L’Iran fête aujourd’hui le quinzième jour du Chaabane qui correspond à l’anniversaire de la naissance de l'imam Al Mahdi. Pour marquer l’événement, nous nous entretenus avec le Dr Mohammad Alli Basiri, attaché culturel à l’Ambassade de l’Iran au Sénégal. À travers, cette interview, le Docteur Basiri nous a retracé l’histoire de cette commémoration. Il a également revisité l’état de la coopération culturelle Sénégalo-iranienne et entre autres, donné son appréciation sur l’organisation du sommet de l’Oci au Sénégal, l’année prochaine.
Le Matin :
Quel est le sens et la portée de la célébration de ce jour ?
Dr Mohammad Alli Basiri :
Aujourd'hui, c'est le quinzième jour du mois de Chaabane. Huitième mois lunaire de l’année musulmane, il correspond à l’anniversaire de la naissance de l'imam Al Mahdi. Ce dernier est né le 15 Chaabane 255 du calendrier islamique (vers 825 de l’ère chrétienne) à Samara, Irak actuel. Il fait partie des douze imams invisibles de la pensée chiite. Son père était l’imam Hassane Asgari et sa mère Nanjes. Son véritable nom est imam Mohammed Al Mahdi. Cependant, il est déconseillé de l'appeler ainsi.
Pouvez-vous nous parler de la vie de l’imam Al Mahdi ?
La Vie de l’imam Al Mahdi se divise en deux périodes d'invisibilité. La première part de 260 à 329 et la seconde, jusqu'à nos jours. Dans la pensée chiite, il est dit qu'une personne émanant de la lignée du prophète reviendra vers la fin du monde pour rétablir l’ordre mondial. Et il s'agit de l'imam Al Mahdi. Il changera le monde et rétablira la justice, l’égalité et le développement de tous les êtres humains. Chaque année donc, dans le monde islamique et surtout en Iran, nous avons une cérémonie de célébration de cette journée.
La pensée mahdaviate est importante dans la pensée islamique surtout chiite. L'Imam Mahdi est le dernier héritage divin. Dans la pensée chiite, s'il ne restait qu'une journée pour la fin du monde, Allah la prolongerait jusqu'à ce que le Mahdi arrive.
Comment comptez-vous organiser les festivités commémorant cet événement ?
En Iran, la commémoration dure toute une semaine avec comme jour phare, le 15 Chaabane. Au Sénégal, nous avons décidé d'organiser une cérémonie dans la résidence de l'ambassadeur d'Iran au Sénégal. Au cours de celle-ci, il y aura des conférences islamiques, des chants religieux, des lectures du Saint Coran, des séances de prières et de bénédictions. Un repas est prévu à la fin de cette célébration pour les invités.
Quel lien existait-il entre l'imam Mahdi et l’Ayatollah Khomeyni ?
Bien qu'il soit invisible, nous pensons que l'Imam Mahdi est vivant. Il contrôle les activités humaines en général et les activités musulmanes en particulier. Tout musulman qui pratique l'islam comme il le faut, peut avoir un contact avec l'Imam Mahdi. Cependant, une fois le contact rétabli, le concerné ne devra pas en parler au risque de perdre ce contact. L'Imam Khomeyni avait un lien avec l'imam Al Mahdi. Dans la mesure où tout ce qu'il a fait pour la révolution islamique était incroyable dans la pensée matérielle. Cela n'aurait pas été possible s'il n'avait pas un lien avec l'imam Al Mahdi.
Quel est l'état de la coopération culturelle entre le Sénégal et l'Iran ?
Le Sénégal est pour nous la capitale culturelle de l'islam de l'Afrique de l'ouest. Dans la mesure où 97 % de la population est musulmane. Les Sénégalais croient profondément au vrai islam qu'ils pratiquent dans tous les aspects de leur vie quotidienne. Devant cet état de fait, nous allons coopérer dans plusieurs domaines. Nous allons ouvrir un grand centre culturel avec une grande bibliothèque, une salle de conférence.
On pourra y donner différents cours. Dans le domaine de la coopération inter-universitaire, on procèdera à l'échange des professeurs dans la recherche dans tous les autres domaines. Des bourses d’études sont aussi prévues pour les étudiants sénégalais qui souhaiteraient étudier en Iran. Nous allons aussi échanger sur le plan des médias avec des programmes et des films. Nous allons coopérer dans le domaine de la presse afin que les journalistes de part et d'autre puissent contribuer à mieux faire connaître leur pays.
