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CRISE DE L’ECOLE SENEGALAISE - Les vérités et les urgences

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CRISE DE L’ECOLE SENEGALAISE - Les vérités et les urgences

Un mois à peine après la rentrée des classes au titre de l’année académique 2006-2007, voilà que l’école sénégalaise renoue avec les démons de la turbulence. Le cadre unitaire des syndicats d’enseignants du moyen et du secondaire (Cusems), Cartel syndical qui avait boycotté les examens de fin d’année et bloqué les conseils de classes, s’est décidé à mettre à exécution sa nouvelle menace. Il s’est résolu à remettre ça dès la rentrée, si rien n’était fait pour satisfaire sa revendication qui tourne autour d’un point relatif à l’augmentation de l’indemnité de logement. Le message était clair. Il méritait donc d’être pris au sérieux afin de trouver à temps une solution heureuse à cette crise.

Les trois mois de vacances étaient également largement suffisants pour engager un dialogue avec le cartel afin de mettre un terme à un conflit dont les conséquences graves commencent à se faire sentir. On peut en juger par la répercussion de la rétention des notes sur le mode de passage controversé des élèves en classe supérieure ou encore la psychose qui a fait que de nombreux parents ont retiré leurs enfants des écoles publiques pour les amener dans le privé par crainte de nouvelles perturbations. L’histoire est en train de leur donner raison. Déjà, en moins de 30 jours de cours effectifs, le système a perdu un crédit horaire cumulé de 24 heures. A cela viennent s’ajouter l’équivalent de cinq jours de classes, qui resteront chômés pour cause de débrayage ce lundi 21 novembre et la grève générale durant les cinq jours de la semaine restant. Et les derniers évènements survenus à l’Université Cheikh Anta Diop marqués par des batailles rangées entre étudiants suscitent de nouvelles tensions sociales dans l’espace universitaire.

Les responsabilités sont partagées

N’est-ce pas un signal fort du danger auquel fait face l’éducation nationale en cette année électorale ? Si ça continue à ce rythme, à coup sûr, il sera extrêmement difficile d’avoir une année scolaire normale pour ne pas dire valide. Ce qui risque de porter un grand tort au système dont les propres fossoyeurs se retrouvent parmi ses principaux acteurs. Et les premières victimes désignées ne sont nuls autres que ces nombreux enseignés innocents et leurs parents à qui on n’hésite pas à demander quotidiennement de faire des efforts surhumains pour contribuer au développement d’un système scolaire dont certains des partenaires commencent à douter de sa crédibilité pour cause de perturbations répétitives. Il s’y ajoute que les enseignants eux-mêmes parfois, pour des raisons syndicales, organisent des campagnes de dénigrement pour mettre en garde contre la validité des diplômes délivrés au point que certains élèves ont du mal à se faire admettre au niveau de certaines écoles et instituts d’enseignement étrangers. Une chose d’autant plus absurde qu’après les conflits, il est difficile à ces mêmes acteurs de faire admettre le discours contraire à leurs interlocuteurs. Ainsi, entre autorités et syndicats enseignants, la guerre est parfois si rude qu’il y a peu de place pour la sauvegarde des purs intérêts de l’école. Le refus des syndicats de lever le mot d’ordre de boycott après la satisfaction des 59 points sur 60, soit un taux de satisfaction de 99, 99% à leur plate forme, conforte l’opinion dans cette conviction. Car il est rare d’enregistrer autant de points de revendications dans une plate-forme revendicative dont on exiger tout de suite sa totale et entière satisfaction avant de reprendre le travail. Il s’agit d’une attitude syndicale tout de même inédite qui pourrait s’expliquer soit par le manque d’expérience du cadre unitaire, une hypothèse qui, au vu de la composition du cartel et de l’origine de ses composantes, ne saurait prospérer ; soit par une mise à l’épreuve des autorités pour mesurer leur disposition à répondre à leurs revendications , après les nombreuses augmentations consenties en faveur d’autres catégories de fonctionnaires. Soit enfin, une manière de tester les capacités de l’Etat de bien répartir les fruits de la croissance. Si croissance il y a ? Aucune de ces trois hypothèses ne semble pour l’heure vérifiée. Dès lors, pour le gouvernement les motivations du Cusems ne peuvent avoir d’autres sources que d’ordre politique. Le chef de l’Etat en recevant les organisations syndicales enseignantes en juillet dernier, toujours dans le cadre de ce conflit, n’y est pas allé par quatre chemins. Pour lui, les motivations sont d’ordre politique. Est-ce une raison pour attendre si longtemps avant d’engager un dialogue direct avec eux sur certaines questions qui échappent à la fois à leur ministre de tutelle et à celui du budget .Au contraire !

