Pas un dollar des sommes annoncées par les institutions internationales n’est rentré dans l’application de la Goana. Et, Abdoulaye Wade qui en a fait la révélation, hier, lors de la fête de la Goana a critiqué les mécanismes d’octroi d’aides de ces institutions. Des procédures que, selon lui, il faut revoir pour permettre, en cas d’urgence, leur intervention rapide.
Des sommes ‘extraordinaires’ ont été annoncées par des institutions internationales pour appuyer les pays qui décideraient de se lancer dans la production agricole, suite à la déclaration du secrétaire général des Nations unies, selon lesquelles ‘près de 900 millions de personnes sur la terre étaient menacées de famine et qu’il fallait 775 millions de dollars pour l’éviter’. Il s’agit entre autres, se souvient le président Wade, des 1,7 milliards de dollars que la Fao avait dit vouloir réaliser dans ce cadre et des 200 millions de dollars annoncés par le Fonds international pour le développement de l’agriculture (Fida). Mais, ‘de tout cela, pas un dollar n’est rentré dans l’application de la Goana’, déclare Abdoulaye Wade à l’assistance. Et c’est parce qu’il connaît bien ‘les mécanismes d’intervention et la lenteur’ des institutions internationales que le président de la République dit n’avoir pas attendu de recevoir leur argent pour commencer la Goana. ‘Elles (les institutions internationales, Ndlr) sont comme ça. Quand elles vous annoncent de l’argent, vous avez le temps de mourir dix fois, avant qu’elles n’arrivent’ ironise-t-il. En formulant ces critiques à l’endroit de ces institutions, le président de la République précise que ce n’est pas nié ou remettre en cause l’aide internationale qui a été consentie au Sénégal avant et qui le sera toujours. Mais, ‘je dis que lorsque j’ai lancé un programme spécifique qui dépendait de l’hivernage qui arrivait et qui ne devait durer que trois à quatre mois, ce dont nous avions besoin, c’est des interventions rapides. Et pas des programmes qui s’étalent sur des années.
Mais, ce qui devait arriver arriva : nous n’avons pas reçu dans ce projet de Goana pour l’agriculture de l’hivernage 2008 un seul dollar provenant d’un pays quelconque ou d’une institution internationale’, persiste Wade. Pour qui, il est temps que ces institutions changent de procédures. Car quels que soient les mécanismes, il faut pouvoir intervenir quand il s’agit d’une urgence. Et, l’Arrivée de l’hivernage, poursuit le chef de l’Etat, ‘est une urgence contre laquelle on ne peut rien’.
Toutefois, Abdoulaye Wade souhaite que ces aides internationales annoncées arrivent ‘pour participer à nos efforts’, pour les prochaines campagnes. Et il promet de s’adresser à ces institutions pour qu’elles viennent participer à l’effort du Sénégal. Mais, quoi qu’il en soit, Abdoulaye Wade demande aux Sénégalais de toujours compter sur eux-mêmes. D’ailleurs, ‘les résultats de la Goana montrent que nous avons, sans doute, des ressources. Si on avait des aides extérieures, on aurait fait plus. On aurait emblavé plus de terres et aurait eu plus de semences, d’équipements, d’engrais, etc. Mais nous avons quand-même réussi à faire des récoltes records par rapport à celles de l’année dernière. Cela veut dire qu’il faut toujours compter sur soi-même. Et que les aides extérieures doivent venir pour accélérer un processus déjà engagé’.
Le chef de l’Etat n’en est pas à sa première sortie concernant les institutions internationales. Abdoulaye Wade s’en était pris, en mai 2008, à l’organisation de l’Onu pour l’agriculture et l’alimentation, (Fao) qu’il accuse d’être un ‘gouffre financier’ qu’il ‘faudrait supprimer’. Selon Wade, la Fao prélevait ‘illégalement’ 20 % des ressources qui lui sont allouées. De même que d’autres organisations non gouvernementales, qui, de l’avis du président de la République ‘absorbent une partie de l’aide en administration et frais d’hôtel luxueux de soi-disant experts’. Alors que, disait-il ‘la solution à la crise alimentaire, ce sont les investissements innovants dans l’agriculture’.
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