Le Directeur général de la Senelec, Seydina Kane et le Directeur général de Myna distribution technologies S.A, Pape Ali Guèye, ont signé le 18 février 2010 une convention de crédit estimée à 9 milliards de francs. Dans le contrat tenu secret et dont nous avons pu obtenir une copie, le projet concerne le programme d’électrification rurale et d’extension de réseau initié par le ministère de l’Energie du Sénégal et mis en œuvre par la Senelec. L’objet de la convention est de définir les dispositions par lesquelles Myna distribution devra apporter le financement à l’emprunteur (Ndlr : Senelec) tel que défini d’un commun accord, pour mettre à sa disposition les équipements nécessaires à la réalisation de programme pour les exercices 2010 et 2011.
Modalités de financement
Le montant du crédit est estimé, pour ce qui est de la fourniture du matériel, à 8 milliards de francs Cfa, au taux exceptionnel de zéro pour cent. Il est également prévu la mise à la disposition d’un milliard de francs à la Senelec. Ce montant devra servir à couvrir les travaux de montage du matériel qui devra être réceptionné sur le site de Hann. Son taux d’intérêt qui est de 6% l’an est pris en charge par l’Etat du Sénégal et est payable à terme. Dans le plan de financement, il est dit explicitement que le prêteur se trouve être Hsbc France, par une mobilisation de garanties apportées par la «Corporate & Investment» basée au Luxembourg et partenaire de Myna distribution.
Pour ce qui est des modalités de remboursement des crédits, l’accord stipule : «Le point de départ du remboursement sera fixé par les livraisons au parc de Hann. Il s’effectuera, pour chaque livraison, par traites établies comme suit : 60% à 240 jours et 40% à 360 jours. Le délai de livraison des commandes est d’un an».
Lettre à Abdoulaye Diop
Dans une correspondance épistolaire datée du 13 mai 2010, le ministre de l’Energie remercie son homologue de l’Economie et des Finances en ces termes : «Le programme exécuté par la Senelec est adossé à un crédit acheteur de 9 milliards de francs. Vous nous avez assuré de sa couverture budgétaire par la loi des finances rectificative 2010 ; ou la loi des finances initiale 2011. Soyez en remercié. Tous les villages, qui y seront électrifiés seront transférés à l’Aser pour leur exploitation». Dans sa lettre, Samuel Sarr affirme avoir mis en place deux programmes parallèles, «revolving», à la Senelec et à l’Aser, et qui portent respectivement sur 437 et 450 villages à électrifier d’ici 2011. Il demande également, pour maximiser l’atteinte des objectifs avec une population cible de 4 millions de francs, une exonération de tous droits et taxes, à l’image des programmes d’électrification rurale pilotés par l’Aser.
Des travailleurs dénoncent
Selon des sources qui connaissent bien ce dossier, la Senelec ne devrait plus intervenir directement dans l’électrification rurale. Celle-ci étant désormais dévolue à l’Aser. Mais, c’est surtout le caractère «secret» de cette convention entre la société d’électricité et Myna distribution qui a mis des travailleurs et des partenaires de la Sénélec dans tous leurs états. Rappelant les «cas de marchés de gré à gré conclus par la même société sans justificatifs de fin de travaux par le réseau Mt Dakar, pour près de 6 milliards de francs», nos interlocuteurs pensent que ce «nouveau scandale» impactera négativement sur la trésorerie de la Senelec, avec comme corollaire le retour des délestages (c’est déjà le cas). Nos sources, qui croient savoir que des travailleurs ont saisi le président de la République sur ce cas, affirment en même temps que les Américains sont entrés dans la danse, avec les exigences de transparence du Mca.
Samuel Sarr : «Cette convention est tout fait légale. L’Aser et la Banque mondiale sont au courant»
Joint au téléphone, pour avoir sa version sur ce dossier, le ministre de l’Energie a voulu d’emblée dédramatiser. En insistant sur le caractère légal de l’accord. «Cette convention est la 20e en question. Elle est connue de tous, y compris l’Aser et la Banque mondiale. Elle a été adoptée en Conseil des ministres et même en Conseil d’administration de la Senelec», souligne-t-il. Avant de préciser que l’Aser ne fait que de la concession et qu’elle a besoin de la Senelec, pour les grands travaux et les travaux d’urgence. M. Sarr explique aussi l’intervention de la Senelec par la non-effectivité de l’électrification de tous les villages prévus. Le ministre de l’Energie rappelle par ailleurs qu’il n’a pas de problème avec le directeur général de l’Aser, Modibo Diop, et qu’il n’est pas intéressé par les cabales politiciennes.
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