Mardi gras : quand les enfants parodient la société

Elle s’est maquillée le visage  comme une grande dame, une vraie  Signare. Directement sortie de la vieille époque, on l’imagine déambulant dans une des ruelles de Saint-Louis ou de Gorée. La robe verte, un chapeau pointu délicatement posé sur la tête, le cure-dent serré au coin des  lèvres, Louise Sarr fait fière allure, radieuse dans sa tenue.  Elle a tout ce qu’il faut pour aguicher en ce petit matin, le plus exigeant des galants messieurs qui croisent son chemin. Mais le regard est perturbé par un magicien.  En costume noir, les mains rangées dans des gants de la même couleur, Abdoulaye Ndiaye manie sa baguette magique avec dextérité.  De temps à autre, le magicien sort de ses poches des bonbons qu’il distribue à ses camarades de classe : de vrais tours de magie. Louise et Abdoulaye sont des enfants de l’école Saldia.
Les maitresses, dans cet établissement dakarois, font de leur mieux pour mettre de l’ordre dans la cour de l’école afin que  les enfants défilent avec leurs déguisements du jour. Nous sommes mardi et les potaches des écoles l’ont fêté Gras. Ils ont rivalisé  d’élégance, dans une ambiance carnavalesque. Rois, reines, pharaons, Mame Boye, Signare, Batman, etc, ils ont ainsi  revisité les personnages  de leur imaginaire avec quelques fois  la complicité parentale. Ils ne sont jamais loin, les parents. Ce sont eux qui comprennent le cérémonial attaché à cette fête d’origine chrétienne. « Le mardi gras est une fête traditionnelle, où l’on doit se déguiser de la manière la plus simple », nous  explique cette femme  chrétienne rencontrée  dans l’enceinte de  l’Eglise les martyres de L’Ouganda. Le mardi gras a lieu juste avant la période de Carême, 47 jours avant Pâques. Fêtée d’abord par la petite communauté chrétienne, elle est devenue très populaire dans les écoles. L’occasion pour les enfants de rivaliser avec les grands.