Les 467 pêcheurs sénégalais, retenus au large de Bissau durant un mois, ont vécu dans la promiscuité, la malnutrition et l’insalubrité. La visite que leur a rendue le ministre Khoureychi Thiam a sonné comme une délivrance.
Guinée-Bissau. Il est 11 heures, ce mercredi 14 octobre 2009. Sous une chaleur suffocante, la délégation sénégalaise, qui a quitté une heure plus tôt la base militaire de Ouakam à Dakar, foule le tarmac de l’aéroport Osvaldo Vieira de Bissau. La délégation sénégalaise, composée d’une dizaine personnes, à sa tête, le ministre de l’Economie maritime, de la Pêche et des Transports maritimes, Khoureychi Thiam, est accueillie par les autorités bissau-guinéennes. Sans tarder, tout ce beau monde a pris la direction du ministère de la Pêche du pays hôte. Objectif de cette visite : lever l’amalgame autour de cet arraisonnement de deux bateaux coréens et 80 pirogues appartenant à des pêcheurs sénégalais, au nombre 467. Après une trentaine de minutes de conciliabules, les deux ministres en charge de la Pêche ont tenu à rendre visite aux pêcheurs laissés en rade depuis un mois en pleine mer. A bord de deux embarcations motorisées, la délégation prend le large pour aller retrouver les bateaux de pêche immobilisés à 12 km du port de Bissau. Comme une délivrance, les jeunes Sénégalais, dont la tranche d’âge se situe entre 15 et 30 ans, crient et jubilent à la vue de la délégation sénégalaise. Tous enthousiastes, ils brandissaient leur Tee-shirt et scandaient le nom de leur pays. L’espoir se lisait sur leur visage.
Comme en prison
Ces jeunes, des «Guet Ndariens», ont quitté depuis un mois leur Saint-Louis natal. Ils ont même passé la fête de l’Aïd-El-Fitr (Korité) dans ces bateaux visiblement dans un état de délabrement avancé. Les chambres exiguës donnent l’impression d’une prison. «C’est là que nous dormions tous les jours. Nous nous entassons comme des sardines. C’est pourquoi nous sommes tous malades», confie Alpha Seydi, un jeune d’une vingtaine d’années.
Visage en sueur, Tee-shirt et culotte sales l’un des pêcheurs sénégalais, Mambaye Fall, donne l’impression de quelqu’un qui est resté des jours sans prendre une douche. Et pourtant, c’est la réalité. Car il raconte qu’ils n’ont droit qu’à un seul bidon d’eau potable par jour. Pour se laver et boire.
Malades et mal nourris
Confiné dans une des cabines, un jeune garçon grelotte. Il a le paludisme depuis deux jours. A la vue des personnes, il commence à pleurer et clame son désir de rentrer au bercail. Amadou, c’est son nom, n’a envi que d’une chose : revoir sa mère. Khadim, assis sous le soleil, est en convalescence. Il était alité durant deux semaines. Il a le visage déconfit et le corps maigre. «C’est normal que je sois ainsi. Car dans ce bateau, nous ne mangeons que du riz, de jour comme de nuit. Sans aucune vitamine», souffle-t-il, dans un effort qui en dit long sur la galère endurée. L’annonce du retour imminent ravive quelque peu son regard. Lui et ses collègues d’infortune reviennent de loin.
FATOU BINTOU K. NDIAYE (Envoyée spéciale)
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