections locales, leur avait permis de laminer le parti au pouvoir et ses alliés. Mais, désormais ils versent dans des polémiques stériles, qui ne sont que l’arbre qui cache la forêt. L’implosion qui risque de s’en suivre pourrait emporter toute la vieille garde de l’opposition au profit des mouvements citoyens.
La guerre de tranchées entre le secrétaire général de la Ligue démocratique, Abdoulaye Bathily, et Talla Sylla, président du Jëf Jël, est très loin de s’estomper. Ces deux « faiseurs de rois » se crêpent les chignons, depuis que Talla Sylla a claqué la porte de Benno, où il a gelé ses activités. Car, estimant que l’essentiel pour leur coalition, c’est de se prononcer sur la question de la candidature unique, qu’ils avaient miroité, pour faire partir Abdoulaye Wade. Mais derrière leur guerre médiatique, même des cadres de leur entité voient les mains de Moustapha Niasse, patron de l’Alliance des forces de progrès, et de Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti socialiste. Talla Sylla serait l’homme de main du très liquide Moustapha Niasse, qui n’entend pas se ranger derrière Tanor. Car, même si à la dernière élection présidentielle le dernier nommé s’était classé troisième, très loin devant le progressiste, celui-ci « contrôle la plupart des petits partis gravitant autour de Benno. Il s’y ajoute qu’au regard de son âge, Niasse va vers sa dernière chance de diriger le Sénégal.
Pour sa part, Tanor, qui est moins vieux, ne pardonnerait pas au leader de l’Afp d’avoir fait perdre le pouvoir aux socialistes, pour avoir quitté leur formation politique pour aller soutenir le candidat Wade contre Abdou Diouf. Abdoulaye Bathily est devenu très lié avec Tanor et voudrait bien devenir son Premier ministre, s’il est élu. Talla Sylla ambitionne la même chose aux côtés de Niasse, même s’il n’exclut pas de quitter la coalition « moribonde », pour créer un autre pôle avec les mouvements citoyens. C’est dire que la candidature unique de Benno est plus que jamais compromise, Macky Sall, président de l’Alliance pour la République s’en étant démarqué très tôt, malgré son appartenance à la coalition.
C’est Wade qui doit jubiler de voir la division s’installer dans le camp de la coalition, qui avait laminé la sienne aux dernières élections locales. On dit qu’il a, depuis sa taupe dans Benno. Ce que ne nie pas le président des jeunesses socialistes, Barthélemy Dias. Une situation qui amènent des observateurs à soutenir que le prochain tombeur du président Wade viendra des mouvements citoyens.
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