Sur le plan de la communication, le Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré n’a pas convaincu. C’est vrai qu’avec lui, il ne fallait pas s’attendre à des miracles, puisque ce technocrate ne s’est jamais encombré de discours politiciens, encore moins de rhétorique. En l’écoutant, on n’a pas senti ce besoin de convaincre. On a eu l’impression que le Premier ministre est venu juste lire une déclaration sans se préoccuper de communiquer réellement (la communication étant définie par nous comme le besoin de faire adhérer un interlocuteur à son discours, à ses idées).
Quelques remarques pour montrer que la communication n’était pas la principale préoccupation du Premier ministre, Hadjibou Soumaré. La première, c’est que le Chef du gouvernement est resté “trop” collé à son texte. Résultat des courses, il nous a servi un discours monocorde, insipide et lassant. Jamais on n’a senti de variation dans le ton de son discours, de manière à capter l’attention de son auditoire. Il n’a pas, comme l’aurait fait un grand orateur, transmis à son auditoire ses émotions, ses craintes, sa joie. Rien. Comme si le technocrate avait mis en exil son “humanité”. Nous avons cherché, en vain, dans l’expression du corps, du visage quelque chose qui renvoie à ce besoin inaliénable de séduire ses interlocuteurs, rien au bout de l’exercice.
Le technocrate qu’il est, n’a pas su, par moments, sortir de sa coquille hélàs, trop rigide.
Le premier des ministres a aussi servi beaucoup de chiffres, difficiles à retenir au bout de deux heures vingt minutes de discours.
La deuxième, le “trop sérieux” de son discours. Pas de petites histoires, d’anecdotes pour “détendre l’atmosphère”, c’est-à-dire la rendre gaie. Il oublie ou ignore qu’au bout d’un certain temps, l’interlocuteur perd sa capacité d’écoute. Et seuls les bons communicateurs peuvent déceler cet instant de fatigue et administrer à l’auditoire une dose d’énergie en le faisant simplement rire. Son maître, le Président Wade excelle dans cet exercice.
La troisième, c’est que Cheikh Hadjibou Soumaré n’a pas considéré cette déclaration de politique générale comme un moment important de communication, en intégrant dans son dispositif “communicationnel” les médias. Il n’a pas pris en compte le fait que ces derniers prolongeront le discours de politique générale dans les compte-rendus qu’ils feront ou les débats qu’ils susciteront. Si bien que la pauvreté de ce discours, sur le plan de la communication, tient au fait que Cheikh Hadjibou Soumaré n’a accordé aucune importance à ce que les spécialistes de la communication politique appellent la “petite phrase”. C’est un “os” que l’on jette à la presse en sachant qu’il fera la “Une” des manchettes le lendemain. L’ancien Premier ministre, maire de Thiès, Idrissa Seck l’avait très bien compris.
L’on se souvient de sa belle formule de “traquer le Ndioublang” qu’il avait lâchée lors de sa déclaration de politique générale. Sa présentation power point (Idy), à l’occasion, traduisait cette volonté de séduire pour mieux convaincre.
Enfin, la quatrième remarque, le Premier ministre articulait mal et les fautes de langue ont quelque peu desservi un discours sans “âme”. Mais rien n’est encore perdu, Monsieur le Premier ministre. Vous pouvez devenir un grand communicateur, il suffit pour cela d’accepter de se soumettre aux contraintes de la pratique du Média Training.
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