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Mandats d'arrêt contre Mame Madior et cie : Comment le parquet d'Evry a été amené à donner sa caution

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Mandats d'arrêt contre Mame Madior et cie : Comment le parquet d'Evry a été amené à donner sa caution

Si le juge d’instruction, Jean Wilfried Noël, a décidé de lancer les neuf mandats d’arrêt internationaux qui pèsent désormais sur la tête de Mame Madior Boye et huit autres hauts responsables, ce n’est pas faute d’avoir essayé d’autres voies. Le procureur d’Evry avait même proposé de demander au Sénégal de mettre en examen les neuf personnalités pour éviter de lancer des mandats d’arrêt contre elles. Mais les familles des victimes n’en voulaient pas parce que n’ayant pas confiance aux autorités sénégalaises qui avaient vite fait d’enterrer l’action judiciaire au Sénégal.

(Correspondant permanent à Paris) - Avant que le juge d’instruction, Jean Wilfried Noël, ne prenne la décision de lancer les neuf mandats d’arrêt internationaux contre l’ancien Premier ministre, Mame Madior Boye, et Cie, plusieurs pistes avaient été envisagées lors de la réunion du vendredi 12 septembre dernier en présence des familles des victimes. Le débat avait été intense, selon plusieurs sources contactées et qui avaient pris part à cette rencontre. C’est à l’issue de ce débat que la décision de lancer les mandats d’arrêt a été prise, comme tout le monde le sait maintenant. Mais une autre piste, qui n’a pas été suivie, avait été envisagée par le parquet d’Evry qui était conscient de la délicatesse et de la sensibilité de cette question judiciaire. En effet, contre le non lancement du mandat d’arrêt, le procureur d’Evry avait proposé de demander aux autorités judiciaires sénégalaises de ‘mettre en examen les neuf personnalités mises en cause’, confie l’avocat français des familles des victimes, Me Rosenthal, contacté par nos soins. Des familles des victimes, parmi lesquelles il y a des Sénégalais d’origine, conseillées par leurs avocats, n’étaient pas enthousiasmées par cette idée.

Elles ont défendu la nécessité de lancer des mandats d’arrêt internationaux, soulignant qu’une décision de justice au Sénégal, était vouée à l’échec. Si le procureur a demandé que les accusés soient mis en examen, ce n’est pas parce qu’il était ‘contre les mandats d’arrêt internationaux’, mais il proposait là ‘une autre piste juridique’, confie Me Rosenthal. Peut-être aussi, avait-il senti les boucliers qu’aurait soulevés une telle décision. Mais les familles des victimes n’avaient confiance aux autorités sénégalaises d’autant plus qu’elles avaient enterré ‘trop vite l’affaire au plan juridique’, confie un autre avocat des victimes. Du côté du Tribunal de Grande Instance d’Evry, c’est le silence total. Personne ne veut communiquer. Le juge d’instruction, par le biais de son greffe, soutient qu’il n’est pas habilité à le faire. Ce que l’on comprend. Le Parquet d’Evry adopte la même attitude. ‘L’affaire du Joola est dramatique et triste’, mais ‘le parquet ne souhaite pas faire de commentaires’, explique, au téléphone, le procureur d’Evry, Me Pascal. Et même sur les réactions venant du Sénégal ? ‘Nous n’avons pas de commentaires à faire’, insiste-t-il au bout du fil, dans une voix grave trahissant toute la délicatesse du sujet. Aujourd’hui, les familles des victimes ont-elles raison ? vu la tournure prise par cette affaire ? ‘Les réactions des autorités sénégalaises sont la démonstration que la préconisation du procureur n’avait pas de chances de réussir’, soutient Me Rosenthal, avocat au Barreau de Nantes et spécialiste de droit pénal et maritime. Pire, certaines déclarations, ‘attribuées à tel ou tel avocat’ contre le juge d’instruction, par le biais de ses avocats, ‘risquent de causer quelques soucis’ aux auteurs, présage le conseiller des familles des victimes françaises. C’est vrai que certains avocats, commis par les autorités sénégalaises, avaient promis ‘l’enfer au juge d’instruction d’Evry’ qu’ils ont qualifié de ‘petit juge’ contre lequel, ils lanceraient un mandat d’arrêt international. D’ailleurs l’avocat Rosenthal se demande à quel nom parlent ces avocats. ‘Au nom de l’Etat sénégalais ou au nom des mis en cause’ ?, s’interroge-t-il. En tous les cas, Me Rosenthal estime que cette ‘politisation de l’affaire ne mènera nulle part’. D’ailleurs, ‘plus ils continuent à se battre sur ce terrain, plus l’opinion, non pas seulement française, mais internationale, ne comprendrait pas une telle agitation’. Il invite les mis en cause à sortir de leur cachette. ‘Différents individus s’expliquent en leur nom. Eux, ils refusent de s’expliquer. Ils se cachent et on leur désigne des avocats’, regrette l’avocat des familles des victimes. Quant aux mesures de rétorsion brandies par les avocats sénégalais, il les estime ‘tristes et déplacées’. ‘On ne peut pas dire que, parce qu’on a lancé des mandats d’arrêt internationaux contre des Sénégalais, donc on poursuit les ressortissants du pays des plaignants’, fait-il remarquer, en faisant allusion à la menace des avocats de l’Etat du Sénégal de lancer des mandats d’arrêt internationaux contre De Villepin et Raffarin, respectivement anciens ministre de l’Intérieur et Premier ministre au moment de l’incendie de l’immeuble, situé à côté de Paris-Opéra où avaient péri, en 2005, deux Sénégalais. Les avocats sénégalais avaient aussi envisagé de remettre au devant de la scène l’affaire Mama Gallédou, brûlée dans un bus par une bande d’enfants mineurs, à Marseille. Une affaire qui avait ému l’opinion nationale française. Même le président Chirac, à cette époque, avait condamné le drame dans un communiqué. De même que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui s’était rendu au chevet de la victime et lui avait promis la justice. Ce qui avait été fait puisque l’affaire avait été jugée et les auteurs de cette barbarie avaient été condamnés entre cinq et huit ans de prison ferme. Ce qui a ravisé, peut-être, les avocats sénégalais qui se sont rendus compte que justice avait été rendue. Concernant les arguments brandis par Me Ousmane Sèye et ses confrères pour annuler les mandats d’arrêt internationaux, Me Rosenthal estime qu’ils sont voués à l’échec. ‘Concernant l’arrêt Yoro Dia, il n’est pas valable dans ce cas d’espèce’. ‘Mame Madior n’est que Premier ministre alors que Yoro Dia était ministre des Affaires étrangères qui représentait un Etat au plan international. Ensuite, il était en fonction. Ce qui n’est pas le cas de Madior Boye. Ensuite, si Madior Boye peut se prévaloir du privilège juridique, ce n’est pas le cas des autres, encore qu’on ne peut pas bénéficier d’un privilège juridique à vie’. Pour lui, une seule chose peut annuler les mandats d’arrêt internationaux contre Mame Madior Boye et Cie. Au regard du droit français, il faut que ‘les mis en cause élisent domicile auprès d’un avocat français, qu’ils acceptent d’être mis en examen pour se défendre sur le fond du dossier’, soutient-il. Toutes choses qui ne seront, vraisemblablement, pas acceptées par les autorités sénégalaise et les concernés.

