Premier pays signataire du protocole de la Convention contre la torture, l'Etat du Sénégal se voit reprocher un manque de volonté politique en ce qui concerne la ratification dudit protocole. Ce reproche est d'Amnesty International/Sénégal qui tente d'identifier les difficultés qui retardent cette ratification.
Premier pays au monde à avoir signé le protocole de la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants le 4 février 2003, le Sénégal ne l'a pas encore ratifié. D'où les remontrances de la société civile qui accuse le pouvoir d'être animé par une "mauvaise volonté politique". Selon Me Demba Ciré Bathily, président de la section sénégalaise d'Amnesty International qui participait au séminaire sur le protocole facultatif à la Convention contre la torture et sa mise en œuvre au Sénégal, "il n'est pas compréhensible que le Sénégal soit le premier pays signataire et ne ratifie pas cette convention. Et nous avons également ce problème au niveau du traité de Rome portant sur la Cour pénale internationale".
Sur la source des facteurs bloquants, le président d'Amnesty International/Sénégal évoque un manque de coordination au niveau des différents services concernés. Selon Me Bathily, "l'Etat du Sénégal qui veut jouer un rôle important dans ce domaine, devrait ratifier afin de pouvoir bénéficier du soutien financier pour la mise en place des mécanismes nationaux de surveillance qui est accordé aux 20 premiers pays qui l'auront ratifié. Mais aussi, en ce qui concerne la désignation des membres du sous-comité". Demba Ciré Bathily précise que "pour être parmi les 20 premiers, notre pays doit aller vite". Et de rappeler que le travail de la société civile est essentiellement un travail de lobbying et de sensibilisation en vue de faire prendre conscience aux dirigeants de la nécessité de ratifier le protocole de la Convention contre la torture allant dans le sens de renforcer les garanties et la protection contre la torture. Du côté de l'Etat, on se refuse de parler ou d'y voir une "mauvaise volonté politique" dans le processus de ratification du protocole sur la Convention contre la torture. Tout en renouvelant son engagement auprès des militants des Droits de l'homme, le représentant du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, par ailleurs conseiller en communication dudit département, évoque plutôt un problème de coordination. "Le Sénégal ne peut pas être le premier pays signataire de la Convention et se montrer non diligent en ce qui concerne sa ratification", a souligné Marcel Mendy. Selon lui, il ne faut pas y voir un déficit de volonté politique, mais plutôt un problème de coordination qui ne saurait tarder à être résolu.
Cette rencontre, organisée par Amnesty International et l'Association pour la prévention de la torture (Apt), a pour ambition, en plus de la formation par rapport à cet instrument important, d'identifier les difficultés qui retardent sa ratification et de faire des propositions pour leur levée immédiate. Parce que la Charte des Nations-Unies, en son article 7, consacre le caractère sacré de la personne humaine, son inviolabilité et l'obligation pour l'Etat de la respecter et de la protéger. Mais nombre de pays signataires continuent de la violer. Dans leurs prisons comme dans leurs commissariats de police, on continue de torturer en toute impunité.
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