Enseignement supérieur au Sénégal : Diagnostic d’un ‘ énorme gâchis ’

‘Quelle place pour l’enseignement supérieur dans les stratégies pour l’émergence du Sénégal ?’. Tel est le titre de la conférence publique introduite par le Professeur titulaire de classe exceptionnelle, Omar Sock, ce samedi, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

C’est à une analyse comparative entre l’enseignement des pays émergents comme le Maroc, la Tunisie, la Corée du Sud, l’Inde et le Sénégal que le Professeur titulaire de classe exceptionnelle, Omar Sock, spécialiste de la question, s’est livrée. A écouter ce spécialiste de l’électro-chimie et ancien directeur de l’Ecole supérieure polytechnique (Esp) de Dakar, le Sénégal n’est pas encore sorti de l’ornière en matière d’enseignement supérieur. Et il y a de quoi s’inquiéter réellement tant que certaines ‘bizarreries’ auront la vie dure. ‘Je n’ai pas vu un pays se développer sans son université. Parce que à l’université, vous avez des gens formés au plus haut niveau. Donc, on ne peut pas se passer d’eux. Cela tombe sous le sens’, insiste-t-il.

Au cours de sa conférence, qualifiée de ‘magistrale’ par le public constitué en majorité d’étudiants et d’universitaires, le Pr Omar Sock a fait une revue panoramique de la situation de l’enseignement supérieur au Sénégal. D’après l’ancien directeur de l’Esp, aujourd’hui président de la Conférence internationale des formations d’ingénieurs et techniciens d’expression française (Citef), le Sénégal avec environ un taux de 4 % de scolarisation dans l’enseignement supérieur et les établissements post-Bac, enregistre le plus bas pourcentage au monde. Qui plus est le système d’enseignement supérieur du Sénégal se caractérise par des effectifs pléthoriques dans les Facultés (comme celle de Lettres avec ces trente mille étudiants) un manque de moyens, des infrastructures vétustes, un fort taux d’échecs surtout au niveau du premier cycle et des textes inadaptés, voire archaïques.

Ce qui lui fait dire au bout du compte qu’’il y a un énorme gâchis’. A preuve, dit-il, ‘il y a des gens qui ont échoué ici et qui sont, aujourd’hui, les meilleurs en Europe’. Et de poursuivre en indiquant qu’au ‘rythme où on va, le Sénégal ne peut pas être un pays émergent sans la formation des jeunes. On n’a pas le capital humain pour l’émergence. Pour cela, il faut former les ressources dans tous les domaines’. Car, pour le conférencier, présentement on est dans un monde où règne ‘l’économie du savoir’. ‘La position déterminante des systèmes d’enseignement supérieur et de recherche scientifique est renforcée dans le contexte actuel de la globalisation, d’importance de plus en plus grande du savoir comme moteur principal de la croissance et de la réduction de la pauvreté, et de la révolution des technologies de l’information et de la communication’, explique-t-il.

Mais de l’avis du Pr Sock, il y a des remèdes pour rattraper le temps comme l’ont fait des pays qui avaient le même niveau de développement que nous au début des années 60. Pour ce faire, insiste le conférencier, il faut ‘une vision politique’ (qui mettra) ‘l’homme qu’il faut à la place qu’il faut’. Il faut, note-t-il, ‘revoir le système d’évaluation’ et créer ‘des établissements intermédiaires entre l’université et les autres ordres d’enseignement’.

Pour sa part, le Professeur Mary Teuw Niane, recteur de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, modérateur les débats, ne dit pas autre chose. ‘Le Sénégal doit être ambitieux et former les jeunes dans les meilleures conditions que la Tunisie et le Maroc’. ‘Il ne faut pas niveler vers le bas’, martèle-t-il.