Affaire des mandats d'arrêt internationaux : Les avocats sénégalais reçus par le juge d’instruction français

Les avocats sénégalais, venus à Paris pour l’affaire des neuf mandats d’arrêt internationaux, ont été reçus, avant-hier mardi, par le juge d’instruction d’Evry, Jean Wilfried Noël. Mais aucune information n’a filtré de cette audience. De part et d’autre, on ne veut pas communiquer, mais l’on confirme la tenue de l’audience. Du côté du tribunal de Grande Instance, le procureur confirme que les avocats sénégalais ont été bel et bien reçus, mais on ne peut pas ‘communiquer’ sur l’objet de l’audience. Même son de cloche du côté du juge d’instruction, par le biais de son greffe. En ce qui concerne les avocats sénégalais, c’est aussi silence radio, notamment du côté de ceux dont nous avons les coordonnées. A Paris, il y avait Aïssata Tall Sall et Félix Sow. Il est aussi annoncé Mes El Hadji Diouf et Ousmane Sèye dont on n’est pas sûr de la présence dans la capitale française. Du côté des avocats des familles des victimes françaises, on n’apprend rien, non plus. S’ils sont au courant de la présence des avocats sénégalais à Paris, ils ne sont pas encore informés de l’objet de l’audience. Ils attendaient à être informés par le Tribunal de Grande Instance d’Evry. En tous les cas, c’est un pas dans le traitement du dossier. Au moins le Tribunal d’Evry a reçu les arguments des avocats sénégalais. Ce qui lui permettrait d’avancer dans le traitement du dossier. On rappelle que le Juge d’instruction, Jean Wilfried Noël, a lancé le vendredi 12 septembre dernier, neuf mandats d’arrêt internationaux contre Mame Madior Boye et huit autres hautes responsables sénégalais dont l’ancien ministre des Forces armées, Youba Samba, et l’ancien Chef d’Etat-major des armées, Babacar Guèye. La bateau Le Joola avait sombré le 26 septembre 2002 entraînant la disparition de près 2000 personnes de 12 nationalités différentes. L’Etat sénégalais avait enterré le dossier judiciaire, après avoir indemnisé certaines familles de victimes. Celles des victimes françaises avaient refusé d’empocher l’indemnité de 10 millions de francs Cfa. Par la suite, elles vont déposer une plainte au tribunal d’Evry en 2003. Récemment une commission rogatoire s’était rendue au Sénégal pour entendre les accusés, mais le chef de l’Etat Sénégal, Abdoulaye Wade, avait donné une fin de non-recevoir à la volonté de la commission rogatoire d’entendre Mame Madior Boye. C’est par la suite que le juge d’instruction va se décider de lancer, après une réunion avec les familles des victimes, les neuf mandats d’arrêt internationaux qui suscitent beaucoup de réactions, aujourd’hui. L’une des raisons invoquée pour mettre en cause Mame Madior Boye, il y a ce coup de fil qu’il aurait reçu des forces armées français du Cap-Vert. Un coup de fil qui demanderait une autorisation d’intervention des forces armées françaises. Mais auquel Mame Madior Boye n’aurait pas donné suite. Il en est de même du ministre des Forces armées sénégalaises, Youba Sambou et du Chef d’Etat-major des armées sénégalaises, Babacar Guèye. Ce dernier aurait même préféré aller installer dans ses fonctions, au lendemain du naufrage du Joola, le commandant de la zone militaire Nord, à Saint-Louis.



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