Assane Diagne était pêcheur à Saint-Louis. Originaire de Guet-Ndar et âgé de 34 ans, il connaît bien ce métier puisqu’il a commencé à l’exercer quand il avait 14 ans.
Il y a cinq mois, après avoir payé 400 000 francs Cfa, il a embarqué de Nouadhibou pour les Canaries. Au bout de quelques tours, il était convoyé vers la péninsule et a atterri à Valence, dans l’Est de l’Espagne à 350 km de Madrid. Comme la plupart de ses camarades d’infortune, il a erré dans les rues de la ville avant d’être recueilli par une Sénégalaise. Chanceux, le jeune homme a trouvé le gîte et le couvert chez cette dame qu’elle aide dans son restaurant dénommé «Le Dakar».
Il n’a trouvé, pour l’instant, rien d’autre à faire. Il lui arrive, seulement, d’aller prendre en compte quelques petits objets chez les commerçants sénégalais établis dans la ville, pour essayer de les écouler dans les rues de Valence. Des lunettes de soleil, des ceintures ou de petits gadgets vendus par-ci par-là. Il n’a pas économisé 200 euros depuis qu’il s’adonne, de temps à autre, à cette activité.
Ce qui rapporte le plus, selon Assane, ce sont les Cd ou la vente de contrefaçons de marques prestigieuses de cuir ou parfum, mais il se garde de trop s’y adonner. Car, la police veille au grain et arrête les vendeurs de ces produits interdits. Au vu d’une telle galère, Assane regrette surtout d’être venu : «Si je savais que j’allais trouver cette situation, je ne serai jamais venu. J’ai dissuadé mes frères de venir, car sans papier et «ndiatigué» (mentor), vous ne pouvez rien faire ou avoir.»
Un autre jeune Sénégalais venu de Kaolack a trouvé une solution assez fréquente dans le milieu : pendant l’été, certains Africains qui ont un titre de séjour le ‘’louent’’, le temps d’aller vendre des gadgets aux nombreux touristes, qui séjournent dans la région pour leurs vacances. Le Kaolackois a ainsi ‘’loué’’ des papiers pour 30 euros et arrive à percevoir 1 200 euros par mois.
Mais, ce cas est isolé, selon Mme Ndiaye, une Sénégalaise installée à Valence depuis une dizaine d’années. Au contraire, pour elle, il est loin le temps où les Espagnols avaient besoin d’une importante main d’œuvre. «Il y a dix ans, ils venaient même démarcher les femmes pour les vendanges. Les fruits pourrissaient dans les champs, faute de bras. On n’avait pas besoin de papier, pour travailler.»
Selon elle, cette époque est révolue, il faut des papiers. Car, le contrôle par les inspections du travail est devenu sévère. Les employeurs qui utilisent des irréguliers sont sanctionnés. Madame Ndiaye note un certain désenchantement chez les nouveaux arrivants par les pirogues. «Daniou diakhlé» (ils sont anxieux), ils ne savent pas de quoi demain sera fait», dit-elle.
Les Sénégalais de Valence évalués à 2 700 environ avant l’afflux des nouveaux arrivants sont deux fois plus nombreux maintenant, selon Bamba Sarr, délégué du consul à Valence. De l’avis de cet homme très apprécié par les Sénégalais de Valence pour les services qu’il leur rend grâce à son entregent, l’afflux des nouveaux arrivants a créé des perturbations et beaucoup de promiscuité dans les familles sénégalaises.
«Dans une famille où il y avait cinq membres, on trouve une moyenne de quinze personnes. Imaginez, dit-il, les charges que cela occasionne et la gêne s’ils sont dans un même immeuble que des autochtones.» A Valence, il y a cependant des Sénégalais pour qui ça marche; ils sont généralement établis dans la ville depuis plus de dix ans et ont ouvert des commerces en plein centre ville. Grossistes ou détaillants, certains d’entre eux vont s’approvisionner en Asie. Devant leurs magasins, de nombreux nouveaux arrivants sont là,
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