La présidence, le mur de lamentation de tous les syndicats

D’ailleurs les Sénégalais n’ont pas la mémoire si courte au point d’oublier que depuis l’avènement de l’alternance la plupart des revendications syndicales à lourde incidence financière se règle dans le bureau du Président de la République. Les exemples foisonnent. Le premier et le plus important a été la décision qui a abouti à la généralisation de la bourse et des aides attribuées aux étudiants en 2001, après la mort de Balla Gaye survenue sur le campus. L’Intersyndicale de la santé, qui avait du mal à s’accorder avec son ministre de tutelle, il y a deux ans sur l’aboutissement de ses revendications, a décroché une augmentation substantielle des indemnités de ses militants après une audience avec le Chef de l’Etat. Même chose pour le collectif des magistrats ou encore les enseignants du supérieur. La pratique est devenue si courante et payante que la présidence est devenue le seul mur de lamentations pour tous les syndicats. Aussi, personne ne peut reprocher aux syndicats du secondaire de réclamer l’articulation de l’indemnité de ses membres au nombre d’années passées sur les bancs après l’obtention du baccalauréat, comme c’est le cas pour d’autres fonctionnaires comme leurs collègues de l’enseignement supérieur . Certes, du fait de leur grand nombre, il paraissait difficile d’accéder d’un seul coup à leur demande. En revanche les hausses consenties en faveur d’autres fonctionnaires, pendant que leur cas, n’était pas définitivement réglé semblait très paradoxal. Ainsi, ils ont eu comme l’impression de faire face à un refus du gouvernement d’accéder à leur demande. Mais la situation a été plus ou moins compliquée par le manque d’harmonisation du discours des autorités divisées entre la volonté du ministre de l’éducation de mettre à tout prix et par la voix pacifique, un terme au mouvement, celle du ministre du budget terrorisé par la pression des augmentations salariales consenties sur des coups de tête par le chef de l’Etat, et enfin le préjugé défavorable du chef de l’Etat lui-même qui voit derrière les revendications du Cusems et ses alliés des motivations d’ordre politique. Or, pour le Cadre unitaire qui est plus ou moins conforté par le soutien moral de l’opinion qui assiste médusée aux augmentations tous azimuts des salaires des magistrats, des policiers, des enseignants du supérieur, sans compter les autres libéralités décidées à la va vite, la revendication relève d’une simple question de justice sociale. Puisqu’il faut répartir les fruits de la croissance, il faut le faire de façon juste et équitable. En tout cas sans oublier les enseignants qui constituent un des leviers des moteurs de la croissance. A défaut, leur servir une explication convaincante basée sur des données objectives. Il pourrait s’agir en effet de montrer à ces enseignants que l’Etat ne peut pas supporter pour l’heure la forte incidence financière de leurs revendications parce qu’il y a tant de forages, tant d’écoles, tant de dispensaires ou tant d’hôpitaux prévus et dont la non réalisation dans les délais pourraient pénaliser la croissance et le développement du pays. Et penser surtout à la cohérence entre les arguments avancés et les actes qui suivent et qui portent sur les revendications de même nature Les enseignants issus du peuple au même titre que les élus, ne pourront résister à tels arguments. Sinon vouloir sous estimer leur force de nuisance en comparant le nombre de syndicats engagés dans la bataille ( 4 sur 20) par rapport à l’ensemble d’organisations qui partagent le terrain syndical enseignant ne peut contribuer à trouver une solution rapide à ce conflit. Car ce qu’il ne faut surtout pas perdre de vue c’est que malgré leur infime minorité, les militants du Cusems se retrouvent essentiellement dans une position stratégique. Ce sont eux qui enseignent aux élèves des classes de Secondes, Premières et Terminales, les jeunes qui ont presque 18 ans d’âge et plus, donc qui flirtent déjà avec quelques idées politiques qui touchent à la vie de la nation. C’est là en fait où se situe toute la force du cadre unitaire, dont à coup sûr certains des membres ne sont pas peut être également à mettre hors du jeu politique. Mais l’essentiel c’est de ne pas leur offrir des prétextes de nuire au système qui coûte les yeux de la tête aux contribuables sénégalais : 40% du budget national, soit 236 milliards de francs Cfa. Comparées à certains pays de la sous-région , les ressources consacrées par le Sénégal à l’éducation sont sans commune mesure. Par exemple, le Mali voisin consacre seulement l’équivalent du budget alloué à l’enseignement élémentaire, soit 41% des 236 milliards et pourtant son taux de performance n’a rien à envier à celui enregistré par le Sénégal.



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