Wade au pouvoir et dans l’opposition

Quand des gens dissertent sur l’opportunité de la remise du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à Maître Abdoulaye Wade en disant qu’il ne fait pas avancer la démocratie dans son pays, il faut tout simplement leur opposer le proverbe qui dit que nul n’est prophète en son pays. Trop facile ! Mais les arguments ne manquent pas.

Ku wax feeñ. Le discours d’une personne ne fait que renseigner sur sa personnalité. Ceux qui osent penser que les deux prix reçus par le Président Abdoulaye WADE ont été monnayés nous informent sur leur propre nature. Ils ne conçoivent la vie que sous sa forme marchande. Ce sont les mêmes qui avaient fait du Sénégal, un pays où tout n’était plus conçu que sous la forme commerciale. Les valeurs, les mœurs, le respect, la dignité, le courage, la retenue… tout avait fini sur les étals des marchés.

Quand on a “soukisé” et vendu par actions tout un pays. Pire quand on a détourné de ses caisses ce qui était destiné à financer des routes, des écoles et des hôpitaux, les avis donnés sur le trafic doivent être des plus appréciés. Seulement, il y a erreur sur l’objet : certaines valeurs ne sont plus à vendre. Et elles le resteront. L’alternance n’est pas seulement infrastructurelle, elle est aussi superstructurelle.

Ce qui démontre le peu de foi de ces gens, c’est de penser que des personnalités qui exercent de si hautes fonctions peuvent être achetées. Eux, il l’aurait été facilement. D’autant plus qu’ils sont dans la dèche. Ils ne pensent plus qu’en espèces sonnantes et trébuchantes. Comme leurs comparses de la presse. Ce qu’on peut aussi leur rétorquer concrètement, et ces ennemis du progrès ne l’ont pas raté, c’est qu’aucune voix venue de l’étranger n’a trouvé à redire sur le choix de l’UNESCO. Une journaliste française en plein délire n’est pas à même de prouver le contraire. Tant que c’est un journaliste…

Quels sont les Africains qui aujourd’hui ne rêvent pas d’avoir Me Abdoulaye Wade comme chef d’Etat. Ils l’ont dit et redit. S’il se trouvait un citoyen d’un pays quelconque en conflit ou dans des difficultés pour reprocher à Abdoulaye Wade de ne pas s’être impliqué ou résolu un tel différend, il nous serait démontré que les accusations de l’opposition sénégalaise avaient un peu de fondement. Mais il n’en est rien ! Donc le problème ne se trouve pas là où l’opposition veut le mettre, à tout prix, mais en son sein. L’opposition sénégalaise a un problème de stratégie et de tactique. Il lui manque un plan et les mots d’ordre mobilisateurs. C’est pourquoi ils courent derrière le prophète du changement pour ramasser tout ce qu’il laisse tomber, jusque ces mouchoirs à jeter. Rien n’est épargné. Sangsues !

Le comble serait que Me Wade n’alimente plus les opposants sénégalais en thèmes. Ils seraient orphelins donc perdus. Wade le sait qui leur tient la main et la gamelle pour parachever la démocratie au Sénégal. En plus d’être au pouvoir, Me Abdoulaye Wade doit aussi être dans l’opposition. Il ne manquait plus que cela.

Pour faire la paix, il faut être deux, pareil pour faire la guerre. C’est dire qu’il n’y a au Sénégal que le Président de la République Me Abdoulaye Wade à vouloir que le pays ne s’embrase pas. Il l’a démontré plus d’une fois. L’opposition a été conviée à discuter sur une majorité d’idées plus d’une fois. Elle a toujours cherché la petite bête qui fâche pour ne pas s’engager. C’est volontairement que l’opposition refuse de s’aventurer sur le terrain de la paix pour la bonne et simple raison qu’elle sait ne pouvoir tenir la dragée haute à l’opposant le plus couru par les élus et au chef d’Etat le plus demandé par les opposants. Les uns lui demandaient de leur indiquer ses secrets pour s’opposer aussi démocratiquement, les autres comment accéder au pouvoir aussi démocratiquement. C’est cette double facette qui perturbe les plans de l’opposition : le couteau à double tranchant.

Il n’y a pas deux Abdoulaye Wade, un démocrate à l’étranger, l’autre despote dans son pays. Le bon sens le refuse et c’est scientifiquement indéfendable. C’est l’opposition qui n’est pas représentative. Comme disait l’autre, Wade n’a pas une opposition à sa hauteur. Lui-même confiait qu’il n’avait pas de chalengeur. À qui la faute !

Il est plus facile de commencer une guerre que de la finir. Il est plus difficile de garder la paix que de la laisser s’échapper c’est-à-dire de commencer une guerre. C’est de bonne guerre d’éviter ce qui, à coup sûr, vous prive de la victoire. Mais penser que c’est en semant le désordre que l’on peut engranger un gain est suicidaire. Peut-être qu’il y a, en Wade, un guerrier intrépide qui se cache, capable de défaire, en un tournemain, l’opposition dans une guerre. Quand on peut le plus difficile… Mais la grandeur d’un homme se mesure à sa capacité de pouvoir distinguer ce qui est personnel de ce qui collectif, ce qui fait avancer un pays et ce qui fait avancer un homme. C’est ce que l’histoire retient d’une personnalité comme Wade, d’avoir pu réussir à associer ce qui fait progresser les deux.