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Entretien avec Mamadou Mbodji, Secrétaire Général du SNEMS - "Si l'Etat reste sourd à nos revendications, il n'y aura pas d'examens dans ce pays, cette année"

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Entretien avec Mamadou Mbodji, Secrétaire Général du SNEMS - "Si l'Etat reste sourd à nos revendications, il n'y aura pas d'examens dans ce pays, cette année"

Depuis quelque temps, le front syndical en milieu enseignant s'est vu insuffler un dynamisme impressionnant. C'est que, à côté des syndicats traditionnels comme le SUDES et l'UDEN, d'autres se sont donné les moyens de bousculer la hiérarchie, en toute loyauté, mais avec une vigueur qui n'a d'égale que l'efficacité du discours propagandiste que leurs responsables développent pour convaincre, attirer et rassurer qui de droit. Il faut écouter Mamadou Mbodji, Secrétaire Général du SNEMS (Syndicat National des enseignants du Moyen et du secondaire) pour comprendre les raisons essentielles de la montée en puissance de ces jeunes syndicats qui ont si fière allure au sommet de leurs revendications du moment. Entretien.

Office : Peut-on savoir, à quand remonte la création de votre syndicat, le SNEMS ?

Mamadou Mbodji : En vérité, il existe depuis 95. Le problème est qu'il a traversé un moment de léthargie de près d'une décennie. Ce n'est donc qu'en 2003 qu'il y a eu cette sorte de nouvelle naissance qui a favorisé la mise en place d'une nouvelle équipe avec de nouvelles ambitions. On a ainsi repoussé les frontières de notre champs d'intervention, en sortant complètement du cadre très étroit des trois lycées, Kennedy, Blaise Diagne et Seydou Nourou Tall, où on était confinés.

Pour parler de chiffres, est-ce qu'on peut avoir une idée du nombre d'enseignants que vous êtes parvenus à convaincre de gagner vos rangs depuis que vous avez entamé cette fameuse campagne de revitalisation ?

Jusqu'en 2003, je l'ai dit, on était représenté que dans trois lycées de la capitale. Il n'y avait pas de « check off ». Mais de 2003 à maintenant, on a enregistré quelque chose comme 500 « check off » dans le Moyen Secondaire. Et ces contributions viennent d'un peu partout. De Kolda, Ziguinchor, de Tamba…On a aujourd'hui partout des militants.

En interrogeant vos camarades enseignants, on se rend vite à l'évidence que vous avez très bonne presse dans le milieu. D'aucuns évoquent le CUSEMS, constitué du SNEMS et du SAEMS, en des termes très admiratifs qui témoignent de la profondeur de leur adhésion aux revendications que vous brandissez. A quoi devez-vous cette enviable ouverture de cette catégorie d'enseignants dont vous entendez défendre la cause ?

Cet intérêt, je crois, tient à deux niveaux. Le premier c'est un niveau de rupture en termes de statuts des textes fondateurs. Et à ce sujet, il y a un point essentiel que stipule le réglement intérieur de notre syndicat, et qui se résume en une incompatibilité entre les fonctions de membre du syndicat et celles de membre d'un bureau de parti politique. Ce point de nos statuts est d'autant plus fondamental que cela aide à éviter au syndicat d'être caporalisé par quelque parti politique que ce soit. C'est une démarche noble, car comme on le sait, dans ce pays, l'empiétement du politique sur le syndical a souvent nui à la lutte revendicative…Le deuxième point de rupture, c'est celui qui stipule qu'on ne doit pas être secrétaire général d'un syndicat ad vitam eternam. Il est essentiel de renouveler le leadership syndical, et pour cette raison, les concernés doivent impérativement faire tout au plus deux mandats. Ces deux points de rupture sont coiffés par un troisième qui repose sur un choix de particularisation de notre champs d'intervention. En effet, nous avons décidé d'axer notre lutte sur deux secteurs que sont le Moyen et le Secondaire, à l'image du SAES, qui, depuis les années 80 a rompu, de façon tout à fait responsable avec le cadre syndical unitaire…Maintenant ce qui s'est passé c'est que depuis 2003, nous nous sommes donné la peine de faire une enquête sur l'indemnité de logement. On s'est rendu compte qu'il y avait une discrimination notoire dans l'attribution de ces indemnités-là. Parce que la Fonction publique dispose qu'on y entre sur la base d'une qualification professionnelle, donc de diplômes. Or en regardant certains segments de la Fonction publique, on se rend compte qu'il y a des agents qui ont été recrutés sur la base du baccalauréat, de la licence ou de la maîtrise et qui ont des indemnités bien supérieures à celles des enseignants du Moyen Secondaire.. Là donc est le noeud de notre combat. Ce que nous exigeons, c'est que l'Etat consente à attribuer des indemnités de même ordre aux enseignants du Moyen secondaire et aux autres agents de la Fonction publique ayant des diplômes équivalents. A diplôme égal, indemnité égale. Ce n'est pas plus compliqué que cela…Au-delà, notre plate-forme actuelle s'enrichit de l'exigence d'un plan de carrière motivant, favorable à la promotion des enseignants du Moyen Secondaire. Figurez-vous que beaucoup d'enseignants ne veulent point postuler pour devenir censeurs, principaux ou proviseurs, parce que justement les indemnités qui s'attachent à ces fonctions sont dérisoires. C'est pourquoi, nous avons fait des propositions concrètes à l'Etat sur cette question, et si jamais il réagissait favorablement, il verrait que les enseignants auraient de bonnes raisons de rester dans l'enseignement…

Pour autant de questions sensibles relatives au statut de l'enseignant du Moyen Secondaire, vous avez préféré faire cavalier seul. Pourquoi vous n'avez pas engagé la bataille aux côtés de l'Intersyndicale ?

Mais je vous dis que depuis 2003, nous travaillons dans l'Intersyndicale. On a souvent sommé les responsables de prendre en charge ces questions brûlantes. Ils ont toujours préféré faire la sourde oreille. Nous avons à ce sujet élaboré des pétitions signées par des vagues entières d'enseignants dans les lycées et collèges. Ayant compris que nous n'existons pas pour rien, nous avons finalement choisi de prendre notre responsabilité historique.

Une rencontre réunissant l'Intersyndicale et l'Etat s'est tenue avant-hier. Et il paraît qu'on n'a pas voulu de votre présence, vous du CUSEMS, dans ce cadre de négociation. Quelle lecture faites vous de cette exclusion ?

On a été invités par le ministre de la Fonction publique à assister aux commissions. Mais quand nous sommes venus, le directeur de la Fonction publique a dit que c'était pas possible. Je ne sais pas, de façon sûre, d'où venait ce refus de nous admettre dans les commissions, mais ce que je peux dire, c'est que l'Etat a tout intérêt à prendre ses responsabilités…

Mais dites, croyez-vous que malgré toutes ces regrettables tournures prises par la situation, l'Etat se décidera enfin à prêter une oreille attentive à vos revendications ?

Ecoutez, nous, nous avons derrière nous des foules de collègues qui nous demandent de nous battre. Et nous ne ferons rien que cela. Avec toujours plus de détermination et de rigueur. Nous ne descendrons pas de cette ligne. Et je peux vous dire que si l'Etat se hasarde à nous snober, il n'y aura pas d'examens dans ce pays, cette année…

 



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