Dimanche 28 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

CONSTAT - Délivrance de documents de voyage : Racket au grand jour à la Direction des passeports

Single Post
CONSTAT - Délivrance de documents de voyage : Racket au grand jour à la Direction des passeports

Même si elle a quasiment libre cours dans tous les secteurs, la pratique de la corruption organisée par des policiers préposés à la sécurité à l’entrée de la Direction des passeports, indispose plus d’un. En effet, certains demandeurs de passeports, pressés, se voient proposer par certains policiers, pour un retrait rapide de ce document précieux, de payer de l’argent.

En cette matinée où l’astre du jour a fini de dicter sa loi, la Direction des passeports nichée dans le paisible quartier de la Sicap Dieuppeul 4, affiche un rush. Un rush qui s’explique par une forte demande pour le fameux passeport numérique, lancé il y a deux mois. Devant l’une des portes centrales d’entrée de la Direction, une file indienne d’hommes et de femmes -des jeunes pour la plupart- attire l’attention. Ce sont les gens venus pour le retrait de leurs passeports numériques. Certains, manifestement éreintés par la longue attente, sont assis à même le sol. Tandis que d’autres tiennent stoïquement le coup. Mais, des bousculades viendront perturber, par moment, le calme qui règne dans les rangs pour des raisons de position.

Du côté et de l’autre de la porte d’entrée, une foule, elle, moins organisée, venue pour le dépôt pour l’obtention dudit passeport. Le tout, sous le contrôle des policiers préposés à la sécurité. Pour accéder dans les locaux, il faut présenter, selon la destination, un récépissé ou une copie légalisée de la carte nationale d’identité aux policiers qui ont, à cet effet, érigé des barrières métalliques peintes en rouge et blanc, à l’entrée de la Direction située sur l’avenue Ababacar Sy.

De l’autre côté du trottoir, des badauds, des accompagnateurs et autres vendeurs à la sauvette observent le spectacle.

EMPOCHER LOIN DES REGARDS CURIEUX

A l’intérieur de la Direction des passeports, c’est quasiment le même décor et la même ambiance qu’au dehors. Devant le guichet de retrait, une foule bigarrée et surexcitée attend d’être appelée pour pouvoir, enfin, recevoir la précieuse pièce de voyage. D’aucuns auront la chance de recevoir leurs passeports. Mais, d’autres devront encore repasser. Quand ? On ne sait pas exactement. Et, pourtant, sur le récépissé de Alioune Diop, un jeune d’une trentaine d’années, retrouvé sur les lieux et qui a eu à déposer son dossier le 16 janvier 2007, il est bien mentionné : Date de retrait le 21/01/07. Ce n’est que mardi à midi que ce jeune tailleur, vêtu d’un caftan de couleur blanche et immaculé, avait, finalement, reçu son passeport. Et, comme l’occasion fait le larron, certains préposés à la sécurité en profitent, malheureusement, pour tisser un réseau pour réclamer des sous aux demandeurs de passeports «pressés» et qui se languissent des interminables rendez-vous. C’est le cas de ce policier, qui a été si sollicité au point de se faire prier par les gens. Physique athlétique, teint noir, ce policier en tenue militaire verte, béret rouge fait sortir le passeport de ses «clients» moyennant de l’argent -le montant est laissé à l’appréciation du client. Et, il faut user de tact pour dégoter les pratiques de ce policier qui feint, par moments, de bien faire son travail.

Faisant semblant de récupérer un passeport, nous sollicitons le policier. Ce dernier nous fait attendre, histoire de régler les cas de ceux qui ont payé rubis sur ongle. A l’image de ce jeune émigré, d’une vingtaine d’années. Vêtu d’une chemise en lin de couleur banche, d’un jean bleu, grand de taille, joufflu, ce jeune révèle : «Je me suis rendu au Commissariat de la Médina, ce matin (Ndlr : mardi) mais, on m’a fait savoir que mon passeport n’est pas encore disponible. Alors, je suis ici et j’ai vu le gars (Ndlr : le policier). Ensuite, je lui ai remis 10 000 francs Cfa.» En remettant l’argent à l’agent de police, ce jeune homme l’a dissimulé dans son récépissé. Et, le policier de se cacher, dernière, le portail du bureau des dépôts pour les «cas urgents» pour empocher, loin des regards curieux, son argent.

MARCHANDER POUR «SOUDOYER LES POLICIERS»

Comprenant, apparemment, la leçon, ce jeune émigré sénégalais de constater, non sans regret : «Ces gens-là ne croient qu’à l’argent.» D’autres policiers préfèrent, eux, limiter leur deal uniquement au service de dépôt des passeports.

Approché, un homme en tenue bariolée, lâche tout de go : «Je ne peux faire le retrait pour vous. Par contre, je peux vous arranger (?) à déposer votre passeport.» Cependant, ces policiers ne sont pas les seuls à tisser leur réseau. En effet, des civils comme Abdou Guèye, monnaient leur «service» rendu, moyennant de l’argent. Trouvé à l’autre bout de la rue, Abdou, la trentaine, chemise près du corps rouge et blanche, jean bleu, sac en bandoulière, devise tranquillement avec deux de ses amis. Après avoir décliné l’objet de notre présence, ce «facilitateur» fixe sans ambages son tarif. «Tu me paies 15 000 francs Cfa. Et je t’amène, tout de suite, ton passeport (sic).» Un long marchandage l’amena à baisser son tarif jusqu’a 12 500 francs Cfa. Avant de donner une idée sur sa manière de procéder : «Je vais, d’abord, soudoyer les policiers postés à l’entrée. Ensuite, je vais soudoyer les gens chargés de confectionner les passeports.» Pour convaincre de son «appât», Abdou Guèye, exhibe des billets qu’il a eus «après avoir réglé les cas de huit personnes». Une situation, qui ne manque d’exaspérer certaines personnes venues retirer, en vain, leur passeport. Elle l’est d’autant que beaucoup d’entre eux passent la nuit à la belle étoile, dans l’espoir de recevoir le fameux sésame.

«UN TORT A LA CORPORATION»

En effet, ces derniers, non contents du fait qu’on veuille introduire une dame de teint clair emmitouflée dans un boubou «thioup» bleu assorti d’un foulard blanc autour du cou, ont bruyamment protesté devant le guichet de retrait des passeports. «Ce n’est pas juste ! Ce n’est pas normal ! On est là depuis le matin», râle la foule. Interpellé sur la question, le chargé de la communication de la Police, le colonel Alioune Ndiaye dit ne pas être au courant de telles pratiques. Toutefois, il reconnaît que c’est une affaire qui peut porter un tort à la corporation. Avant d’ajouter : «Si vous me donnez son nom, je vous assure que je vais le faire sanctionner.»

 



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email