Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

France | Les Jeunes sénégalais " en péril "

Single Post
France | Les Jeunes sénégalais " en péril "

La première vague d’émigration vers la France était composée de personnes issues des régions de Matam, de Tambacounda et de Ziguinchor. C’est vers les années 70 que beaucoup de nos compatriotes ont atterri en France pour vendre leur force de travail. Ils étaient tous célibataires et leurs préoccupations premières étaient de gagner de l’argent pour nourrir leur famille restée au Sénégal.

C’est vers les années 80 que le regroupement familial a pris une ampleur considérable. Beaucoup de femmes rejoignent ainsi leurs conjoints dans des conditions très difficiles. En effet, ces femmes d’origine villageoise se sont vus projeter dans des lieux qu’elles découvrent avec stupéfaction. Le climat et la langue ont été les premiers facteurs qui ont contribué à leur isolement culturel. Vers les années 90, les premiers signes d’inquiétude vont être décelés. Nos compatriotes vivant en couple (appelés les mariés) s’entachent par 8 à 20 personnes dans des appartements inadaptés à la vie sénégalaise.

L’Etat français n’avait pas prévu que ces Africains avaient aussi besoin de vivre naturellement en famille. Un autre facteur est venu perturber l’équilibre familial. Il s’agit de la planification des naissances qui n’était pas pratiquée à l’époque par ces femmes. Ce qui peut se comprendre compte tenu de leurs croyances religieuses mais aussi de la politique sociale à la française très favorable financièrement à la famille avec enfants.

N’ayons pas peur des mots. Lorsqu’on perçoit 850.000 F Cfa par mois pour dix enfants en plus de son salaire, l’heure n’est pas à la planification familiale. Le danger de cette “carotte“, c’est que tout abandon scolaire, voire l’absentéisme, mène à une réduction d’allocations familiales et en cas d’abandon scolaire, les familles perdent leur droit. Certains jeunes, le plus souvent des filles, arrivent tout de même à suivre une scolarité normale et à réussir professionnellement. Cette situation est due à une éducation différenciée entre les garçons et les filles.

Les premiers sont parfois livrés à eux-mêmes alors que les dernières restent confinées à la maison et investissent donc leur scolarité de manière plus efficace. Les médiations sont très rares et les familles se retrouvent devant le bureau des juges d’enfants pour répondre aux situations préoccupantes signalées par les services sociaux ou l’éducation nationale. Les familles ne comprennent toujours pas ce qu’on leur reproche. Car elles ont l’impression de transmettre la bonne éducation à leurs enfants, c’est-à-dire celles qu’elles ont intégrée depuis leur jeune âge. Ce malentendu culturel crée une perturbation chez ces jeunes sénégalais de deuxième génération qui se retrouvent à cheval entre deux culturess à savoir la culture de leurs parents et celle de leur environnement. Un exemple pertinent vient nous renseigner sur cette difficulté de projection de ces jeunes. En France, les enseignants veulent que les enfants les regardent en face lorsqu’ils s’adressent à eux, alors qu’au Sénégal, les enfants baissent les yeux face à un adulte en colère. C’est un signe de respect. Les enseignants et les parents se renvoient souvent la responsabilité de l’échec de la scolarité de ces enfants. Les cris de ces jeunes pleins de vitalité devraient être écoutés et analysés afin de comprendre leur malaise.

Les Jeunes sénégalais en “péril“

Le terme “péril“ peut paraître exagéré, mais au regard de l’actualité française et de la problématique des banlieues françaises, il est important d’appeler un chat par un chat. A l’instar des autres jeunes de banlieue, les rapports qu’ils entretiennent avec la police sont tendus. Les multiples contrôles policiers au faciès, deux, trois, voire quatre fois par jour, attisent leur sentiment d’exclusion et de l stigmatisation par la société française. Certaines familles sont confrontées quotidiennement au juge pour enfants ou parfois, par la justice pénale pour faits graves. Les jeunes en recherche identitaire souffrent de ces situations qui ne favorisent pas leur équilibre mental. Beaucoup ont compris l’impact de la découverte des racines sur la construction identitaire de leurs enfants. Les séjours réguliers au Sénégal (s’ils sont bien préparés) créent chez ces enfants une fierté d’appartenir à un peuple et s’imprégner de leurs racines. Ils peuvent découvrir le Sénégal avec un œil nouveau et différent des médias, qui ne parlent de l’Afrique qu’en cas de guerres, de coups d’état ou sur des sujets comme le sida et la famine. Ces voyages initiatiques les remplissent de bonheur et peuvent contribuer à leur bien-être et à les décomplexer par rapport à leurs copains français. Faut-il encore que le séjour ne se déroule pas entre quatre murs pendant deux mois ?

La prison, cet enfer

Dur ! Dur ! la vie familiale, lorsqu’une partie des jeunes ont fait l’objet d’une condamnation ferme. Il n’y a pas de recensement en France pour connaître le nombre de jeunes sénégalais emprisonnés, car beaucoup d’entre eux sont des binationaux et ne rentrent donc pas dans les statistiques des étrangers en prison. Cependant, nous pouvons dire qu’il existe quelques jeunes sénégalais mis en détention pour des faits graves. C’est l’enfer pour les parents qui doivent réserver un parloir une fois par semaine pour une heure afin de pouvoir s’entretenir avec leurs enfants. Le tableau noir n’a pas comme objectif de jeter la pierre sur les Sénégalais de France. Il est tout simplement dépeint pour permettre aux Sénégalais de mieux comprendre la souffrance qu’endure une partie de ces expatriés. Le ministre des Sénégalais de l’Extérieur, peut avoir un rôle à jouer pour accompagner les familles sénégalaises à sortir de cette souffrance difficilement surmontable. Cette jeunesse sénégalaise pleine de vitalité peut être un atout considérable dans le développement du Sénégal.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email