Les acteurs de la justice, affiliés au Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), comptent intensifier la lutte. Après une série de grèves observées sur toute l'étendue du territoire national, un mouvement d'humeur de 72 heures est entamé depuis hier. Les greffiers sont remplacés par des gendarmes au niveau des juridictions. Au palais de justice de Dakar, il y a eu absence de délivrance de casiers judiciaires et de certificat de nationalité. La situation est la même pour l'obtention des autres documents administratifs.
Cette grève de trois jours constitue le dernier acte avant de passer à la vitesse supérieure. L'information est donnée par le secrétaire général chargé des relations avec l'extérieur dudit syndicat, Me Papa Mor Mbaye. Et ce n'est pas pour rien que les membres du syndicat étaient en conclave durant le week-end dernier, dans les locaux du palais de justice de Dakar. Au sortir de ces 72 heures de grève, Me Mbaye déclare que le Bureau exécutif national (Ben) va se réunir à nouveau, pour statuer sur le contenu du sixième plan d'action à dérouler. Pour le syndicaliste, les travailleurs de la justice n'excluent pas d'observer une grève générale illimitée, pour ‘voir leurs revendications satisfaites’.
Les travailleurs de la justice (greffiers, secrétaires commis, secrétaires administratifs...) exigent la révision du statut des fonctionnaires de la justice, qui ne l'a pas été depuis 1977. Ce qui permet aux greffiers en chef d’être reclassés à la hiérarchie A. Mais également la transparence dans la gestion des fonds communs que les greffiers qualifient de ‘nébuleuse’, le privilège de juridiction, la gestion du personnel avec les ‘affectations arbitraires et à complaisance’, préoccupent, à plus d'un titre, les syndicalistes du secteur de la justice.
Pour Me Papa Mor Mbaye, parmi les points de désaccord qui tardent à se matérialiser, figure le régime indemnitaire. Qu'en est-il donc du Plan sectoriel justice (Psj) ? ‘Le Plan sectoriel justice n'a aucun impact sur la mauvaise rémunération des travailleurs de la justice. Le coût des séminaires aurait réglé, à suffisance, ce problème. La mal rémunération est source de démotivation qui instaure une insécurité judiciaire. Les procédures judiciaires ne sont plus sécurisées. C'est pourquoi, le secteur de la justice se caractérise par des scandales, depuis cinq ans’, soutient Me Papa Mor Mbaye. Dans la matinée d’hier, un communiqué a été rendu public par le Sytjust pour annoncer la dernière étape de la lutte avant de durcir le ton. L’on peut lire à travers le document : ‘L’autorité continue à faire dans le dilatoire (…).
Les travailleurs de la justice sont loin de céder face à l’usure. Durant toute la lutte, l’on n’a pas manqué de faire l’objet de toutes sortes d’offres allant des espèces sonnantes et trébuchantes aux postes d’affectation juteux’.
ME AYE DIOP, CHARGE DES REVENDICATIONS DU SYTJUST : ‘La justice n'est pas un corps à militariser’
Chargé des revendications du Syndicat des travailleurs de la justice, Me Ayé Diop dénonce le fait que les greffiers soient substitués aux audiences par des gendarmes, durant leur période de grève. Me Diop qualifie cette situation de ‘clonage administratif’ et de ‘rafistolage judiciaire’ qui, regrette notre interlocuteur, ‘ne fait qu'amplifier l'insécurité judiciaire’. Et ‘la justice n'est pas un corps à militariser’, soutient Me Diop. Son collègue du greffe, Me Papa Mor Mbaye, renchérit : ‘Les gendarmes doivent prêter serment devant un tribunal compétent. Et ce tribunal doit être composé d'un magistrat et d'un greffier’.
L'occasion a ainsi été offerte aux deux syndicalistes pour rappeler le rôle du greffier dans l'armature judiciaire : ‘Le greffier est un pilier fondamental dans l'appareil judiciaire. Il garantit les droits du plaideur et assure un bon exercice du devoir du juge. C'est pour défendre leurs intérêts matériels et moraux que le Sytjust a été créé. Nous sommes aussi animés par l'esprit de consolidation de l'Etat de droit au Sénégal’.
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