Article 19, une organisation de défense de la liberté d'expression, ne cesse de réclamer la lumière sur la mort du journaliste Deyda Hydara, assassiné il y 10 ans en Gambie.
Mardi, à Dakar, des proches et amis de ce journaliste gambien, ainsi que sa fille, ont fait des témoignages sur sa vie, en souvenir de son assassinat, il y a 10 ans jour pour jour, à Banjul, la capitale de la Gambie.
Un documentaire consacré à Deyda Hydara a été projeté lors de la cérémonie.
"Nous continuons de réclamer justice. Nous avons saisi les mécanismes onusiens et africains [de défense des libertés] pour que ce meurtre ne reste pas impuni ou ne tombe pas dans l’oubli", a dit, lors de la cérémonie, la représentante d’Article 19 en Afrique de l’Ouest, Fatou Jagne Senghore.
Elle a dénoncé "l’absence (...) d’investigations pour élucider" la mort du journaliste, 10 ans encore après qu’il a été tué.
"Il était important de réaliser ce film pour montrer [tout ce que] la famille de Deyda Hydara a subi pendant 10 ans", a encore dit Mme Senghore, après la projection du documentaire dédié au défunt président de la Gambia Press Union, un syndicat de journalistes gambiens.
"Depuis la mort de mon père, la situation de ma famille devient de plus en plus difficile", a déclaré Marie Hydara, la fille du défunt journaliste.
"Les amis de mon père, qui nous soutenaient, ont reçu des menaces et ont fini par nous laisser à nous-mêmes, ma mère et moi", s’est-elle désolée, déplorant qu’"aucune arrestation n’ait eu lieu depuis 10 ans", concernant l’assassinat de Deyda Hydara.
Ce dernier "faisait un travail d’éveil et de dénonciation", a témoigné l’un de ses amis et confrères sénégalais, Tidiane Kassé. Il se souvient de ce "grand professionnel" de l’information que fut ce membre-fondateur du journal gambien The Point, correspondant en Gambie de l’Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières (RSF).
Hydara a été tué par balle quand il rentrait du travail, à bord de sa voiture, un jour d’anniversaire de la fondation de son journal.
Cet assassinat a eu lieu "trois jours après la promulgation d’une loi controversée visant à augmenter le montant des frais d’enregistrement pour les médias", une loi "à laquelle Deyda Hydara s’était opposé", rappelle Article 19 dans un document de presse.
Le 10 juin dernier, la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont la Gambie est membre, a ordonné au gouvernement gambien de payer des dommages et intérêts à la famille du journaliste.
Le régime gambien est accusé de réprimer ses citoyens, les journalistes surtout, dont un grand nombre a pris le chemin de l’exil, depuis l’arrivée au pouvoir de Yahya Jammeh, en juillet 1994. Un des leurs, Chief Ebrima Maneh, est porté disparu depuis 2006.
Des organisations de défense des droits de l’homme et des associations de protection de la liberté d’expression ne cessent de réclamer aux autorités gambiennes une enquête sur sa disparition.
AAN/ESF/ASG
2 Commentaires
Dxb
En Décembre, 2014 (23:29 PM)Aaaar
En Décembre, 2014 (08:06 AM)Participer à la Discussion