Que fait l'Iran pour mettre un terme aux conflits qui divisent le monde musulman notamment entre les Chiites et Sunnites ?
Les conflits qui déchirent le monde musulman ne sont pas le fait de vrais leaders musulmans. Ils viennent plutôt des ennemis du monde islamique dont le seul but est de diviser pour mieux régner. Ce problème est arrivé avec l’avènement des puissances occidentales dans le monde islamique depuis quatre siècles. Cela fait 27 ans que l'Iran a déclaré l'unification du monde musulman avec la révolution de l’Ayatollah Khomeyni. Cette unification ne sera pas au profit des grandes puissances non islamiques. L'invasion de l’Irak, de l'Afghanistan et les attaques israéliennes contre la Palestine et le Liban contribuent à la division du monde islamique.
Tous les musulmans croient en un seul Dieu, à un seul livre saint, à un seul prophète. Et même dans les pratiques cultuelles, nous avons les mêmes rites. Pourquoi dans le monde chrétien, malgré la diversité des pratiques et des livres, il n'y a pas de division ? Tout simplement parce qu'ils sont puissants. Ce qui n'est pas le cas des musulmans qui sont divisés et affaiblis depuis quatre siècles. Les pays dits laïcs qui ne pratiquent pas correctement l'islam sont laissés en paix. Quant aux pays qui pratiquent le véritable islam, comme l'Arabie Saoudite, l'Iran, l’Irak l'Afghanistan, La Syrie, le Liban etc., ils sont constamment attaqués. Et cela, afin de les affaiblir pour mieux les contrôler et les dominer.
Que doit faire le monde musulman face à cette situation ?
Pour mettre fin à la domination de l'occident sur le monde musulman, il faut augmenter le niveau de connaissance du monde musulman. C’est-à-dire multiplier les activités culturelles pour mieux éduquer et sensibiliser les musulmans sur ce qu'est le véritable islam. C'est un devoir pour chaque musulman de rechercher le savoir surtout de sa religion. Lorsque le niveau de connaissance des musulmans sera élevé, ces derniers seront plus unis et l'Occident n'arrivera plus à dominer le monde musulman. C'est la seule solution qui existe.
Que pensez-vous de l’organisation du sommet de l’Oci par le Sénégal ?
Vous savez, dans quelques mois, le Sénégal sera la capitale mondiale du monde islamique avec le sommet de l'Oci. De ce fait, il est nécessaire pour les autorités sénégalaises de bien développer l'islam dans tous les aspects de la vie sénégalaise. Lorsqu'on décide d'être la capitale mondiale de l'islam, cela nous oblige à être plus islamique que les autres. Et cela, dans le domaine éducatif, social, culturel, économique et scientifique. Nous croyons que les problèmes qui existent dans le monde islamique comme la pauvreté, le sous-développement, l'injustice sont dus au manque de pratique de l'islam. Si nous pratiquons le véritable islam dans tous les aspects de la vie, tous les problèmes qui existent maintenant vont disparaître.
Lorsqu'on laisse la pensée islamique pour épouser des pensées comme le capitalisme ou le libéralisme, nous aurons des sociétés avec tous les problèmes que nous connaissons. En Iran, avant la révolution islamique, nous avions les mêmes problèmes. Mais aujourd'hui, on compte parmi les pays développés.
Est-ce à dire que vous condamnez les doctrines qui gouvernent ce monde ?
L'islam est une religion complète, finale pour tout le monde et pour tous les temps. Il permet de régler n'importe quel problème temporel et intemporel. Les pays dits musulmans qui adoptent des pensées socialistes, capitalistes, maxistes seront limités. Dans la mesure où toutes ces pensées sont issues de l'homme et ce sont des pensées qui auront tôt ou tard leurs limites. Mais, la pensée divine de l'islam est une pensée complète et ne peut pas être circonscrite ni dans le temps, ni dans l'espace. Car Dieu qui est le créateur de l'être humain connaît tous ces besoins en tout temps, en tout lieu et en tout espace. Nous demandons aux musulmans de revenir à la base de l'islam.
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