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CES MOTS ET EXPRESSIONS QUI FONT LE SENEGAL - SOUTOURA (DISCRÉTION) : L’enveloppe de la relation avec autrui

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CES MOTS ET EXPRESSIONS QUI FONT LE SENEGAL - SOUTOURA (DISCRÉTION) : L’enveloppe de la relation avec autrui

Les Sénégalais ont tendance à confondre certaines expressions. C’est le cas de « Soutoura » et « Soutourlou ». Selon Massamba Guèye, docteur ès-lettres, spécialiste de la littérature orale, le terme wolof « soutoura » se traduit comme une discrétion pudique. Tandis que terme « soutourlou » veut dire, ne pas chercher à amasser des biens, mais se contenter du peu.

Le « soutoura », c’est la discrétion. Il est aussi l’enveloppe qui définit notre relation aux autres », déclare Massamba Guèye. Par exemple, quand on dit de quelqu’un, en langue wolof, « diw dafa am soutoura » (c’est quelqu’un de discret), cela veut dire que c’est une personne avec qui on peut faire un commerce diligent, sans pour autant que les autres ne soient informés. « C’est en quelque sorte une discrétion, même quand le geste est extérieur. Lorsqu’une personne discrète « kou am soutoura » remet de l’argent en public, il fait de telle sorte que les autres personnes présentes sur les lieux ne soient au courant de l’acte », explique M. Gueye.

Pour étayer ses propos, M. Guèye donne, comme exemple, un collègue de travail. « Vous travaillez dans un endroit et vous voulez prêter de l’argent à un collègue. Vous trouvez que tout le monde est présent, y compris le collègue à qui vous devez remettre l’argent. Celui que le wolof appellera « kou am soutoura » est celui qui, en remettant l’argent à son collègue, lui dira voilà les 10.000 F Cfa que je t’avance sur les 20.000 F Cfa que je te dois. Au lieu de dire directement, je te prête 10.000 F Cfa, le collègue a préféré retourner la situation, vu la présence des autres. Pour être le plus discret possible, il a fait comme si c’est lui qui avait emprunté de l’argent. C’est un exemple patent de « soutoura » (discrétion) », explique Massamba Guèye.

Selon toujours le spécialiste de la littérature orale, le terme wolof « soutoura » couvre d’autres sens. « Le soutoura » se traduit, également, par cette capacité à manger n’importe quoi chez soi et à sortir avec un sourire de quelqu’un qui était à un festin. « Le soutoura », c’est aussi de savoir garder les difficultés familiales aussi bien pour l’homme que pour la femme. C’est également le fait de ne pas extérioriser ses biens, comme nous avons l’habitude de le faire dans la société sénégalaise. C’est une des expressions wolofs que Massamba Guèye trouve actuellement extrêmement pauvre. « Le constat actuel est que le « soutoura » n’existe plus de nos jours. Il fait partie des expressions wolof les plus pauvres dans l’utilisation. Cela s’explique par le fait qu’on est dans une société matérialiste où l’extériorisation des biens est ce que l’on appelle une signature dans le manifeste du bien-être », explique M. Gueye. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, notre société a créé un manifeste qu’on appelle manifeste du bien-être. Et pour y adhérer, il faut signer le pacte du manifeste tout comme les partis politiques. C’est d’ailleurs ce manifeste du bien-être qui a complètement tué « le soutoura » (la discrétion ».

Quant au terme « soutourlou », précise M. Guèye, il signifie ne pas chercher à amasser des biens, mais se contenter du peu. Par exemple, lorsque quelqu’un prononce en wolof ces phrases : « yalla mey nama louma soutourlo », « yalla mey nama louma doundé », ce dernier est dans une attitude vis-à-vis des biens matériels. Cela veut aussi dire en wolof que la personne ne cherche pas à amasser des biens. « Yalla mey nama louma soutourlo », ma définition de la vie, c’est tous les jours subvenir à mes besoins sans tendre la main aux autres. Il me suffit du peu, mais le peu qui empêche que ma dignité « ngor » ne tombe », indique le spécialiste de la littérature orale.

« Soutourlou » peut aussi signifier aller dans les toilettes de manière discrète. Selon M. Gueye, le wolof pudique ne disait jamais, je vais dans les toilettes, il utilisait toujours le terme « soutourlou », « guanouwaye » ou « Guinaw keur » pour exprimer ses besoins d’aller aux toilettes. Mais, aujourd’hui, on a tendance à entendre les gens dires : j’ai envie d’aller aux toilettes ou j’ai envie d’uriner, Massamba Gueye caractérise, d’ailleurs, cette attitude d’une vulgarité exceptionnelle.


 



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