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HOPITAL LE DANTEC - Les morgues de la discorde : Une ceinture de sécurité pour éviter les cadavres encombrants

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HOPITAL LE DANTEC - Les morgues de la discorde : Une ceinture de sécurité pour éviter les cadavres encombrants

Très sollicité par les temps qui courent, le Lieutenant-colonel Massamba Diop, directeur du Centre hospitalier et universitaire de l’Hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, fait l’actualité, malgré lui. Visiblement, il a des soucis de corps sans vie qui l’acculent, jusque dans ses derniers retranchements. Surpris en pleine communication téléphonique dans son bureau, vendredi, il nous invite à nous asseoir, par un geste de la main. A peine a-t-il fini de raccrocher que l’autre téléphone (portable) sonne. Enfin, lâche-t-il avec courtoisie : «Messieurs, malheureusement, je n’aurai pas beaucoup de temps à vous consacrer. Je vous accorde 10 minutes.» Suffisant (?) pour nous entretenir sur la question des corps sans vie qui envahissent quotidiennement l’Hôpital Le Dantec. Le Lieutenant-colonel Diop a égrené ses «souffrances», tout en assurant de la construction d’une clôture en ciment devant la morgue, pour empêcher l’entassement des corps sans vie à la devanture de la morgue.

Il y a quelques jours, une énième histoire de corps sans vie abandonnés à la devanture de la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar et relayée dans la presse, a suscité le débat sur ces cadavres «inconnus». Mais, en réalité, le problème de la non-disponibilité des casiers qui est souvent évoqué est plus profond que ça. En effet, «le nombre élevé de morts sans aucune identité qui nous arrivent tous les jours» est, semble-t-il, le véritable casse-tête des autorités hospitalières. Ces propos sont du maître des lieux, le Lieutenant-colonel Massamba Diop. Qui renchérit : «Il y a de plus en plus de fous, des étrangers, sans domicile fixe, des naufragés des embarcations de fortune ainsi que des accidentés de la route, difficilement identifiables qui nous arrivent à la pelle et qui peuvent rester ici, pendant six mois ou même plus.» Donc, les deux corps sans vie, repêchés par les sapeurs-pompiers aux plages de Mermoz et de Terrou-bi, le dimanche 27 mai dernier, et entassés devant la morgue de l’hôpital sont la partie visible de l’iceberg. Et, déplore le Lieutenant-colonel Diop : «Le Dantec est considéré comme le dépotoir des cadavres.» Puisque, après plusieurs rondes dans les différents centres hospitaliers de la région de Dakar, sans succès, les soldats du feu préfèrent «jeter» les corps dans cet hôpital… de notoriété publique. Et, même si le directeur de Le Dantec semble ôter toute responsabilité de ces actes aux sapeurs-pompiers, «ils ne peuvent pas garder les corps avec eux», ces derniers ne sont pas exempts de reproches. Car, «ils font souvent preuve d’entêtement, tout en sachant que nous n’avons pas les moyens de garder les cadavres, souvent dans un état de pourrissement assez avancé».

LE CASSE-TETE DES SANS DOMICILE FIXE

Convaincu qu’il faut soigner le mal par la racine, le directeur du Chu de l’Hôpital Aristide Le Dantec laisse entendre que «ce phénomène nous pose un réel problème». Pour corroborer ses propos, le Lieutenant-colonel Massamba Diop rappelle l’histoire d’un «étranger, qui souffrait de malnutrition et qui ne parlait que la langue Bambara». Ce malade, ramassé dans les rues de Dakar, a failli mourir, puisqu’il ne mangeait pas, explique M. Diop. Une fois rétabli, poursuit notre interlocuteur, «il ne voulait plus quitter l’hôpital et nous a abreuvés d’injures. Il a fallu l’intervention de la Police pour qu’il quitte les lieux». A cette problématique, s’ajoutent «ces enfants talibés, qui nous viennent souvent de la sous-région et qui n’ont aucune identité». Il y a également «les naufragés qui ne sont pas toujours des Sénégalais et qui, une fois dans les embarcations, déchirent leur carte d’identification», rumine M. Diop. Et s’il y a naufrage, «leurs corps échouent souvent sur nos côtes». Ainsi, les soldats du feu les ramènent directement au Chu Le Dantec. Alors, les deux corps ramassés sur les plages citées plus haut feraient partie de cette catégorie (?)

LA RESPONSABILITE DE TOUS EST ENGAGEE

Sur un autre registre, le Lieutenant-Colonel Diop a évoqué les lenteurs administratives liées aux morts dits «suspectes». Dans ce cas de figure, avoue-t-il, «certains corps sont retenus par nous mêmes, pour permettre au procureur de la République d’élucider les causes du décès». C’est une procédure nécessaire certes, mais qui participe au remplissage des casiers. Des casiers qui sont au nombre de 26, mais seuls 8 fonctionnent encore. D’où la nécessité de l’implication des autorités. A ce niveau de son speech, M. Diop a refusé de faire porter le chapeau à l’Etat. Puisque, pense-t-il, «c’est un problème national qui demande l’implication de tout le monde». Plus loin, il assène encore, «s’il y a des gens qui font des pieds et des mains pour récupérer le corps de leur mort, parce que habitant hors de la région de Dakar, par contre, il y en a d’autres qui abandonnent leur mort». Or, le fait d’abandonner les corps au niveau de l’hôpital accroît «considérablement les dépenses de notre service social», lâche le Lieutenant-Colonel Diop. D’ailleurs, à notre attention, il brandit une demande adressée au service social à qui, il demande l’achat de 11 linceuls pour couvrir les corps des 11 cadavres, qui étaient encore dans (sa) morgue. A ce rythme, assure-t-il, «le service social va finir par nous refuser nos demandes qui vont dans ce sens», peste Massamba Diop.

VERS UN ENTASSEMENT DES CORPS DANS LES CASIERS

Aujourd’hui, vu le nombre impressionnant de corps sans vie qui débarquent quotidiennement à la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec, la solution serait «de les entasser, comme ça se fait dans certains centres de santé», préconise le Lieutenant-colonel Diop. Toutefois, signale-t-il : «J’ai écrit des lettres à toutes les autorités concernées, pour qu’on arrête de considérer Le Dantec comme un dépotoir de corps sans vie.» Déjà, des mesures préalables de sécurité sont prises.

En effet, à la devanture de la morgue, on remarque un chantier de construction d’un mur, pour «empêcher les sapeurs-pompiers d’abandonner les corps devant le bâtiment», renseigne un collaborateur du directeur, qui nous a accompagnés sur les lieux. Ce dernier d’asséner encore : «On va tout verrouiller !» A travers ses explications, M. Coulibaly, souhaite «la construction d’une morgue, soit nationale ou municipale, qu’importe le nom, pour accueillir des corps qui viennent de l’extérieur» et de préciser : «La morgue de l’hôpital est faite pour les malades de l’hôpital qui seraient appelés à mourir dans nos lits.»  



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